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MISIA DE RETOUR A PARIS !

A la Cigale le 20 janvier avec Antonio Zambujo en première partie
vendredi 10 janvier 2020
par  Jean-Luc Gonneau
popularité : 1%

Pelotonnée dans une sorte de capeline, assise dans un confortable fauteuil du salon de son hôtel parisien, le regard de Misia nous apparaît entre sérénité et inquiétude. Sérénité d’avoir tracé pas à pas son chemin, nous ajouterions d’avoir fait œuvre, inquiétude de la vie, des surprises bonnes ou mauvaises. « Je suis inquiète, dira-t-elle un peu plus tard, car je vois que vous prenez peu de notes. Qu’allez-vous me faire dire ? ». Je dirai d’abord, il n’est pas inutile de le rappeler, que Misia est une grande artiste qui a marqué, pour toujours, l’histoire du fado.

Elle apparait sur la scène fadiste au début des années 1990, au moment où la carrière d’Amalia Rodrigues touche à sa fin, au moment aussi où le fado, durement (et injustement) mis en cause lors de la révolution des œillets peine à se relever mais surtout à se renouveler, malgré la présence sur la scène fadiste d’interprètes de grande qualité. De ses débuts jusqu’à aujourd’hui, Misia va offrir au fado deux nouvelles voies importantes. Si Amalia, mais aussi Carlos avaient ouvert le chemin, Misia va faire appel à quasiment tout ce qui a compté dans la littérature et la poésie portugaise dans les 100 dernières années : Pessoa, Torga, Saramago, Ary Dos Santos, Lobo Antunes et tant d’autres, sans oublier les poétesses, Florbela Espanca, Agustina Bessa Luis, Natalia Correia, sa consoeur en fado Aldina Duarte notamment mais pas seulement. Résultat : une qualité littéraire et poétique de son répertoire inégalée à ce jour. Autre voie nouvelle, explorée à sa suite par nombre d’autres artistes mais jamais de façon aussi ouverte, une curiosité musicale insatiable qui la conduira à chanter des auteurs hors des frontières du fado, parmi eux l’argentin Astor Piazzola, les brésiliens Dorival Caymmi, Cartola ou le délicieux Lucipinio Rodrigues. Des frontières dont elle assumera de s’affranchir, ce qui lui sera reproché par les « puristes », sans cependant jamais tomber dans les travers de la musique « pimba ». Car Misia, c’est une exigence de goût rarement, pardon, jamais prise en défaut.

Après quatre ans d’absence, causés en grande partie par de graves ennuis de santé, Misia revient donc à Paris pour nous présenter son nouveau bijou, l’album Pura vida. « Cet album, c’est ma vie, dit-elle. Mais pas ma biographie ! Je n’ai pas tué des hommes, des hommes ne m’ont tuée, comme je le chante dans Os homens que eu amei ! C’est ma vie au sens où ce sont mes sentiments, mes choix ». Parmi ces sentiments, ces choix, l’un est particulièrement présent, la saudade. « Je pense que tout le monde ressent une part de saudade au sens de nostalgie, mais il y a peut-être une façon spécifiquement portugaise de la ressentir, qui fait que l’on peut se sentir bien, ou même heureux dans la saudade ». Elle réfléchit un instant. « La saudade, c’est la présence d’une absence ». Bien vu, dis-je. « Çà, c’est de moi », elle répond en souriant.

Nous l’avons déjà écrit, Misia ne fait jamais rien comme tout le monde. Dans Pura Vida, on trouvera donc au fil des chansons, hors la guitarra et la viola, des instruments plus rarement utilisés dans le fado, le piano de Fabrizio Romano, directeur musical de l’album, mais aussi la clarinette basse, le violon, l’accordéon et même la guitare électrique. « J’ai voulu donner des sons aux sentiments, comme un peintre leur donne des couleurs. Ainsi, face à la douceur, à la suavité de la guitare portugaise, j’ai pensé à la violence, à la rudesse que peut donner la guitare électrique. On trouvera aussi, sur treize titres, huit musiques de fados traditionnels, souvent traités de manière peu conventionnelle (on y retrouve du tango, un genre de milonga, et même une version jazzy du fado estoril sur un texte de Graça Moura), dont un superbe fado menor sur un texte superbe aussi de Misia elle-même. J’ai parlé d’un bijou, mais cet album est un trésor. Courez l’acheter, courez écouter Misia le 20 janvier, d’autant qu’en première partie, c’est Antonio Zambujo, autre coureur de nouveaux sentiers, mais bien différents, fera mieux que vous faire patienter.

Paru également dans Lusojornal.com


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