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PUBLIC-PRIVÉ : LE NÉCESSAIRE ET LE SUPERFLU

lundi 16 mars 2020
par  Jacques-Robert Simon
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Les entreprises publiques, qui ont d’autres missions que les entreprises privées, sont-elles moins performantes que ces dernières ? EDF a été créé le 8 avril 1946 par le Général de Gaulle par la loi sur ‘la nationalisation de l’électricité et du gaz’ présentée par le communiste Marcel Paul, alors ministre de la Production industrielle. La loi fut adoptée par 491 voix pour (PC, SFIO, MRP, Radicaux, UDSR*) et 59 contre (Parti républicain de la liberté, Républicains indépendants et divers droites). Les détenteurs de titres des 362 sociétés d’électricité qui existaient antérieurement ¬ soit de l’ordre de 1,5 million d’individus ¬ furent indemnisés en recevant des obligations. EDF va alors mettre en œuvre les moyens nécessaires à l’indépendance énergétique de la France, dans un premier temps par les centrales thermiques et les barrages hydroélectriques, puis, sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981), par la construction de centrales nucléaires. La commission pour la Production d’Électricité d’Origine Nucléaire avait été en charge dès les années 1960 d’évaluer la faisabilité de la filière nucléaire. EDF, établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), devient une société anonyme (SA) en 2004. Il compte environ 70 000 salariés. Le 21 novembre 2005, l’entreprise introduit 15 % de son capital à la Bourse de Paris. Le cours de l’action EDF a connu de fortes fluctuations : après avoir flambée en 2007, elle est retombée au-dessous de son cours d’introduction en 2009 et y est depuis restée la plupart du temps. De nos jours, EDF est le premier producteur et le premier fournisseur d’électricité en Europe. Son chiffre d’affaire est de 70 milliards d’euros. Il était aussi le premier au niveau mondial en termes de puissance installée, avant la récente fusion des deux principaux producteurs chinois. EDF réalise environ 50% de son chiffre d’affaires hors de France mais n’exporte que 10% de sa production électrique. Le capital d’EDF est détenu à plus de 80 % par l’État, 10% par des institutions (dont 8% étrangères) et un peu moins de 2 % par les salariés de l’entreprise. L’endettement d’EDF est d’environ 34 milliards d’euros soit un peu moins de 50% du chiffre d’affaires du groupe (73 milliards). La notation de Moody’s sur la santé financière des six plus grands électriciens européens place cependant EDF parmi les groupes les plus solides. Les agents EDF gagnent en moyenne 8% de plus que dans les groupes équivalents. Les agents bénéficient de "primes pour événements familiaux" (mariage ou équivalent) : un mois de salaire pour l’indemnité d’union, un mois et demi de salaire pour la naissance du premier enfant et un mois pour les naissances suivantes. Les agents travaillent environ 5% de moins que dans les autres entreprises du secteur électrique et gazier, soit de l’ordre de 32h par semaine. Les accords sur la durée du temps de travail sont discutés avec l’ensemble des syndicats représentatifs dont la CGT est le plus important. L’examen des rémunérations fait l’objet régulièrement de rapports de la Cour des comptes. Un conseil composé de 11 administrateurs détermine les orientations d’EDF. Il est présidé par Jean-Bernard Levy, Polytechnicien. Les autres sont centraliens, énarques, inspecteurs des mines, polytechniciens, normaliens… Jean-Bernard Lévy a touché une rémunération globale de 452 868 € en 2016. Bernard Arnault, lui même polytechnicien, fut le propriétaire de Férinel, à qui le gouvernement socialiste confia, en 1984, Boussac. Il achète rapidement Guerlain et l’horloger suisse TAG Heuer. Moët Hennessy et Louis Vuitton avaient annoncé dès 1987 la création de LVMH, par union de leurs groupes respectifs indépendamment de M. Arnault. Le nouveau groupe contient aussi les Parfums Christian Dior qui intéresse ce dernier. Jouant sur les divergences entre les deux fondateurs, Bernard Arnault présente une offre à Alain Chevalier patron de Moët Hennessy qui refuse. Il s’associe alors avec Henry Récamier patron de Louis Vuitton. Bernard Arnault se sépare par la suite des deux fondateurs de LVMH. Après maintes péripéties juridiques, Bernard Arnault devient officiellement le patron de LVMH en 1990. LVMH devint un leader mondial du luxe (vins, mode, parfums, montres, hôtellerie…) réalisant 50 milliards d’euros de ventes (un peu moins qu’EDF) avec un réseau international de près de 5 000 magasins. Le groupe compte plus de 140 000 employés. L’endettement net du groupe a dépassé la barre les sept milliards d’euros en 2017. Bernard Arnault affirme que le groupe paye plus d’un milliard d’euros sur les sociétés en France même si il détient maintes filiales dans des paradis fiscaux. Le temps de travail au sein du groupe est négociable mais il est en moyenne de 38 heures. Il existe un système de primes d’intéressement, de treizième mois, de plan épargne entreprise… Une complémentaire retraite est proposée qui est partiellement prise en charge par l’entreprise. Le conseil d’administration de LVMH est composé de Bernard Arnault, président-directeur général (École polytechnique), Pierre Godé, vice-président (Docteur en droit), Antonio Belloni, directeur général délégué (Université de Pavie), Antoine Arnault, fils de Bernard Arnault (HEC), Delphine Arnault, fille de Bernard Arnault (l’EDHEC Business School), Nicolas Bazire (ENA)… Le Comité exécutif est également présidé par Bernard Arnault avec une rémunération d’environ 7 000 000 €, 15 fois celle du PDG d’EDF. Les principaux actionnaires sont Christian Dior SE 40%, Arnault (famille) 6%, BNP Paribas Asset Management France 3%, Capital Research & Management (World Investors) 2%,The Vanguard Group 1,5%, Amundi Asset Management 1%... Les ventes de LVMH se font à 10% en France, 20% en Europe (hors France), le reste s’effectuant en Asie et aux Etats-Unis. Il est maintenant possible de cerner ce qu’est le nécessaire, ce qu’est le superflu ! EDF existe depuis maintenant près de trois quarts de siècle. L’entreprise est de type socialo-marxiste selon les propres dires de M. Arnault. Pourtant c’est elle qui a le plus souffert de mesures purement idéologiques pour se conformer aux directives sur la modernisation et au développement du service public de l’électricité par une succession de lois édictées entre 1999 et 2011. La concurrence libre et non faussée régulée par le marché devait se substituer à sa mission de service public. Les dirigeants d’EDF ont des formations techniques d’ingénieurs adaptées pour conduire une entreprise qui se donne pour but de fournir à tous une ressource irremplaçable, l’énergie électrique (l’électricité représente un quart de la consommation totale d’énergie). Le président d’EDF est nommé par le gouvernement en place ce qui introduit un coin idéologique au sein même de l’entreprise. Les problèmes qui se posent à l’entreprise ne devraient pas avoir grand-chose à voir avec les tumultes politiques omniprésents dans les médias, ce qui n’est pas le cas. Si EDF s’adresse à tous sans aucune distinction, ce n’est pas le cas du luxe. Le luxe contribue tout au contraire à traiter les consommateurs en confortant leur statut social : l’apport d’image d’un article de marque doit symboliquement hausser le consommateur au delà de sa condition sociale. L’onéreux, l’exclusif, le raffiné, le rare, l’ostentatoire permettent de séparer une certaine élite du commun des mortels. Bien entendu, le luxe c’est aussi la certitude d’une qualité irréprochable, la mise en valeur de l’artisanat, le maintien des traditions. LVMH est en charge de donner le sentiment de pouvoir posséder un produit unique, que les autres n’auront jamais, fait sur mesure, d’une beauté inégalable. Le luxe ne souhaite pas gommer les inégalités, il en vit. Il ne s’adresse qu’aux minorités fortunées du monde entier en rêvant de donner le la sur la planète entière. Le ‘haut de gamme’ prend le relais du luxe pour les moins bien nantis qui aiment cependant manifester leur appartenance à des happy few. Les produits de série découlant du secteur luxe permettent aux plus modestes de rêver. Si on voit mal ce que ferait une entreprise comme LVMH dans le secteur public, on a la même difficulté à penser qu’EDF puisse survivre dans le secteur privé, l’une se préoccupe du nécessaire pour tous, l’autre du superflu pour quelques uns. Les préoccupations sont différentes, les cahiers des charges n’ont rien à voir, les obligations morales sont parfaitement disjointes. Inclure plutôt qu’exclure, c’est ce qui sépare le nécessaire du superflu, impérativement, sans compromis possible. Que se passe-t-il si les entreprises du nécessaire rejoignent le giron des entreprises du superflu ? Alors le nécessaire devient lui aussi très inégalitairement réparti. En témoigne les quelques 300 000 personnes privées de logement en France, les entreprises multinationales pharmaceutiques qui consacrent plus de dépenses au marketing qu’à la recherche et développement, la dévastation du domaine agricole au profit du profit, une technologie indispensable à toute transition écologique qui se perd dans les hors-la-loi du marché, la vérité même qui se perd dans les vraisemblables, les ‘on dit ‘, les ‘il paraît que’ … * UDSR : Union démocratique et socialiste de la Résistance


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