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MACRON A PARLE. DONC ?

samedi 18 avril 2020
par  Jean-Luc Gonneau
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Tous victimes du confinement, nous attendions, sans illusions, le discours du président de la République le 13 avril. Nous n’avons pas été déçus. Un couplet sur la gravité de la situation, au cas pourtant improbable où celle-ci aurait échappé à nos concitoyens. Un autre pour féliciter, non pas les premiers de cordée (trop occupés sans doute à protéger à la bourse, non confinée, leurs intérêts menacés, ce qui dispense aussi d’évoquer le fantasme du ruissellement) mais les premiers au front et plus généralement les français qui respectent si bien les consignes de confinement et de protection qu’on leur en remet une couche. Un petit coup de brosse à reluire, ça ne fait jamais de mal. Le président dit même que le confinement est plus dur pour les plus défavorisés et que le gouvernement fera peut-être un (modeste) effort. De toutes façons, pour les plus défavorisés, le quotidien est toujours dur, donc ils ont l’habitude. Cela destiné probablement à faire remonter la cote de confiance envers le président et son gouvernement plutôt en chute nette, d’après les sondages, mais, hein, ce ne sont que des sondages. A ce sujet, quelques organes de presse ont relevé l’une des petites entourloupes macroniennes, concernant sa visite à l’hôpital de Kremlin-Bicêtre, en région parisienne. Pas de journalistes, mais les caméras de l’Elysée. Macron cause au personnel, massé sur les coursives des étages de l’hôpital, comme des balcons de théâtre. Il est interpellé par une représentante du personnel. Une autre propose à ses collègues de s’auto-applaudir. Et les caméras de l’Elysée filment le personnel… applaudissant Macron. Images reprises tel que par au moins deux chaînes de télévision dont, forcément, BFMTV.

Un couplet, fourni, sur les efforts du gouvernement qui « comme tous les autres » a été surpris par le phénomène mais a réagi avec vigueur, malgré, admet-il « quelques failles » sur lesquelles il ne s’étend pas, on le comprend tant les « quelques failles » sont autant de profondes crevasses. Et pourtant. S’il est exact que l’ampleur du développement du coronavirus a surpris le monde, les exemples ne manquent pas d’une gestion de l’épidémie autrement plus performante (Hong Kong, Corée du Sud, Taiwan, Viet Nam.. en Asie, plus près de nous Allemagne, presque tous le pays de l’Europe du Nord, et même Portugal). Cruellement, une chaine d’information en continu faisait suivre le « décodage », plutôt louangeur, du discours macronien par un reportage où l’on voyait la distribution de masques à tous les voyageurs par les transports publics de Madrid, permettant un déconfinement partiel de la population. A Paris, on peut pas, des masques, y’en a pas. Non, monsieur Macron, il ne s’agit pas de « quelques failles » mais d’erreurs grossières, d’incompétences évidentes, de mensonges, d’une impréparation sidérante. Et d’incompréhensibles atermoiements. Des usines fabricant des produits (masques, bonbonnes d’oxygène…) sont fermées ? Bravache, le ministre de l’économie, proclame qu’il « ne s’interdit rien, y compris des nationalisations ». Il ne s’interdit rien mais ne fait rien. Les « premiers de cordée » veillent. Macron, dans son discours, indique qu’il va demander aux banques et assurances (« premiers de cordée » s’il en est, d’ailleurs il en vient, c’est dire) de soutenir les entreprises. Pas de souci, elles aideront… les « premiers de cordée » du CAC 40 et assimilés. Pour les autres, on verra bien.

Revenons au discours. Sur les traitements de la maladie, rien : « c’est en cours d’évaluation ». Heureux marseillais qui, eux, ont pu se faire dépister et traités par les équipes du professeur Didier Raoult, avec, semble-t’il, des résultats très satisfaisants. On attend un vaccin, ce qui prendra des mois, voire des années. Sur la réquisition des cliniques privées, rien (les « premiers de cordée » en sont souvent actionnaires).

Et l’après ? Imprudemment, Emmanuel Macron avait dit que « rien ne serai plus comme avant ». Pas de redite à ce sujet, les « premiers de cordée » ont du y veiller. Sauf que depuis, une obscure secrétaire d’état, peut-être envoyée au charbon par l’impayable (mais fortunée) Muriel Pénicaud, ministre du travail, pas des travailleurs, a déclaré que les salariés devront travailler plus après le déconfinement, reprenant le discours du Medef. Travailler plus, elle a dit. Gagner plus, elle a pas dit. Bref, résumons : pour après, on verra bien. Le président a cependant remis le couvert sur la nécessaire réindustrialisation, l’indépendance alimentaire et économique. Ce qui a ravi l’ineffable Laurent Joffrin, directeur de Libé, qui à, lui, entendu un discours de gauche. Joffrin doit avoir un côté naïf et enfantin. Il avait en son temps été ravi d’entendre Hollande dire que son ennemi était la finance. Il croit aux contes de fées et serait presque enclin à se « réinventer ». En attendant, nous demeurons confinés, par précaution certes, mais aussi pour expier les impérities gouvernementales. Le 11 mai ? On rouvrira (peut-être) les écoles, mais bémol de Blanquer, pas toutes et pas tout de suite. On aura des masques et des tests, mais peut-être pas assez. Et bémol de Castaner. Le 11 mai, bon, mais seulement si vous vous tenez à carreau d’ici là. Bref, « il » a dit 11 mai, mais rien n’est sur.

Indépendamment du texte du discours, il y a le ton. Emmanuel Macron a un problème avec la sincérité, la crédibilité : il est difficile à croire. Il est vrai qu’il succède à quelques prédécesseurs qui n’ont pas lésiné sur le mensonge. Il s’adapte, écrit Joffrin. Il adapte son discours aux circonstances, mais il sonne faux (un petit théâtreux, avait écrit voici quelques semaines Jean-Pierre Lefebvre, un ami du Cactus). Nous sommes certes, comme disent les météorologistes, dans le domaine du ressenti, mais le ressenti, hein, c’est aussi de l’humain. « A vooomir », a commenté Samira Comingand, cactusienne historique, à propos du discours présidentiel et précisant « pas à propos du verre de Graves » qu’elle dégustait. Pas mal vu.


Commentaires

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lundi 18 mai 2020 à 16h14 - par  Francis M

bravo pour cet article, long et assez peu lisible pour un internaute comme moi, las du confinement et apeuré par le déconfinement, ne comprenant un once de ce qu’il convient de faire pour protéger mon foyer, mis à part les conseils de mon médecin... Francis de https://www.tigerexpress.eu/

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jeudi 30 avril 2020 à 08h08 - par  Michelle

Le confinement est interminable et franchement, tout le monde s’ennuie à la maison. On a tout fais et on ne trouve plus de quoi occuper la journée. C’est stressant. grrrrr.

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vendredi 24 avril 2020 à 21h15 - par  Fidelis86

Je suis pas politique, je ne sais pas commenter les politicards, ce que je trouve aberrant, c’est juste le fait qu’on n’ait pas su endiguer cette pandémie quand il le fallait... je ne sais pas comment, il fallait que les dirigeants se soient démerdé. Fidelis de https://www.monacoselect.com/

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