Boum-boum : A vot’ santé, m’sieurs dames !
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Nous étions assises autour d’une des quelques tables de la terrasse du bar des Affiches, donnant sur la rue de la Terrasse en plein quartier latin. Bobos, nous ? Diantre non, mais attachées aux racines de la Gauche Cactus. C’est aux Affiches que se déroulèrent en 2005 les Jeudis Non contre le referendum européen, c’est au Affiches qu’eurent lieu les débats de Résistance 7e Art pour défendre le cinéma indépendant, et c’est aux Affiches que se déroulent les soirées de fado un brin déjantées de nos amis du Coin du fado. Et toc !
Bon, assises donc là, Paule parlait de sa dernière visite, de routine, à son médecin généraliste, riche de quelques décennies d’expérience. Fin d la visite, papotage à propos de la pandémie. Levée des bras du praticien en signe de lassitude. Le masque ? Court silence de l’archiatre avant de lâcher « je ne suis pas certain que, dans la rue, ça serve à quelque chose ». Les tests ? Verdict du (jeune) toubib de Mick : « vous aurez vos résultats en moyenne vos résultats dans trois jours et, si négatif, vous pouvez le choper avant. C’est juste un outil statistique ». De quoi douter. Et quand Flo, une autorité puisque Présidente de la Gauche Cactus, nous a informées que le résultat de son test se résumait à un point d’interrogation.
Après les manques (de lits, de masques, de tests…), après donc un gouvernement par le n’importe quoi, entrons-nous dans un gouvernement par la peur, qui n’exclut aucunement le n’importe quoi ? Nous avons appris, car nous lisons beaucoup, par goût et parce que c’est obligatoire pour chroniquer à la Gauche Cactus, que le Carnaval de Venise, dans les dernières années du temps de la République, durait plusieurs mois. Plusieurs mois à se balader masqué, faisant des farces et des frasques, coquines souvent (et aussi des larcins à l’occasion). Nos masques à nous ne suscitent ni farces ni frasques, demeurent sans effet sur les larcins. Ils ne masquent que la peur et l’incompréhension,
Incompréhension compréhensible, cela dit : la France dispose d’un Ministre de la Santé d’un Président du Conseil Scientifique auprès de la Présidence de la République, d’un Directeur Général de la Santé, d’un Directeur de Santé Publique France, d’un Directeur de la Haute Autorité de Santé, des Directeurs des Agences Régionales de Santé, d’un Directeur de l’Agence Nationale Sanitaire, d’un Directeur de l’Alliance Nationale pour les Sciences de la Vie et de la Santé-Epidémiologie-France, d’un Directeur du CNRS en Virologie Moléculaire, d’un Directeur de l’Agence Nationale de sécurité du médicament et de la Santé, beaucoup d’entre eux étant généreusement pourvus de directeurs adjoints et de cohortes d’experts.
Afin de simplifier tout ça, le gouvernement y a ajouté récemment le Haut Commissariat de lutte contre les Epidémies, le Haut Conseil de Veille Sanitaire, l’Agence Nationale de Sécurité de Logistique Médicale. Ceci sans compter la ruée vers les écrans de télévision de virologues, épidémiologues, infectiologues, qu’on ne savait pas si nombreux. Sans compter non plus, avant son déménagement vers la culture (un beau cadeau, tiens, pour celle-ci), l’inévitable Mme Bachelot, celle qui, alors ministre de la santé, étrangla l’hôpital public, selon un plan concocté auparavant par un certain Jean Castex.
Le résultat est la belle mouise dans laquelle nous nous trouvons, un pays morose de plus en plus fliqué, et un gouvernement, président en tête, de plus en plus content de lui.
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