Au secours, la culture en danger, ainsi que quelques considérations légères sur le début des manœuvres électorales

vendredi 18 septembre 2020
par  Jean-Luc Gonneau
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Cinémas, théâtres, salles de spectacle, festivals en berne, amputés par les mesures de précaution antivirus après plusieurs semaines de fermeture totale. A l’exception toutefois du Puy du Fou, sur décision du monarque en faveur d’un vicomte. Tel individu, particulièrement mal intentionné, qui verrait dans cette faveur un accroc à l’abolition des privilèges serait probablement fustigé, tant les privilèges de notre noblesse d’état et de notre élite financière sont monnaie, c’est le cas de le dire, courante, voire, pour cette dernière, galopante. Ces amputations-là sont peut-être fondées au nom de la santé publique, quoique sur des bases scientifiques pour le moins vacillantes. S’y ajoute la méfiance d’une partie du public, craignant la contagion quand bien même les « mesures barrière » sont appliquées. Une méfiance que l’on peut comprendre, sans y adhérer, compte tenu des nombreux cafouillages et contradictions des autorités publiques à ce sujet. S’y surajoute la crainte de lendemains difficiles, dont la hantise de l’explosion du chômage n’est pas la moindre composante, notamment chez les jeunes et dans les catégories professionnelles les plus vulnérables, qui conduisent dans bien des cas à privilégier le bas de laine plutôt que la sortie. Il demeure que pour les acteurs du spectacle vivant, le conséquences de la pandémie (et des précautions probablement exagérées qu’elle engendre, la période est dramatique. Si celles et ceux bénéficiant du statut d’intermittent du spectacle ont pu, à grand peine, bénéficier de quelques aides, ils sont bien loin de constituer la majorité des acteurs, musiciens, danseurs, techniciens. Et pour certaines professions à carrière courte (danse, arts circassiens), ce sera, au bas mot une année de perdue.

La pandémie accentue dramatiquement la faiblesse insigne de la politique culturelle de la France. Le poisson pourrit par la tête, aurait dit Mao Ze Dong, qui en connaissait un rayon sur la question. Dans notre régime semi-monarchique, où ce qui n’est pas impulsé où fortement soutenu par le prince n’a pa vraiment d’importance, nous avons vu se succéder trois présidents pour lesquels la culture, dont ils sont personnellement soit dépourvus (malgré, pour le premier, le coaching de Carla B. et pour le second celui, tardif, de Julie B.), soit, pour l’actuel, simplement vernissé. En résultent des ministres falots à qui on prête un hochet, ou bien moulins à vent, comme aujourd’hui. Et une administration où la notion d’initiative est quasi considérée comme un gros mot. Mais dans ce numéro, Jean-Jacques Fouché et Frédéric Lordon apportent de riches réflexions dans ce domaine, et notamment concernant l’implication populaire dans la culture.

Quelques mots à propos des futures élections (locales en 2021, présidentielle et législatives en 2022) A droite comme à gauche, les ambitions se dévoilent ou font semblant de se cacher en vue de l’élection présidentielles, les alliances éventuelles sont l’objet de multiples réunions, publiques ou en catimini, d’initiatives ou appels divers. Pour se cantonner à la gauche, l’état des forces n’est pas encourageant. Plus aucune organisation politique n’a de réelle implantation militante nationale. Le parti socialiste peut se prévaloir de la conservation de certains de ses bastions les plus importants (Paris, Lille, de justesse, Rennes), l’effritement du parti communiste se poursuit lentement, les écologistes d’EELV ont enregistré des succès spectaculaires (aux dépens de la droite à Marseille et Bordeaux, d’un PS qui avait viré au centre macroniste à Lyon et Strasbourg, Grenoble étant conservée par l’alliance EELV-LFI), la France insoumise ne gère aucune ville importante, n’ayant obtenu des élus que sur des listes menées par d’autres formations. L’ensemble de la gauche, PS inclus, pèse peu au Parlement national, et moins encore au Parlement européen. Les liens des partis de gauche avec les composantes du mouvement social sont faibles et parfois marqués par une méfiance réciproque. Le fait que les formations de droite ne soient guère en meilleure forme ne constitue qu’un bien maigre consolation.

Nous reviendrons bien entendu sur ce constat et les propositions pertinentes (ou pas, on aime aussi l’impertinence). A ce stade, il nous paraît nécessaire d’encourager toutes les initiatives pour l’unité de la gauche sans exclusive (oui, incluant le parti socialiste, où la tentation macron, qui existe aussi chez EELV, est en perte de vitesse) pour les élections locales. Condition nécessaire mais pas forcément suffisante. Quant à l’élection présidentielle, l’option d’une candidature unitaire est évidemment préférable. Nous qui avons vécu le lamentable échec pour y parvenir en 2007 se disent qu’il serait sage de patienter, n’en déplaise à ceux ou celles qui dès aujourd’hui s’y verraient bien. Les plus récents sondages à ce sujet (attention, hein, sondages), s’ils placent toujours Jean-Luc Mélenchon en tête des éventuels candidats de gauche, ne lui donnent qu’un score assez éloigné de celui de 2012. Il lui faudra beaucoup de doigté, de tact, d’empathie, de diplomatie, en plus de son évident talent et de sa (vraie) culture, on y revient. Mais pour lui comme tous les autres, patience et longueur de temps font mieux que etc.


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