La grande panade
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Un bon tiers du pays soumis au couvre-feu, un début de panique hospitalière sur fond d’immobilisme gouvernemental, un lâche assassinat d’un enseignant par un fanatique islamiste, en attendant une loi sur le « séparatisme », incongruité sémantique pour à peine voiler, si on peut dire, son contenu uniquement dirigé contre le fondamentalisme islamiste, des « restructurations » de grands groupes lourdes en suppressions d’emplois, en attendant des cohortes de faillites de petites et moyennes entreprises, c’est la panade.
Il nous faut, comme toujours nous faisons, être impartiaux. Et reconnaître que la tâche de Macron et ses boys (peu de girls, en fait) n’est pas aisée. Pas leur faute, l’arrivée de la pandémie. Pas de chance, l’horrible assassinat. Mais leur faute, ça oui, la gestion erratique de la pandémie, qui continue avec un couvre feu qui assassine plus encore les activités culturelles, les jérémiades convenues de la ministre en charge du dossier comptant pour son pesant de beurre, et n’aura pas d’effet sur les centres principaux de contamination (entreprises, écoles et universités, transports…) tout en restreignant plus encore nos libertés. Vous trouverez dans ce numéro deux articles à ce sujet. Leur faute, oui, pour avoir fait, par la bouche du président lui-même, un diagnostic correct en identifiant ce qui est la cause principale de ce qu’ils appellent « séparatisme » : la ghettoïsation de nombreux quartiers urbains mais, comme d’ailleurs leurs prédécesseurs, n’avoir pas levé le petit doigt pour ne serait-ce qu’esquisser le moindre effort d’aménagement urbain et de politique du logement, suivant en cela la paresse en la matière de leurs prédécesseurs.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes macronien, banques resplendissantes de santé, dividendes cacquarantièmes florissants, ceci malgré ces manants de gilets jaunes qui refusaient de comprendre que le ruissellement promis des picaillons était juste une plaisanterie, une absence de sens de l’humour qu’une police musclée et quelques aumônes permirent de calmer à défaut d’en éteindre les causes. Et, selon les idolâtres du président, la France redorait son blason au niveau international grâce aux leçons impérieuses données par notre président aux dirigeants libanais, comme au temps des colonies. Ceux-ci eurent la bonté de les écouter poliment, avant de les oublier avec tous les égards dela diplomatie moyenorientale. Impartiaux toujours, reconnaissons qu’en dépit de toutes ces embuches, les dividendes cacquarantièmes ont continué de se bien porter, la nette majorité de nos grandes entreprises ayant bien compris que la molle injonction du ministre Le Maire de « modérer » la distribution de pactoles aux actionnaires était, elle aussi, une plaisanterie. Car les gros bonnets de la finance, eux, ont, contrairement à la populace, jaune ou pas, le sens de l’humour.
Tout cela risque de tourner vinaigre. La résilience est certes une qualité, mais elle a ses limites. L’« après covid », dont la date possible est sans cesse reportée selon les estimations erratiques de nos scientifiques, est lourd de menaces. Emmanuel Macron, d’ores et déjà, se pose en unique rempart contre la menace de l’extrême droite lepeniste, seul moyen de prolonger son offensive ultralibérale. Ce qui a marché en 2017 marchera-t-il en 2022 ? Pas sur. Et pour sortir de ce guêpier, nous ne voyons guère qu’un ressaisissement de la gauche pour proposer un large front fondé sur un programme clairement alternatif. Comme disait le camarade Vladimir Oulianov, les conditions objectives de sont pas réunies à ce jour. Alors, magnez-vous le train, camarades. !
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