Une fois encore, comme dans le monde d’avant

dimanche 15 novembre 2020
par  Patrice Perron
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Décidément, les politiciens sont incorrigibles. Alors que nous sommes submergés par les armées de corona virus, les politiciens, et pas seulement les hexagonaux, pensent déjà aux élections régionales et départementales. J’entends bien le chœur des vierges effarouchées et bien pensantes qui me disent : tu fais du mauvais esprit, ils anticipent ! Effectivement, pour anticiper, ils anticipent : doit-on annuler ou maintenir les élections régionales qui doivent se tenir en mars prochain ? Telle est la question qui se chuchote dans les états-majors du Bro C’Hall, vous savez, le territoire se situant à l’Est de la Bretagne. - Tu exagères, c’est uniquement pour des raisons sanitaires. - Ben voyons !

Il est vrai que tel que c’est parti, le mandat que semble vouloir exercer le corona virus, risque de durer plus longtemps que les 5 ans du mandat régional. Mais pour l’instant, nous assistons à une réplique du tremblement de terre du premier tour des élections municipales : il y a ceux qui veulent reporter et ceux qui veulent maintenir. - Pourquoi ? - Parce qu’il y a plein d’enjeux dans ces élections avec, en arrière-plan ultra visible, la perspective de l’élection présidentielle. - Oh ! Tu vois le mal partout.- Tu verras.

A bien y regarder, la situation est simple. L’alibi sanitaire du corona virus qui continuerait à nous pourrir la vie, pourrait s’avérer utile à Jupiter, en toute bonne foi. - Pourquoi ? - Réfléchis un minimum, si tu peux. Dans les élections intermédiaires, le pouvoir en place, en général, prend une raclée plus ou moins nette. Le mouvement présidentiel en marche a plutôt fait du surplace aux municipales, et, raté la marche, si ce n’est l’escalier, aux sénatoriales. La REM n’arrive pas à s’incruster dans le paysage local, que de toute façon il n’aime pas et méprise. Le jeune président ne tient pas à prendre une autre fessée aux régionales et aux départementales, à deux ans des présidentielles. Donc, un petit report pourrait lui convenir, surtout si la crise sanitaire se guérit pile poil un an avant son échéance personnelle de réélection. Cela donnerait du tonus à sa campagne en même temps que le chômage diminuerait grâce à la reprise de l’activité. Bon plan pour profiter d’un possible regain de confiance en lui, et d’une remontée dans les sondages …

D’ailleurs, pour tenter de gagner la région administrative de Bretagne, Jupiter pourrait souhaiter nous réexpédier Jean-Yves Le Drian. - Mais avec quelle étiquette ? - S’imagine-t-il se présenter avec l’étiquette LaREM, contre ses anciens colistiers socialistes ? - J’imagine mal qu’il puisse être tête de liste … socialiste ! Espérons que l’ancien député-maire de Lorient ne se trompe pas de cible, ou qu’il ne fera pas le combat de trop.

La gauche, non plus, ne voit pas arriver les élections avec un optimisme délirant. Les élus socialistes, qui tiennent encore quelques conseils régionaux, comme la Bretagne, aimeraient sans doute rester encore un peu en place, car leur parti est porté disparu. - Même Jacques Pradel ne l’a pas retrouvé ? - Non, malgré d’intenses recherches. Bien sûr, les alliances avec les autres partis de gauche ont assez bien marché dans les urnes, donc certains imaginent déjà d’autres succès. Pourtant, en observant ici ou là, au hasard à Rennes, on voit bien que s’allier avec les écolos politiques, rapporte pas mal d’ennuis aux élus socialistes. Vous souvenez du coup du refus du départ du Tour de France à Rennes. Ces majorités-là voleront en éclats à chaque grande décision.

Au sein de la gauche, le parti LFI fait figure de trublion. Son leader absolu, en quittant le PS, n’avait qu’un objectif : le flinguer. Mission accomplie ! crient, en un chœur émouvant, les adeptes du premier cercle. Mais, même en étant un orateur hors pair, convaincre les électeurs quand on parle riche à des gens pauvres, relève du défi insurmontable. LFI pourrait vouloir le maintien, car n’ayant que très peu d’élus, il pourrait s’appuyer sur le mécontentement actuel et la peur du lendemain de son électorat, pour grappiller quelques sièges. Mais le résultat aux Européennes n’ayant pas été terrible, le doute pourrait pousser LFI à l’attentisme. D’autre part, conquérir une région tient encore de l’utopie. En tout cas, pas seul. Mais le problème majeur de ce parti, reste de devenir un parti de gouvernement, quand le leader est plus dans l’opposition systématique que dans un réel projet commun avec les autres partis de gauche. Pourtant, il a proclamé être favorable à l’union, mais tout le monde a compris la même chose entre les lignes : - A condition que ce soit moi le chef ! Du coup, tout espoir d’union à gauche est mort et enterré. Ce qui, débarrasse Jupiter d’un concurrent à gauche, et lui ouvre une voix royale pour n’avoir à affronter, réellement, que la candidate du RN.

Finalement, il n’y a que la droite classique et la droite extrême qui ont vraiment intérêt à maintenir les élections. Le parti Républicain, s’en est relativement bien sorti aux municipales et aux sénatoriales et sur cette lancée due à son ancrage local, il se voit bien faire la nique à tout le monde en profitant du mécontentement actuel de la population à l’encontre du pouvoir en place. Quant au RN, même s’il possède des élus nombreux, il ne dirige aucun Conseil Régional. Lui aussi a tout intérêt à ce que le scrutin soit maintenu, afin d’essayer d’augmenter son emprise dans certaines régions, sachant que le vieux slogan du barrage républicain est désormais désuet et obsolète. Les triangulaires pourraient être plus nombreuses et leur issue plus incertaine.

Nous risquons donc d’assister à un drôle de débat préparatoire. Vacciné par le mauvais résultat des municipales, Jupiter ne veut pas prendre le risque de décider seul, alors que c’est pourtant son habitude. En proposant de discuter avec les chefs de partis, il va chercher à les mouiller, en les impliquant dans la décision. Et à leur faire porter le chapeau, en cas d’échec : vous voyez, eux aussi ils étaient d’accord avec moi. Bien vu ! Car, dans cette prochaine et probable mascarade pseudo démocratique, la décision, de maintenir ou de reporter les élections, n’aura rien à voir avec l’état sanitaire du moment. Ce sera juste pour servir des intérêts politiques personnels ou de partis, de pouvoir, et parfois simplement de carrière.

Quant à la Bretagne, outre l’éventuelle présence de Jean-Yves Le Drian, aurons-nous une liste vraiment régionale (comme cela se murmure) autour de quelques personnalités crédibles et connues, (Christian Troadec, Paul Molac et autres militants …) susceptible d’atteindre les 5% permettant d’obtenir au moins un siège. La Bretagne parlant du point de vue de la Bretagne doit être représentée au Conseil Régional. Ras le bol de n’avoir que des candidats adoubés par les états-majors des partis parisianistes. Pour ma part, je souhaite ne plus voir l’habituel et ridicule éparpillement des voix régionalistes sur 4 ou 5 candidats qui rentrent chez eux la queue entre les jambes, avec 0,2 % des suffrages exprimés. La Bretagne mérite mieux.- Mais, au fait, pourquoi pas un référendum sur le sujet, puisque la question est simple et univoque : maintien ou report ? Juste deux bulletins sur la table, donc un choix facile. - Ah ! Je crains que l’on te dise que c’est trop tard. Ou que ce n’est pas possible à cause du corona virus. - La bonne excuse….


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Commentaires

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jeudi 18 février 2021 à 09h23 - par  contacter-dentiste-de-garde.org

Eh oui, les hommes politiques sont incorrigibles. Et on ne pourrait pas être sûr que ça changera quand c’est moi qui serais au pouvoir, ou quand c’est une personne que je connais et qui a de la valeur. C’est quelque chose qu’on ne pourrait jamais comprendre dans le monde de la politique en fait. Tout le monde finit par retourner sa veste et perdre ses valeurs.

Logo de Yvana Larroque
mardi 15 décembre 2020 à 07h22 - par  Yvana Larroque

Je suis complètement d’accord avec vous sur ce point « les politiciens sont incorrigibles ». En fait, ils ne pensent qu’à leurs intérêts personnels et cherchent tous les moyens d’accéder aux pouvoirs. C’est vraiment triste comme tradition.

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