Chroniques du règne de Manu le Petit

samedi 2 janvier 2021
par  Julie d’Aiglemont
popularité : 84%

Chronique du dix septième jour du mois de décembre en l’an de disgrâce 20… Où il est question de bamboche nocturne, de potion magique et de mystérieuses incantations…

Tous les gazetiers nourris-aux-croquettes étaient en émoi. On fit dire des neuvaines et brûler des cierges pour la guérison du Roy. A l’annonce de la maladie de Notre Scrofuleux Tyranneau, le baron du Cachesex courut aussitôt se calfeutrer dans son hôtel de Matignon avec toute sa maisonnée, plantant le Chevalier d’Alanver au beau milieu d’une conversation.

Les médicastres en charge de la santé de Sa Capricieuse Turpitude entamèrent des recherches pour savoir qui avait bien pu répandre les miasmes délétères. C’était là chose impossible tant Notre Vibrionnant Zebulon avait vu de monde, pressant tendrement ici des épaules, se penchant là avec gourmandise vers des poitrines musclées sous les pourpoints. On conjectura même que, par bonheur, ce fâcheux de Gracchus Mélenchonus eût pu contracter la maladie. Las ! Le tribun se trouvait à fort bonne distance du Roy lors du dîner où avaient été conviés les chefs des Factions du pays. Gracchus se laissa fort complaisamment écouvillonner. Les miasmes ne l’avaient point atteint. Il le fit savoir.

Il allait tout autre pour l’entourage de Sa Toussotante Petitesse. Il apparaissait en effet que deux jours plus tôt, un dîner de dix couverts avait réuni Ses plus Virils et Fidèles Grognards. En plein couvre-feu, on avait bamboché jusqu’après les minuit. Tous étaient atteints. La Reine-Qu-On-Sort se retira dans ses appartements. On fit mander au Château dans le plus grand secret le Savant de Marseille, celui qu’on appelait aussi le Professeur Klorokine, muni de sa médecine qui avait tiré d’affaire madame la baronne Tine de la Vasse. On le fit entrer dans la chambre de Notre Palichon Biquet par une porte dérobée. Il ne fallait surtout pas que le Chevalier d’Alanver l’apprit. Le bon duc de Béarn, qui comptait parmi les convives de ce fatal souper s’en fut pour sa part se confiner sur ses terres. Il confia sa vie à sa chère Bernadette Soubirou.

Les Riens et les Riennes, que les Lucarnes Magiques abreuvaient de conseils toute la sainte journée sur ce qui était hautement proscrit, et sur qui pleuvait comme à Gravelotte une pluie d’ordres et de contre ordres - dont le ridicule le disputait à l’inanité - ricanaient sous cape. Ce n’était point des neuvaines qui se murmuraient au fond des chaumières, mais des incantations d’une tout autre nature.

Brève chronique relatant le passage de l’an 20 à l’an 21

Par décret royal, en ce soir de la Saint Sylvestre, le couvre-feu s’imposait à tout le pays et ce dès après les vêpres. Les Riens et les Riennes usèrent de ruses pour se réunir et ripailler comme ils en avaient coutume. Le duc du Dard-Malin avait fait se déployer dans chaque rue des escadrons d’argousins afin de courir sus aux renégats. Le Roy, qui n’avait point souhaité la Noël à Ses sujets, s’invita dans toutes les chaumières par le truchement d’une Lucarne Magique. Dans bien des foyers, on lui ferma la porte au nez. On usa des lucarnes comme des cages des perroquets importuns, en les recouvrant d’une épaisse couverture.

Il s’en trouva cependant qui écoutèrent l’allocution, afin de la raconter aux autres pour s’en moquer. Notre Petit Camelot leur assena tout d’abord, l’air creux et faussement pénétré, la lecture de son Catalogue de la Manu-Facture de la Starteupenéenne, d’où il ressortait que tout durant cette année avait été fait au mieux. Son Hagiographique Suffisance continua ensuite en nommant par leur prénom quelques braves signalés à son attention par ses Conseillers pour s’être pieusement illustrés pendant l’épidémie. Ils furent béatifiés. Après le Catalogue, on était passé aux Riches Heures de l’An 20 et à la Vie des Saints.

Puis ce fut l’estocade. La Croisade de la Sainte Vaccine piétinait. Il fallait accélérer l’administration du sérum à tous. Les renégats et les apostats seraient farouchement poursuivis, ou ils périraient, faute de soins dont on les priverait afin de les punir. C’était là ce que le bon duc de Béarn appelait « l’ordre naturel des choses ». Ainsi se finit donc cette an(n)us horribilis, au Royaume du Grand Cul-par-dessus-Tête. Notre Glorieux Pipoteur avait parlé mais tous comprenaient qu’il en irait de la vaccination comme il en était allé des masques, des alcoolats et des écouvillonages. C’était tout dire.


Portfolio

JPEG - 38.7 ko

Commentaires

Logo de Caroline James
mercredi 20 janvier 2021 à 06h37 - par  Caroline James

Sur ce genre de situation, il existe encore des personnes qui ferment encore leurs yeux et faire semblant de s‘intéresser. On dirait qu’ils n’ont pas de réelles intentions de t’aider. C’est triste comme mentalité.

Brèves

27 octobre 2014 - Travail le dimanche (communiqué transmis par J.R. Simon)

Le Premier Secrétaire du PS précise que les ministres ne sont toujours pas autorisés à raconter (...)

17 janvier 2010 - BREVE DE TROTTOIR

“Je crois au travail et je crois à la famille", a déclaré Nicolas Sarkozy à Cholet, le 6 (...)

29 mai 2009 - ATTENTION DANGER !

Depuis Santiago du Chili, Jean-Michel Hureau, notre correspondant permanent pour (...)