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Mondialisation : vers l’Eden ou le zoo humain ?

jeudi 11 mars 2021
par  Jacques-Robert Simon
popularité : 12%

Plus personne ne doute de l’intention messianique des Etats-Unis de façonner le monde à leur image. Le processus est simple : les états s’endettent pour que leur peuple jouisse à satiété, la dette ancre le pays dans le système, les organisations politiques et sociétales locales sont alors mises aux normes américaines. Pourquoi pas ? Mais cette approche peut-elle être pertinente alors que le problème essentiel que l’on affronte est d’ordre écologique ?

L’apparition de nouvelles technologies de communication et le développement des moyens de transport ont permis une libéralisation des échanges à l’échelle de la planète, mettant à mal les gouvernances locales et les droits acquis des salariés. Le capitalisme mondialisé tend à uniformiser les activités partout où il règne, sans toutefois amoindrir les inégalités et les antagonismes de classe. Prenons un exemple de ce que l’on peut attendre de la « mondialisation », terme consacré en novlangue des médias pour signifier capitalisme mondialisé.

Le revenu moyen d’un habitant de l’Inde est approximativement 10 fois plus faible que celui d’un Français. À compétence et environnements égaux, un investisseur a tout intérêt à faire fabriquer tout objet coûteux en main d’œuvre en Inde. La production globale de richesse va augmenter dans ce pays et le niveau de vie de l’Indien s’améliorer. Dans le même temps, pour être compétitif, celui du Français de même qualification doit au mieux rester constant. La convergence économique des deux pays peut se produire à terme ; cependant l’Inde compte 1,25 milliards d’habitants contre 0,0658 milliards pour la France, la convergence implique nécessairement une baisse importante du niveau de vie Français. Tout le monde, même les économistes, a compris cela. Avec les logiciels dont ils disposent, ils peuvent même prédire au bout de combien de temps une uniformité économique se produira. Le capitalisme peut réaliser ce que les propositions tiers mondialistes n’ont pas réussi : la décroissance des pays riches, la croissance des pays pauvres. C’était en effet une condition sine qua non pour atteindre l’Eden. Cependant, les inégalités au sein des pays, riches comme pauvres, ne diminuent pas. L’inégalité est de fait le ciment social qui permet à une société de type capitaliste d’être fonctionnelle : le zoo humain est proche de l’Eden.

Il subsiste des problèmes : le rattrapage, souhaitable du point de vue moral, est-il possible sans heurts ? La capacité de la planète à fournir les ressources nécessaires suffira-t-elle pour le monde futur ? La réponse est clairement non pour ces deux points.

Un ressortissant des USA consomme en énergie 3,6 fois plus que la moyenne mondiale, à mettre en parallèle avec les populations respectives : 320 millions contre plus de 7 milliards. Il faudrait fournir à l’humanité 80 fois plus d’énergie qu’actuellement pour assouvir la soif de consommation des habitants de la planète à hauteur de celle des États-Unis. L’alignement de ces quelques chiffres a été fait par tous et chacun a pris conscience du problème qui se pose. Les gouvernants bardés d’experts les connaissent parfaitement et peuvent en saisir les tenants et les aboutissants. Puisque le but est hors d’atteinte et que chacun le sait, que propose-t-on ?

Au cours des années 70 se développa une tentative de création d’ « Hommes nouveaux » : sobres, respectueux de la nature, favorisant une production artisanale de qualité sur une autre massive et standardisée. Cette approche, essentiellement associée au monde occidental, se révéla incompréhensible pour ceux qui n’avaient rien de ce qu’avaient ceux qui le proposait. Cet « Homme nouveau » voulait changer le monde en se changeant lui-même, en écartant toute bestialité résiduelle, il exécrait la domination, la coercition ; il proposait un nouveau monde par la loi mais surtout par l’exemple. Certains aspects ont infusé, les mécanismes de domination sont devenus plus feutrés, la féminisation des sociétés a progressé, mais les rapports sociaux sont restés principalement basés sur la puissance, celle de l’argent presque uniquement L’« Homme nouveau » semble donc mourir avant même d’être vraiment né. De toute façon son environnement ne pouvait pas l’abriter. Les énergies renouvelables nécessitent une dispersion de l’habitat. Il est absolument impossible d’alimenter de grandes métropoles de plusieurs millions d’habitants avec des cellules photovoltaïques ou des éoliennes. Or le monde entier se rue vers la construction ou l’extension de telles mégapoles. L’homme sobre, respectueux de la différence et de la nature ne sera pas l’espèce qui aurait pu peupler un Eden.

Un autre type d’ « Homme nouveau » peut être envisagé, moderne ou du moins prétendu tel, connecté, branché, possédant des fonctions étendues par la technologie (des prothèses commandées par son cerveau), hyperpuissant, immortel grâce à des cellules "reprogrammées", il s’agit de l’ « Homme 2.0 » de Google. Ces Goldorak d’un nouveau genre diffèrent par maints aspects de l’Homo sapiens dans le fait qu’ils ne sont ni intelligents, ni sages, ni raisonnables, ni prudents. Leurs performances techniques, physiques, calculatoires sont exceptionnelles, inaccessibles au commun des mortels, mais il leur manque l’essentiel : une âme ; ce sont donc des morts qui s’agitent. L’âme est le principe immanent et transcendant, de toute entité douée de vie, elle est indistincte de la vie, puisque c’est la vie. Lorsqu’une personne meurt, son âme la quitte, écrit-on souvent. Certains croient que cette âme va vers un au-delà, d’autres pensent que la mémoire des Hommes sert à conserver celle-ci. La différence est ténue entre croyants et non-croyants (lorsque ce ne sont pas des incroyants). C’est cette âme qui a permis les innovations les plus folles, les pensées les plus échevelées, les constructions les plus hardies. L’Homme 2.0 n’a rien de tout ceci même si imiter les 100 milliards de neurones du cerveau et les neurones qui le constituent n’est pas hors de portée du génie humain. Mais encore faudrait-il assurer la connexion entre ceux-ci (il y a 10 000 synapses par neurone) par l’intermédiaire de diverses molécules chimiques. Mais les cerveaux eux-mêmes ne sont pas isolés : ils interagissent les uns avec les autres non plus par des molécules mais à travers ce que l’on nomme généralement la pensée, même si le terme paraît quelquefois galvaudé. L’intelligence humaine n’est pas celle d’un homme, c’est l’œuvre de tous. Les algorithmes les plus sophistiqués ou les réseaux de transistors les plus performants ne peuvent guère rivaliser. D’ailleurs une partie ne peut pas remplacer un tout.

Deux « Hommes » s’affrontent : l’un doit-il périr ? Nous sommes à la croisée des chemins : va-t-on vers l’Eden ou le zoo humain. Les deux propositions sont inconciliables : l’instinct contre la raison, la domination contre le respect, la délocalisation des ressources d’énergie contre les centrales, tout les sépare.

Dès le milieu du siècle dernier, les Etats-Unis se sont eux-mêmes déclarés « champion » du monde libre, de fait le leur. Il n’est pas utile d’énumérer les exemples de la manière forte qu’ils n’hésitent pas à utiliser : des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, à ceux du Vietnam et plus récemment l’expédition militaire en Irak. À côté de cette manière forte, l’attraction quasi-irrésistible pour le « look » américain finit de convaincre ceux qui doutaient encore de la mission de nature divine des USA. Il est vrai que c’est le seul pays qui puisse faire régner l’ordre au niveau mondial, ses dépenses militaires à lui seul étant égales à celles de tous les autres pays réunis. Le futur du globe risque donc très vraisemblablement de ressembler aux actuels Etats-Unis : une infime minorité de « riches » qui dominent hors de tout cadre démocratique réel une immensité de démunis rendus soumis par quelques subventions, l’accès libre au sexe et à la télévision. Bâtir autre chose nécessiterait d’immenses efforts et beaucoup d’intelligence, mais certes pas celle qui sert à passer des concours.


Commentaires

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vendredi 11 juin 2021 à 07h02 - par  Shanna Hamel

Je crois que le problème essentiel qu’on affronte là est plus d’ordre sanitaire. Oui, le monde ne tourne pas autour de la pandémie, mais c’est ce dont nous devons faire face en ce moment. Ce n’est qu’après qu’on pourrait remédier à autre chose.

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jeudi 25 mars 2021 à 13h27 - par  refuge-animaux.com

Merci beaucoup pour ce partage. En effet, quand on y pense, on constate que les Américains souhaitent mettre à ses pieds l’univers tout entier. Mais de toute façon, ils ne sont pas les seuls en fait pour cela.

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