Gauche : espérances, ambitions, grandes et moins grandes manoeuvres
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La pandémie demeure, de loin, le sujet qui écrase l’actualité, d’autant que ses conséquences en termes de limitation des libertés (couvre feux, confinements, limitations strictes des rassemblements ou réunions) ampute l’activité politique d’une bonne partie de ses possibilités d’expression. Ce qui arrange le pouvoir en place puisque des élections régionales, où sa position est précaire, sont prévues dans quelques mois, et où l’élection présidentielle n’est plus très loin.
Face à ces échéances, la gauche, comme souvent, se trouve écartelée par les concurrences entre ses diverses composantes, à un moment où une union serait plus que bienvenue, à tous les échelons, pour conjurer ce qui demeure pour le pouvoir l’objectif majeur : rééditer en 2022 un duel Macron-Le Pen au second tour.
Les élections régionales deviennent un genre de tour de chauffe pour l’élection présidentielle. Le Rassemblement national pointe ses ambitions dans ses places fortes (Hauts de France, PACA, naguère fiefs socialistes), la droite veut préserver ses bastions, La République en marche n’est nulle part, sauf peut-être en Guadeloupe, en mesure de s’imposer sans une stratégie d’alliances improbables. Et la gauche ?
Le Parti socialiste espère conserver ses cinq régions, avec peut-être des alliances à géométries variables, mais la Bretagne, mais le départ du baron local Jean-Yves Le Drian peut brouiller les cartes. EELV, qui se sent le vent en poupe mais en surestimant peut-être la force, guigne presque partout. LFI tend la main à tout le monde, ne revendique pas de têtes de listes hors peut-être en Ile de France. Une main que certains se sont pas pressés de saisir. Et le PCF, unitaire comme tout le monde, penche plutôt, mais pas partout, vers un accord avec le PS. C’est clair ? Non. Vous avez noté le nombre de peut-être dans ce qui précède ? Oui ? Bien vu. Une lueur d’espoir dans les Hauts de France, où se profilaient trois listes, voire quatre, à gauche. Divine surprise : Patrick Kanner (PS), Fabien Roussel (PCF) et les députés LFI se rangent derrière la sympathique Karima Delli (EELV), comme quoi, oui, l’union à gauche est possible. L’accord Hauts de France fera-t-il des petits ? Pas sur mais croisons les doigts.
Pour l’élection présidentielle, c’est aujourd’hui une autre paire de manches. Chaque candidat, déclaré ou putatif, veut évidemment l’union, mais derrière son candidat. Fabien Roussel, le secrétaire général du PCF, a été adoubé par les cadres et attend l’onction des militants. Les miracles n’existent pas. Si nous comprenons l’attachement du parti à son identité et aux moments glorieux de son histoire, il demeure qu’une telle candidature n’a aucune chance d’accéder au deuxième tour, et pas même d’arriver au premier rang de la gauche au premier. Plus compliqué encore, le PCF fut en partie partie prenante du programme du candidat Mélenchon en 2017, programme qui, réactualisé, demeure la base de celui de 2022. On pourrait donc, non sans raisons, estimer qu’une candidature du PCF, comme celle de Benoit Hamon en 2017, pourrait priver la gauche d’un deuxième tour. Tenter, sans certitudes, de relancer une dynamique du PCF, en offrant une victoire à la droite ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Indépendamment des ambitions individuelles, aussi respectables soient-elles, des Hidalgo, Jadot, Mélenchon, Montebourg, Piolle, liste non exhaustive, demeure la question du programme. Presque tous en sont à un début de commencement d’élaboration. La crise actuelle liée au Covid 19 est révélatrice : face aux errements de la gestion et de la communication gouvernementale, nous n’entendons,à gauche, qu’un concert de critiques, justifiées certes. Mais des propositions alternatives ? Seul une fois de plus, Jean-Luc Mélenchon propose un projet cohérent, critiquable peut-être, mais argumenté. On peut ne pas aimer le personnage Mélenchon, mais c’est aujourd’hui la seule force de proposition à gauche. Aux autres de bosser, et si possible, de se retrouver.
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