Définir le consentement ?
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Retour à la question du consentement. L’affaire, en effet, ne va aucunement de soi, ni dans ses déclinaisons nécessairement multiples, ni dans les témoignages disparates censés l’illustrer, ni enfin dans les commentaires qu’elle inspire. Y retourner est une tentative de mise au clair – de définition. Celle-ci est impossible sans opter pour l’un des deux statuts de ladite définition : statique ou dynamique ?
La définition est statique quand on cherche à identifier la substantifique moelle du consentement, ce qui le caractérise en propre et permet de distinguer le faux du vrai consentement, celui arraché sous la contrainte, la séduction, la manipulation ou qui au contraire rayonne librement grâce à la volonté autonome des sujets respectés dans leurs désirs et dans leurs droits. Il s’agit ici d’appréhender le noyau dur du consentement, son socle fondateur. Définir veut dire immobiliser pour toujours. Vaste projet qu’on retrouve dans toutes sortes de discours. Ceux-ci fonctionnent au consensus, soit aux malentendus partagés et aux sous-entendus supposément universels. Rien de plus évident tant qu’on ne s’avise pas de réclamer de la rigueur conceptuelle et de la pertinence opérationnelle. Poser la question du pourquoi porte atteinte au moralisme ambiant.
La définition est dynamique quand on cherche à repérer sa constitution composite, les multiples tendances pas toujours convergentes qui la parcourent, les équilibres et les déséquilibres qui la font exister. Le consentement ne relève pas de l’imposition – qu’il est cependant loin d’exclure complètement. Il résulte bien de la décision d’un sujet – qui ne maitrise pas pour autant les tenants et aboutissements de sa décision. Le consentement n’est pas une chose mais un processus en ébullition plus ou moins prononcée. Impossible sans paradoxes, sans conflits, sans avancées et sans revers. Ce n’est pas sa pseudo-essence qu’il s’agit de guetter mais ses transformations dans le temps et dans l’espace, les acquiescements et les refus dont il est également et indissociablement constitué. On consent quand – et aussi longtemps que - le « oui » l’emporte tendanciellement sur le « non ». Les interventions en la matière gagnent en pertinence dans la mesure où elles s’adonnent moins à un objet imaginaire (Le Consentement) pour prendre davantage en compte l’indépassable complexité des consentements. Paru dans www.pratiques-sociales.org
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