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Des élections régionales et départementales au rabais ?

lundi 19 juillet 2021
par  Patrice Perron
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A l’issue des élections, nous avons coutume de lancer à la cantonade : les urnes ont parlé. Le seul problème est que ce n’est pas tout à fait exact. Certes, des résultats sont sortis des boîtes transparentes en plastique, mais les citoyens ne s’y sont pas beaucoup exprimés. A 32% de participation, la légitimité de tous les élus, même de ceux qui ont bénéficié d’un gros score, est relative, très relative.

Les commentateurs peuvent lister des tonnes de raisons justifiant ou excusant une telle débâcle, le fait est là. A part la présidentielle, les législatives et les municipales, toutes les autres élections sont boudées. Il est vrai aussi, que les candidats et leurs militants, pour la plupart, ne se sont pas jetés sur les boîtes à lettres pour y déposer leurs professions de foi. Sans parler de l’incompétence de ceux qui avaient pour charge de le faire au nom de l’État. On peut envisager que mettre 2 scrutins de modes différents le même jour n’arrange pas leur visibilité. Est-ce une stratégie pour en supprimer une des deux, comme Nicolas Sarkozy avait envisagé de le faire ? Dans ce cas, il faut le dire, le proposer clairement.

Tout le monde peut aussi avoir remarqué que les gros médias nationaux ne se sont pas beaucoup bougés pour organiser des débats par région. LCI en a fait quelques-uns, dont les Hauts de France, parce que cette région présentait un intérêt particulier lié à la présence de Xavier Bertrand, candidat à la présidentielle. Mais que dire de France 2 ? A cette remarque, la réponse des dirigeants serait : - C’est le rôle de France 3. Oui mais voilà, les émissions faites à titre régional, le sont pour la seule région de diffusion (le décrochage comme l’on dit) Résultat : nous ne voyons rien des autres régions que celle où nous habitons.

La soirée électorale, elle aussi, a été révélatrice de ce désintérêt des gros médias. Animation semblable du début de soirée à 19h30 comme pour toutes les élections, avec taux de participation, heu pardon, taux d’abstention, et tenue de l’antenne pour garder les téléspectateurs jusqu’à 20 h, pour être les premiers à 19h 59mn 59 secondes à lancer les graphiques des résultas. Mais force est de constater que les antennes ont surtout déroulé en long, en large et en travers, les résultats des régions à spectacle : PACA, Hauts de France, IdF. Les autres régions sont passées à la trappe vite fait, et parfois, sur certaines chaînes, en messages défilant en bas d’écran. Sur France 2 et TF1, la soirée électorale s’est même terminée à 21 h, pour laisser la place au sacro-saint film de 21h05. FR3, grâce à ses alternances entre échelons national et régional, a tiré son épingle du jeu, mais avec les mêmes limites que celles précédemment évoquées, c’est-à-dire cantonnées à notre région de résidence. Et dans l’ensemble, la soirée était bouclée à 23h. Quant aux départementales, il fallait avoir de bons yeux pour dénicher des résultats sur les écrans. Leurs résultats ont été bâclés sur toutes les antennes nationales. Si vous avez un zest de mémoire, vous constaterez que cela n’a rien à voir avec le traitement des municipales, des législatives et de la présidentielle. – Question d’audimat et de recettes publicitaires ? – Tu exagères. – A peine…

Tout cela pour dire que les médias, faiseurs d’opinions, ne sont pas exempts de tout reproche. Ni même Jupiter, qui pour masquer la raclée subie, a insisté sur le caractère local de ces élections, sans conséquences nationales pour lui, bien sûr. S’il avait remporté, ne serait-ce qu’une seule région, l’analyse aurait été fondamentalement différente, comme le font tous les partis de l’ancien monde, auquel, finalement, il appartient bien.

Ceci dit, il ne faut pas charger uniquement les médias. Les candidats eux-mêmes, ont eu tendance à surtout parler du national, d’ambitions personnelles, ces élections ne constituant pour eux qu’un tremplin. Nous avons vu Xavier Bertrand au soir des résultats, devant les télés, annoncer d’emblée qu’il serait candidat. Il aurait pu faire un discours pour sa région d’abord, en terme de projets et éventuellement parler de la présidentielle après. Voire le lundi, mais il y aurait eu moins de micros et de caméras. Même topo pour Laurent Wauquiez. A Gauche c’est plus simple : il n’y a pas de candidat national.

Globalement, nous pouvons objectivement remarquer que les candidats ont souvent eu tendance, sauf le RN et les EELV, à oublier le nom de leur parti, lors de leur campagne, ce qui ne simplifie pas la vie du citoyen au moment du choix dans des listes pléthoriques aux intitulés obscurs.

Nous avons eu le plaisir, aussi, d’assister à un grand spectacle en PACA : un candidat plutôt connu, (suivez mon regard…) s’est livré à une gymnastique intellectuelle et verbale de contorsionniste, passant d’une alliance avec LaRem, à un appel au front républicain, pour sauver son poste, sa tête, sa carrière et surtout ses rémunérations. Ce qui ne contribue pas à ramener les citoyens aux urnes.

Pour autant, ces observations n’exonèrent pas les citoyens de leur démission électorale et citoyenne. J’entends volontiers la remarque de certains d’entre eux, déplorant : - Le vote blanc n’est pas réellement pris en compte. C’est vrai, c’est une remarque justifiée. N’étant pas comptabilisé comme un suffrage exprimé, il est possible que certaines personnes aient finalement décidé, par dépit, de s’abstenir. De même, quand d’aucuns estiment ne pas trouver l’offre politique correspondant à leurs souhaits : rien ni personne ne les empêchent de s’engager et de prendre éventuellement la place. Mais c’est du boulot de longue haleine. Il est aussi possible de faire du syndicalisme dans sa boîte, pour changer la vie au travail. Ou agir dans le monde associatif. Pour un jour s’appuyer sur ces acquis et s’engager en politique avec une expérience réelle du vécu et la crédibilité qui l’accompagnent. Sauf les très riches et les puissants, nul ne peut obtenir tout, tout de suite, sans faire d’efforts personnels. Bref, le beurre et l’argent du beurre. Il faudra en passer par une reconquête de la citoyenneté.

Quant aux résultats réels, ils ont clairement montré que les vrais partis de gouvernement tiennent encore leurs positions, que le RN marque le pas, que les Ecolos entrent un peu plus dans les Conseils Régionaux (comme en Bretagne) et aussi que La France Insoumise ne fait pas un bon score. Quant à LaREM, c’est la fessée : pas d’ancrage local, pas de vraie structure de parti, et pour couronner (Oups !) le tout, Jupiter fait aussitôt clairement savoir que ce ne sont que des élections locales. Bref, des trucs sans intérêt pour lui. (Mais ça, nous le savons depuis longtemps). D’ailleurs, le monarque s’est empressé, dès le lendemain, d’aller se mettre en face de Xavier Bertrand, lors de la présentation d’usines de fabrication de batteries. C’est clair, ces gars-là sont en campagne, mais pas régionale !

Pour nous, en Bretagne, le transfuge Burlot, ancien vice-président socialiste, devenu LAREM, soutenu par Jean-Yves Le Drian, a raté son coup, a perdu, et n’est même pas élu. Il n’en demeure pas moins vrai, que si la région reste à gauche, mais en majorité relative avec 40 sièges sur 83, Loïg Chesnais-Girard aura besoin de 2 voix venues d’ailleurs pour obtenir la majorité des voix. Et la cheffe des élus EELV, semble être plus disposée à la guéguerre qu’à la négociation. C’est ce qu’elle annoncé de façon plus diplomatique que je ne le formule, mais le sens était là. Elle a même parlé de rapport de force. Il faut donc s’attendre à quelques difficultés à faire voter les textes. Sauf si deux ou trois candidats de LAREM, repentis, regrettant leur choix, reviennent au bercail, au moins par leurs votes. – Ce n’est rien que du bonheur ! Proclame un optimiste !

Pour conclure, de ma modeste place de citoyen électeur, je pense que les grands penseurs de la chose politique qui règnent en maître au château, ne pourront pas faire l’économie, pour l’avenir de notre démocratie, de se poser quelques questions liées entre elles :

- Serait-il efficace de supprimer les départements, ou de fusionner les deux entités pour simplifier les affaires comme le souhaitait Nicolas Sarkozy ? Au risque d’éloigner le citoyen des lieux de pouvoir ? Car ils ont tout fait pour créer du méli-mélo.
- Est-il judicieux de faire voter le même jour à deux élections importantes pour la vie locale, avec les risques évoqués de confusion des genres, des rôles et des modalités d’élections ?
- Est-il malin de continuer à mépriser tout ce qui est local, sur le plan politique, social, économique, culturel et surtout humain ?
- Est-il souhaitable d’inclure une petite dose de proportionnelle aux législatives, comme s’y était engagé le candidat Jupitérien ? Une dose suffisante pour que le plus de monde se sente représenté, mais pas trop non plus pour que l’Assemblée reste gouvernable. Pas de retour à la quatrième République.
- Est-il motivant de créer des référendums locaux, comme les votations en Suisse ? Le même candidat Jupitérien n’avait pas fermé la porte.

Pour ma part, je suis convaincu que les élections devraient être une fête : pour les citoyens et pour la démocratie. Et qu’il est souhaitable d’avoir un seul scrutin par jour d’élection. Des référendums locaux, d’abord, pourraient être mis en place. Cela favorise le débat clair sur le sujet, stimule les opinions des électeurs, motive à aller voter et instille une nouvelle énergie à notre démocratie un peu routinière, un peu fatiguée. Pour retrouver une pratique dynamique de la vie de citoyen. Cela éviterait ce qui pourrait nous arriver : encore d’autres regroupements d’élections et hop ! Vous vous êtes exprimés, ou pas, on s’en fout, maintenant vous la bouclez pendant cinq ans et nous, on tire les marrons du feu ! Je vous le disais : - Ce n’est rien que bonheur !


Commentaires

Logo de Alice Edmond
mercredi 21 juillet 2021 à 07h54 - par  Alice Edmond

Pourquoi les gens ne fêtent-ils pas durant l’élection  ? Pour te répondre, il reste difficile de faire la fête si on connait déjà la suite de l’histoire qui se répète avec tous les présidents.

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