LA GIFLE
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En organisant le référendum au mois de mai, Jacques Chirac aurait du se méfier car dans le passé, ce mois ne lui a guère été favorable. Comme ils lui avaient déjà dit non le 10 mai 1981, avec une écrasante majorité, le 29 mai2005, les français ont encore dit non à Jacques Chirac. Et plus qu’à l’Europe, ce non fut d’abord un non cinglant à sa politique.
Le chef de l’Etat commit deux erreurs majeures dans cette consultation : la première , pour en avoir fait une histoire personnelle en mobilisant tous les médias , radio, presse écrite, télé ,en faveur du oui, croyant ainsi assurer un succès facile au traité constitutionnel. Le spectacle de la presse muselée indisposa gravement les citoyens de ce pays qui eurent le sentiment qu’on les prenait pour des imbéciles (qualificatif qui fut d’ailleurs utilisé au cours de la campagne pour désigner les tenants du "non" au référendum). La seconde erreur fut de présenter comme un paquet cadeau qu’il fallait accepter à tous prix un texte indigeste de 448 pages promettant d’ouvrir une ère nouvelle et paradisiaque dans une Europe censée être l’aboutissement d’un rêve.
Las ! Il en ressortait (pour ceux qui avaient eu le courage de s’atteler à sa lecture) qu’il ouvrirait à deux battants les portes de notre économie à un libéralisme encore plus sauvage que celui dont nous subissons déjà les effets. Et qui verrait l’augmentation des exclusions que subissent les français, la plus importante étant le chômage qui affiche un des plus forts taux d’Europe. Chômage des jeunes et des seniors licenciés sans ménagements. Ce chômage qui s’accompagne au fil des jours d’une aggravation des conditions de travail, des délocalisations programmées (au nom de l’Europe !).
En refusant ce texte, les français ont voté pour une Europe plus humaine, s’écria Laurent Fabius sur le plateau de France 2.Pour lui ce, vote qui entraînait l’affaiblissement de Chirac entraînera fatalement l’affaiblissement de la France. Au lieu de tirer les conclusions de ce référendum, soit par une dissolution d’une Assemblée qui, de toute évidence, n’a plus la confiance des français, soit par une démission que les observateurs étrangers considéraient comme logique après un tel revers, le chef de l’Etat a donc choisi de rester et d’imposer au pays un tandem Villepin-Sarkozy qui risque de passer plus de temps à s’entre-déchirer qu’à soigner le mal qui a nom chômage.
On n’a pas fini de reparler de ce scrutin qui, outre le fait d’avoir semé la division à gauche. a décrédibilisé les deux mastodontes de la vie politique, PS et UMP.
Alors, la France en panne ? Sans doute, et avec en prime, un grave déficit de démocratie.Reste que pour bon nombre de nos compatriotes (y compris parmi ceux qui ont voté non) , l’Europe demeure un projet mobilisateur, mais pas à n’importe quelles conditions, et plus avec n’importe qui au nom de n’importe quoi !
Serge Misrai est porte -parole de l’Union des Radicaux Républicains (U2R)
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