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Le Meilleur des iMondes

jeudi 14 octobre 2021
par  Jacques-Robert Simon
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3. La gouvernance mondiale

Donald Bokanovsky, le dirigeant de California, tente de mettre au point un virus activable par des ultrasons dans la plage de fréquences utilisées par les chauves-souris. Simon Bouvard, un épidémiologiste lui fait part des aspects psychologiques devant être tenus en compte lors d’une guerre bactériologique. Simon l’Épidémiologiste était un peu exalté, mais il avait raison, une guerre c’est d’abord une guerre psychologique, les plus exaltés, les plus sûrs de leur bon droit, de leurs valeurs gagnent toujours. Il faut déstabiliser l’ennemi si l’on veut prendre sa place, le transformer en une bête à abattre à tout prix. Donald Bokanovsky était cependant quelque peu perturbé par son entretien avec Simon Bouvard. C’était certes un scientifique connu et reconnu, célèbre même, il aurait pu avoir le prix Nobel s’il avait su parler Anglais, mais il refusait de s’y mettre. Il ne regardait même pas plus les matchs de baseball que de cricket, c’était donc tout le monde anglo-saxon qui le révulsait. Pourtant ‘bullshit’ ce n’est plus tout à fait une connerie, ça devient tendance, ‘trendy’, ça passe, les gens ne cherchent même pas à savoir ce que ça veut dire, ils suivent, ils copient, ils relaient, ils applaudissent, ils suivent, ils le marquent sur leur tee-shirt. Et puis un Prix Nobel sur deux est Américain, faut quand même mettre quelques chances de son côté. Le Prix Nobel, c’était peut-être le pompon qui l’avait fait craquer. Il avait failli avoir une très haute distinction, il y a quelques années. À la réception du fameux télégramme annonçant sa nomination, il avait annoncé à la Presse qu’il avait l’intention de donner l’argent du prix à la Fondation ‘More poor for a better world’ en expliquant que c’était de loin le meilleur moyen de maîtriser les consommations et donc de sauver l’humanité. Pour organiser les masses il fallait dans le même temps conforter la richesse des plus fortunés. Ses déclarations firent scandale bien qu’à peu près tous les gouvernements du monde appliquaient cette recette de bon sens, mais bien entendu ils ne le disaient pas. Simon n’avait aucun sens politique, il disait ce qu’il croyait et il croyait ce qu’il disait ce qui fait qu’il était constamment dans l’embarras. Évidemment, créer une épidémie de grippe en plusieurs vagues permettait d’engendrer une vague médiatique beaucoup plus immense que si l’infection se répandait à partir d’un foyer ponctuel. Il le sentait bien, mais ce n’était pas au point techniquement, il fallait creuser, il fallait bûcher. De plus, l’action humanitaire envisagée, l’absorption de la Chine par le monde libre, nécessitait des fonds en abondance.

Il décida de rencontrer Dick Pompeo, ‘Supreme Chief of the World’. On avait depuis peu résolu le problème de la gouvernance mondiale. L’assemblée générale de l’ONU ne rassemblait plus grand monde depuis que le piano-bar ‘Chez Ginette’ avait dû être fermé. C’était le dernier endroit sur la côte est où on pouvait rencontrer d’accortes jeunes femmes et d’accorts jeunes hommes qui contenaient moins de 30% de matières plastiques diverses mais principalement des silicones. La chirurgie esthétique avait en effet fait d’énormes progrès outre Atlantique et chacun entrevoyait le moment où les rustines polymères permettraient de reproduire et d’égaler la beauté saisissante des poupées gonflables à intelligence artificielle qui servaient usuellement aux besoins aussi naturels que pressants des délégués. Ceux-ci ne passaient même plus à la télé sur ‘Fuck News’ trop occupée qu’était cette chaîne à programmer les émissions des télé-évangélistes, des néo-évangélistes, des montreurs de grigris, des sorcières, des ventriloques mystiques et autres grands esprits. Bien entendu, l’assemblée générale se réunissait encore, les indemnités de présence étaient suffisantes pour que la majorité des délégués y assistent. Ils réclamaient des gestes forts pour la paix selon une coutume dont ils n’auraient pas pu tracer l’origine. Dans les cas les plus graves, le conseil de sécurité était convoqué : La France attend en général que les engagements soient durablement vérifiés, la Chine s’émeut des violations de toute souveraineté, la Fédération de Russie proteste contre les menaces à peine dissimulées à son égard, le Royaume-Uni demande aux USA ce qu’il doit faire, et les États-Unis d’Amérique envoient tout le monde chier et font ce qu’ils veulent.

Malgré le caractère pleinement démocratique des processus décisionnels de l’ONU, des trublions émettaient quelquefois des réserves qu’ils pouvaient quelquefois présenter en public avant d’être neutralisés. Donald s’était adressé à l’assemblée plénière de l’ONU à l’invitation de son Président Tum Lami Laoujveu pour souligner les carences de l’institution. « Comment des types qui veulent à la fois adorer ‘La touffe de poils Cher-à-la-fortune’ et planquer leurs mousmées sous une triple couche de linges à rideaux tout en faisant la promotion de tout ce qui à trait à un prose… c’est pas possible, ça nuit au commerce, on peut plus bosser, on perd son temps en formalités. Lâchez nous les pompons, retournez économiser l’essence avec votre 4x4 urbain et faites-nous plus chier ». Un groupe d’experts choisis par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) tenta donc de trouver une solution à ce problème de gouvernance mondiale. On chercha des valeurs communes à toute l’humanité afin de cimenter l’union entre tous les peuples. On essaya Dieu, sans préciser lequel. Les dieux pullulaient : tous prêchaient l’amour du prochain, quelquefois même de la prochaine, il semblait judicieux d’essayer. En interne, entre gens du même monde, les choses se gâtèrent déjà quand certains évoquèrent le massacre de la Saint-Barthélemy. Bien sûr, 1562 c’était pas hier, mais on n’oublie pas les affronts chez les plus avides de sacré. On s’aperçut ensuite que les hindouistes voulaient bien se réincarner mais pas avec les musulmans. Ces derniers, vexés d’être constamment tenus à l’écart, avaient décidé de conquérir l’ensemble de la planète : les minarets seront nos baïonnettes, disaient-ils. On laissa tomber !

Une idéologie conciliatrice permettrait d’obtenir une référence universelle. Le collectivisme néo-libéral avait un certain charme avec son étymologie : de "cum", avec, ensemble et "munus", obligations mutuelles. Les pauvres voulaient bien partager leurs emmerdes avec les autres, les riches voulaient bien être pleins d’amour mais seulement dans les limites de Neuilly-sur-Seine et de quelques très rares autres endroits. Il ne fallait pas qu’une idéologie faite pour que les pauvres restent pauvres, et si ce n’est contents de l’être du moins résignés, soit mise en avant. Ces ébauches de solution furent radicalement écartées, toute théorie ne pouvant pas décrire l’extrême complexité - au sens scientifique du terme c’est à dire un ensemble constitué d’un très grand nombre d’entités en interactions non-linéaires - de la vie économique et sociale.

Une voie révolutionnaire fut finalement trouvée : le plus riche de la planète, selon le Classement Forbes de l’année en cours, deviendrait ‘Supreme Chief of the World’. Des esprits chagrins voulaient préciser qu’il devait être en plus américain, blanc et télé-évangéliste. Une bronca se déclara immédiatement pour protester contre ce déni de démocratie. L’ajout ne fut pas considéré. Par contre, on admit implicitement que les femmes trop sensibles aux émotions, incapables d’exterminer en masse sauf par le babil et le commérage (quoi que ce point soit en cours d’amélioration), peu aptes à pratiquer la torture, incapables de financer des tabassages, des lynchages, des tueries, toutes pratiques indispensables à un grand Homme, les femmes ne devaient pas assumer les plus hautes responsabilités. Dans les dix premiers du classement Forbes, il y avait chaque année six ou sept américains. Un mexicain, un espagnol ; quelquefois un indien ou un chinois complétaient le classement. Dick Pompeo avait accédé au poste de ‘Supreme Chief of the World’ depuis déjà trois ans. Le rencontrer posait problème, il n’était pas complètement inaccessible mais difficile à atteindre. Devenir ‘Supreme Chief’ faisait l’objet d’une concurrence effrénée : combien de fusions-acquisitions suivies de reventes express, combien d’achats avec emprunt de ses propres actions, combien de bananeraies artisanales transformées en parkings, combien de gens modestes devenus miséreux… avaient été faits pour gagner les quelques milliards de dollars qui leur manquaient pour être le premier. Seul un y parvenait disait souvent Melania.

Dick Pompeo dès son accession à la ‘cheffiture’ avait indiqué la ligne qu’il suivrait tenait en quelques mots : « Ce qui est, est ! » Ce qui n’était pas était défendu ! C’est Dick qui avait fait afficher en-dessus de son portrait cette maxime de Boissy d’Anglas lors de la Révolution Française : « Un pays gouverné par les propriétaires est dans l’ordre social. ». Dick ne réunissait aucun conseil, n’organisait aucun séminaire, ne demandait à aucune assemblée de se réunir, par contre il téléphonait sans cesse, il twittait beaucoup. Son mode de désignation minimisait considérablement les risques de corruption au sein des quelques dizaines de personnes qu’il consultait assez régulièrement. L’ordre régnait… (à suivre) www.facebook.com/profile.php...


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