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Chroniques du temps de Manu le Turpide

mercredi 20 octobre 2021
par  Julie d’Aiglemont
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Le Roy n’en finissait plus de recevoir des marques d’affection de ses vils sujets. Après la tarte à Tain, ce fut un œuf fort peu mollet qui vint heurter l’épaule de Sa Divine Gastronomie, alors qu’Elle s’était rendue en grande pompe, suivie de la Cour, au grand raout des gargotiers et autres fricasseurs, dans la bonne ville de Lyon. On fit arrêter sur-le-champ ce pauvre mirliton et on lui passa la camisole de force, afin de lui passer l’envie de se livrer à l’art culinaire sur la personne sacrée du Roy.

La Guilde des carotteurs, ces gens qui faisaient commerce de sonder les cervelles en posant d’oiseuses questions pour se livrer ensuite à une bien étrange concoction, d’où il ressortait des billevesées fort indigestes, n’en finissait plus de s’extasier sur les supposées bonnes faveurs du vicomte de la Zizanie, marquis des Olives. Les partisans de Monsieur Ruissellus, dont la renommée, malgré tout son entregent – il était du dernier bien avec une gazetière fort bien en cour, madame de Sanvatanguerre – restait fort maigre, proche de la nullité, se répandirent en médisances : tout cela était la faute de Gracchus Mélenchonus. Dans leur ire et leurs égarements, ils oubliaient que cela faisait quelques lustres que les Grands Gazetiers du royaume avaient, tel monsieur Vaucanson, fabriqué de toutes pièces le vicomte de la Zizanie. Ce triste automate, au mauvais rictus, empli de fiel et de méchantes lubies, ne servait que trop bien les intérêts des Saigneurs de la Phynance, lesquels rémunéraient fort grassement nos gazetiers afin de continuer de régner sans partage. L’Église du Saint-Capital, dont ils étaient les dignes prélats, ne pouvait souffrir qu’un tribun tel ce Gracchus vînt mettre fin à ses pratiques de pillages et de rançonnages.

Cependant que l’ancien roi Niko-du-Petit-Marécage s’était vu remettre son précieux bijou de cheville, le Sieur de Grobras, ce fidèle serviteur de Notre Turpide Souverain, fut à peine admonesté par ses juges. Ce fut tout juste qu’il ne fût félicité. Ainsi, usurper d’un laisser-passer diplomatique, battre des quidams comme plâtre en se faisant passer pour un argousin, manipuler des preuves, quand on était un favori du Roy, ne vous menait point en geôle. La Justice se montrait tout au contraire fort clémente. Mais si vous étiez l’un des ces coquins d’Hérétiques, et que vous excipiez avoir reçu la Sainte-Onction en produisant un faux sauf-conduit, on vous mettait aux fers sur le champ et vous alliez pourrir dans quelque cul-de-basse-fosse pendant quatre longs mois.

Monsieur le vicomte du Graumelon de la Jade d’Eau était entré en lévitation. Il avait fini par triompher, fort mal, de madame Jeanjacus, laquelle lui avait tenu la dragée haute. Après avoir ravi à cette importune le titre d’empereur des Jardiniers, le vicomte entendait maintenant se faire sacrer empereur du Monde et du Climat, ce dont il ne doutait point tant sa cervelle avait enflé, lui faisant apercevoir monts et merveilles. Madame Jeanjacus se faisait quelque peu tirer l’oreille pour prêter allégeance à celui qui se prétendait maintenant son suzerain. Ce n’était point dans les us de cette amazone que de s’abaisser devant un représentant du sexe fort. Elle œuvrait tout au contraire pour faire entendre que les femmes étaient les égales des hommes, et elle ne s’en laissait point conter.

Pour ce qui était d’avoir la cervelle enflée, le vicomte avait un sérieux concurrent en la personne du baron de Montaupatelin, lequel était tout autant persuadé qu’un grand destin l’attendait. Le confondait-on avec le contrôleur de chemin de fer ? La chose était fort piquante et le faisait se gausser. Il y voyait là un présage de succès. La bonne duchesse des Charentaises et du Poitoutou, venant de recevoir un nouveau camouflet dans un tournoi de seconde catégorie, continuait de penser que son heure était venue de remonter en selle pour le seul Tournoi digne d’elle, celui de la Résidence Royale. Elle se répandait en médisances sur madame la duchesse de l’Ide-Aligot qu’elle jugeait trop « sectaire ».

Du côté de la Dextre, les choses n’étaient guère mieux. La baronne Valoche de la Patronnesse, le baron du Tranbert – qui venait de se faire méchamment égratigner en public par une gazetière, madame de La Pique – et l’obscur baron de la Barre-Niais étaient sur le point de se livrer une guerre sans merci. Le sang allait couler.

Le Roy se réjouissait de toutes ces escarmouches. Il s’en entretenait, ainsi que de ce que les Riens et les Riennes pensaient de Sa Divine Personne, avec son grand ami monsieur de l’Ane-Nougat. Qu’il était plaisant de pouvoir deviser gaiement avec celui qu’il songeait fort à remercier en le nommant Premier Grand Chambellan, après la victoire au prochain Tournoi. Que la vie était belle au Royaume du Grand-Cul-par-dessus-Tête ! Paru dans https://joursheureux.blog


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