Ouaf ouaf, le nucléaire est de retour, c’est le bonheur vert !

mardi 18 janvier 2022
par  Patrice Perron
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C’est la meilleure de l’année, dès le début de celle-ci. Imaginez Fabrice Lucchini, déclamant la tirade suivante au journal de 20 heures de Gilles Bouleau ou de Laurent Delahousse : moi, Manu 1er, j’ai très envie de taquiner les non vaccinés et je vais les chahuter jusqu’au bout. C’est du lourd, vous constatez Monsieur Bouleau ? Mais Manu 1er ne s’est pas arrêté là, et c’est encore plus du lourd : je vais vous coller à tous, dans les lointaines provinces, pleines d’illettrés, au-delà du périphérique bien sûr, plein de mini centrales nucléaires. Sauf au Touquet. Et je me moque de vos commentaires. C’est du lourd, mais à un niveau que je ne connaissais pas. Vous voyez, la finesse du vocabulaire choisi. Je vous le dis Monsieur Delahousse : c’est du texte, du grand texte d’auteur.

Dans la foulée jupitérienne, les pro-nucléaires sortent de leur tanière, où ils étaient murés depuis Hollande, (pas la Hollande, mais François) pour dire : sans nucléaire, point de salut ! On a même vu un sympathique ingénieur, le 7 janvier, sur une télé, affirmer s’être converti au nucléaire par conviction écologique. Pourquoi ? L’ingénieur fait appel à Fabrice Lucchini pour déclamer : une centrale nucléaire émet moins de gaz carbonique que n’importe quelle autre source d’énergie, que ce soit l’éolienne ou la solaire. Vous comprenez la démesure de la statistique et du propos ? C’est énorme. Et le rendement est largement supérieur, car les centrales tournent à un taux plus élevé en permanence. Alors qu’il n’y a pas toujours de vent ou de soleil. C’est du lourd.

Fier de son argumentaire, l’ingénieur se redresse sur son siège pour savourer son petit effet sur l’auditoire. Mais un intervenant, appelle Gérard Depardieu à la rescousse : Ah ! Nom de Zeus, vous ne l’emporterez pas au paradis ! Les déchets nucléaires, vous en faites quoi des déchets nucléaires, hein, vous en faites quoi, bougre d’âne ? Je vais vous en pondre des arguments écologiques nucléaires ! Je veux trois gros steaks bien saignants et un Côtes du Rhône pour avaler la pilule. Ah ! Non, ce n’est pas possible d’entendre de pareilles tirades, indigne du beau théâtre dont je raffole. Je m’en retourne de ce pas chez mon ami Vladimir Poutine, en Sibérie !

Bien sûr, les déchets nucléaires constituent la casserole, que depuis des années, les pro nucléaires traînent derrière eux, comme la boîte de conserve que d’aimables plaisantins, non violents et plutôt blagueurs, accrochaient au pare-choc arrière, ou de la patate que d’autres énergumènes rusés enfonçaient dans le pot d’échappement des voitures de leurs victimes. C’était un autre temps.

En attendant, ces déchets nucléaires ne sont pas pris en compte dans le calcul du prix de l’électricité, car les représentants du lobby nucléaire avouent ne pas savoir le calculer, cela d’autant plus qu’ils s’en foutent éperdument. Sinon, ils auraient déjà présentés des chiffres. Et aujourd’hui qu’ils effectuent leur retour en grâce, ils ne vont pas s’enquiquiner (sic) à calculer quoi que ce soit. Surtout pas à combien revient la construction puis la mise en service d’une EPR, type Flamanville, au hasard … Vous voyez de quoi je parle !

Aussitôt, le camarade Xi Jinping, par ailleurs président chinois, intervient : la nôtre nous a coûté deux bras de pangolin de la réserve de Wuhan ! Puis, le jubilatoire brexiteur Boris prend la parole tout en tentant de se coiffer et de réajuster sa chemise : nous, ça fait bien dix ans qu’elle ne fonctionne pas, et qu’elle nous coûte un pognon de dingue. Si ça continue, on va annuler les licences de pêches aux français. On mettra les marins à pédaler, pour fabriquer de l’électricité au bénéfice des habitants des îles Anglo-Normandes !

Il faut le dire, c’est la guigne pour Jupiter, alias Manu 1er. Les centrales nucléaires vieillissent et il n’aime pas les vieux. Souvenez-vous avec la CSG et la quasi-nulle revalorisation des retraites. Souvenez-vous quand il opposait les actifs aux retraités. C’était l’une de ses nombreuses périodes clivantes, comme l’on dit chez les observateurs de la vie politique. Là, il vient de faire une rechute. Visiblement, les récentes cures d’auto flagellation et de repentance n’ont eu aucun résultat significatif. Il lui faut aller consulter de vrais thérapeutes.

Du coup, puisque les centrales âgées ne suffisent plus, il va falloir en installer d’autres un peu partout. Des jeunes d’un nouveau type : des mini centrales. Incroyable : Fabrice Luchini revient en courant, un peu essoufflé, sur le plateau de Ruth Elkrief, cette fois : C’est du très lourd. Ce texte est d’une beauté incomparable, tant le poids des mots de description et le choc des photos des prototypes sont impressionnants. Écoutez plutôt : L’EPR de Flamanville étant malade, nous avons décidé d’accoupler l’EPR de Chine à l’EPR d’Angleterre. Nous aurons plein de mini rejetons multi ethniques, fruits virulents de notre mondialisation, que nous pourrons greffer dans tous nos territoires ruraux, là où les gaulois réfractaires et les illettrés de chez Gad, se plaignent d’être loin de tout : ils auront une centrale près de chez eux, comme le bon sens bancaire d’une autre époque. Nous en implanterons une à Plogoff et une dans le Larzac, par pures et généreuses vengeances bureaucratique et jacobine. Et qu’ils ne viennent plus nous casser les … pieds. Ma chère Ruth, vous voyez, c’est plus que du lourd. C’est une magnifique phraséologie de président candidat.

Et pour verrouiller l’affaire, comme on vous ficelle les bras et les jambes en plus de vous bâillonner, pour être sûr que vous marcherez droit et que vous la bouclerez une fois pour toutes, le lobby nucléaire, heu pardon, Manu 1er et son gouvernement, vous invitent à acheter des voitures électriques. Déjà que ce même gouvernement nous annonce des pénuries imminentes et fréquentes de courant dans l’avenir proche, on nous incite fortement à consommer plus d’électricité au moyen de batteries hyper polluantes, du stade de leur fabrication loin là-bas à l’autre bout du monde, à celui de leur retraitement on ne sait pas où, comme pour les centrales et leurs déchets radioactifs. Les mecs du lobby nucléaire jouissent tellement d’aise, qu’ils sont frappés de priapisme chronique virulent et général. Il va en falloir des centrales ! Chouette ! Il y en aura des déchets polluants à traiter. Rien à foutre ! Vous imaginez les mecs de daesch, en 4x4 militaires électriques, en pleine action terroriste, demander à un quidam, dans un village du désert : Tu sais où il y a une borne dans le coin ?

Le plus fort dans cette histoire, est que l’Europe a décrété que le nucléaire et le gaz sont des énergies vertes. Vous avez bien lu : des énergies vertes ! Ils affirment aussi, sans honte ni vergogne, que le recours au nucléaire est transitoire. Quelle langue de bois, quel discours de menteurs ! Quand on voit le temps qu’il faut à toutes ces administrations pour réfléchir, remplir tous les papiers d’un dossier, les égarer, les re-remplir, contourner les recours, faire voter les textes finalisés, avant d’œuvrer réellement à leur mise en application, nous risquons d’attendre quelques décennies avant de voir d’abord la fin de la construction, (par référence aux chantiers des EPR évoqués en début d’article), puis de constater la fermeture de ces nouvelles centrales dont la durée d’exploitation sera longtemps prolongée comme c’est le cas aujourd’hui. Encore du provisoire qui va durer une éternité.

Pour conclure sur un clin d’œil anodin et cordial, je tiens à féliciter personnellement Manu 1er, qui pour répondre aux besoins d’électricité de nos concitoyens a décidé d’avoir recours, temporairement bien sûr, aux deux dernières centrales à charbon de l’hexagone. Je suis également hyper heureux de savoir, qu’un jour où je serai mort depuis longtemps, ma voiture roulera à l’électricité nucléaire, énergie officiellement verte, mais en laissant en héritage à mes descendants et aux vôtres, une sacrée charge (pour rester poli) à traiter, bien plus grave que la dette, qui n’est que du papier et que tous les pays partagent plus ou moins. En tout cas mieux que les richesses.

Bienvenue dans le monde décarbonné et vert du nucléaire ! Vous savez ? Celui où le nuage de Tchernobyl n’a pas franchi la frontière française. Vous savez ? Le Tsunami qui, à Fukushima, a balayé la centrale, comme un fétu de paille.


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