Tribune : L’avenir en commun

mercredi 30 mars 2022
par  Michel Joli
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Comme dans les courses de patinage que nous ont proposés à l’envie les JO de Pékin, nous avons vu surgir à la sortie du virage le bolide Mélenchon qui s’est extrait du peloton de Gauche…. Enfin. ! La tortue s’est transformée en lièvre et le public applaudit bien au-delà de la tribune des supporters historiques. La question qui se pose à nous aujourd’hui est celle de rassembler autour de lui ceux qui partagent les valeurs humanistes et écologiques abandonnées par des « socialistes de pouvoir » pour mieux participer à la surenchère libérale. Désormais, c’est le peloton qui doit être en tête pour affronter le second tour de l’élection présidentielle. Un rassemblement sous une unique bannière, celle de l’avenir en commun. Après avoir exalté nos différences, le temps est en effet venu de nous rassembler.

Nous ? c’est-à-dire : les écologistes politiques, éco humaniste, écoféministes, défenseurs des droits de l’hommes et protecteurs de la Nature, les héritiers, socialistes et communistes enracinés dans l’histoire d’un siècle de révolution, les idéalistes libertaires, les républicains universalistes qui portent la parole des sans voix, le droit des migrants à l’identité et la fierté de leurs origines, la protection des faibles et la justice sociale… Cette tribune de soutien aux Insoumis, à la campagne de l’Union Populaire et au candidat Jean-Luc Mélenchon n’est pas qu’une simple marque d’adhésion fugace et superficielle. Elle doit permettre à tous ceux qui partagent la conviction qu’un autre monde est possible d’en appeler à de nouveaux principes de vie fondés sur la croissance des valeurs humanistes immatérielles, la promotion du savoir scientifique et culturel pour tous et la reconnaissance constante de l’Autre comme un autre soi-même.

Nouvelle république

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle et longue révolution et nous devons l’aborder dans l’unité. Les événements destructeurs que nous connaissons aujourd’hui résultent de l’inadaptation des institutions mondiales à une crise majeure dont elles sont pour beaucoup la cause. C’est notamment le cas de notre pays qui s’est employé avec constance, à détourner ses principes humanistes au profit d’une politique injuste d’accumulation libérales des biens, des richesses et des droits, sous le fallacieux prétexte d’un progrès également profitable à chacun. L’organisation de la vie sociale, économique, politique et écologique, celle des pouvoirs et de leur contrôle, devra désormais être régie par des impératifs nouveaux tels que ceux exposés par JL Mélenchon dans son plaidoyer pour une nouvelle République.

Il ouvre une perspective révolutionnaire et pacifique en proposant tout simplement de rendre au peuple sa souveraineté démocratique, économique et idéologique. Pour cela il suffit de redonner du sens à nos dispositions républicaines fondamentales en commençant par la Constitution qui fonde notre identité collective. Cependant, un projet d’Assemblée Constituante ne peut pas être porté par un seul parti politique qui ne peut avoir l’ambition de redéfinir le Contrat Social qui lie chaque citoyen à la République. Il est par ailleurs essentiel que ces dispositions soient opposables collectivement aux menaces extrêmes qui se lèvent à l’horizon et dont personne ne peut plus nier l’existence.

Cause commune, menaces et soumissions

C’est la raison pour laquelle nous proposons que cette Assemblée Constituante prenne en compte, au plus haut niveau de la réflexion politique, le risque planétaire que nous fait courir l’évolution du climat aggravé aujourd’hui par le développement d’une guerre fratricide en Ukraine. Ces deux menaces sont distinctes et résultent de deux perversions cousines et mortifères : celle d’un productivisme ravageur qui a fait de l’humanité une espèce prédatrice de la Nature tout entière, et celle d’un retour aux conquêtes territoriales d’antan que des jeux d’alliances contribuent à aggraver comme ce fut déjà le cas à deux reprises au siècle passé. Avec en prime une menace nucléaire dont l’emploi dissuasif conduit à un hypocrite et réciproque chantage des belligérants. Nous n’avons pas à choisir entre la peste et le choléra, entre Charybde et Scylla et il nous faut résister avec la même vigueur contre ces risques qui traduisent à la fois une forme de complicité mafieuse et une folie destructrice de la planète. Deux menaces qui ont en commun un renoncement aux valeurs humanistes pour lesquelles tant d’hommes et de femmes ont donné leur vie.

Cessons de nous soumettre à la dictature néo-libérale qui nous parlent de liberté pour justifier un productivisme dérégulé et destructeur. Elle nous impose un sélectionnisme impitoyable et une concentration progressive du pouvoir et des richesses aux mains d’une classe dirigeante mondialiste. Cessons de nous soumettre à la dictature des idéologies fondées sur la violence des armes et qui nous parlent d’égalité. Elles n’ont pour but que d’imposer une assimilation identitaire des êtres et des esprits et de stériliser l’indispensable variété individuelle des gens et la diversité des cultures. Il nous reste la fraternité, valeur exigeante de l’humanisme, qui s’impose comme le dénominateur de toutes les luttes contre les détériorations écologiques et l’extinction de nos valeurs.

Energie et nouveau mode de vie Nous savons que la planète ne peut pas fournir à l’humanité les ressources communes dont elle a besoin pour vivre selon le modèle civilisationnel productiviste actuel. Ce déséquilibre entre ressources et désir de croissance, connu depuis longtemps, est considérablement aggravé par l’énergie elle-même, son origine et son emploi. Car l’utilisation de cette énergie se révèle aujourd’hui comme un facteur de risque additionnel, voire déterminant, via la transformation du climat. L’utilisation de l’énergie thermique produite à partir des combustibles fossiles, implique en effet -nous le savons tous aujourd’hui, même les climatosceptiques- une production « à l’air libre » de gaz à effet de serre (GES) responsables du dérèglement climatique. Celui-ci menace non seulement l’humanité mais aussi toutes les manifestations du vivant par un réchauffement global de la biosphère. De plus, la facilité d’extraction des combustibles fossiles, de leur transport, stockage et emploi, rend possible à peu de frais une croissance inflationniste des activités prédatrices de l’humanité. C’est ainsi que s’autoalimente au bénéfice d’une minorité le déclin de la civilisation.

Enfin, les crises géopolitiques actuelles, qui ont toutes leurs sources dans la compétition des Etats pour l’accès aux énergies fossiles, se multiplient au moment même où nous prenons conscience de leurs limites. Faudra-t-il encore longtemps – sous de faux prétextes- envoyer nos militaires se faire tuer à l’autre bout du monde pour protéger « notre » pétrole et notre gaz, causes les plus évidentes de la fragilité de la civilisation ? La neutralisation du terrorisme n’est qu’un prétexte car son développement est entretenu par ceux-là même qui le dénoncent afin de justifier une présence armée pour protéger nos ressources énergétiques et nos activités postcoloniales. Il n’y a aucun paradoxe dans le souhait que ce qui reste d’énergie thermique dans les profondeurs de la terre soit clairement dédié à la réalisation d’une transition énergétique qui permettra à l’humanité de s’en passer. Car la transition énergétique elle-même a besoin d’énergie pour sa mise en place. Dès lors l’exploitation de ce « fond de cuve » devra être a soumise à un contrôle international et à un agenda de fin d’exploitation très contraignant à mesure que se développeront les sources d’énergies alternatives propres (ce qui pourrait être le rôle des Nations Unies).

Désirs et besoins

Il ne s’agit plus d’adapter la vie des hommes à leurs désirs mais à la seule satisfaction de leurs besoins vitaux, ce qui implique une massive décroissance du gaspillage des ressources vitales et une modération de l’exploitation de la nature limitée à sa capacité de renouvellement et la mise en œuvre d’une éthique du partage. Cela veut dire que les humains doivent impérativement changer à la fois de mode de vie et de source d’énergie. JL Mélenchon a clairement exposé sa préférence pour les énergies « propres » en donnant pour exemple la dynamique des océans et dénoncer l’énergie thermique des réserves fossiles, voire l’énergie nucléaire elle-même dont la production est pénalisée par le coût des investissements, l’accès incertain aux combustibles et la neutralisation des déchets. Sans oublier que même le nucléaire civil peut à tout moment être utilisé dans l’arsenal militaire comme une arme de destruction massive.

Cette position nous invite à recourir à la fois à l’intelligence et à l’imagination pour passer à l’action car :
- ne rien faire ou pas assez reviendrait à abandonner l’écologie au marché productiviste, ses fantasmes post humanistes et son uniformisation culturelle contraire à l’indispensable variété de ses modes de vie.
- ne rien faire, ou pas assez, ce serait admettre l’irréversibilité d’un déclin majoritaire au profit d’une minorité de jouisseurs toujours plus affamés. Ce serait consacrer une humanité à deux vitesses, justifier les dominations et alimenter les injustices et les violences totalitaires. Enfin, ne rien faire-ou pas assez conduirait à court terme à une autorégulation violente et quasi automatique de la démographie qui exposerait l’humanité à des désordres majeurs.

Ecologie institutionnelle

Pour toutes ces raisons il est évident que notre pays doit intégrer dans ses principes constitutionnels, de façon durable et sans polémique inutile, l’impérieuse nécessité de répondre à la crise environnementale qui, sinon, s’aggravera inéluctablement par l’effet des conflits d’intérêt qui opposent le libéralisme inique, destructeur et mensonger et les délires de domination égalitariste, nationaliste et identitaire d’une poignée de dictateurs. Ouvrir un débat de fond sur l’avenir énergétique et climatique de la planète, à l’occasion d’une transformation constitutionnelle de notre République pourrait permettre de contraindre les politiques à passer à l’acte et de mobiliser pour longtemps nos institutions contre un péril majeur.

Les convaincre, enfin, que l’humanité doit poser les limites à l’expansion d’un « progrès » inhumain en redonnant un sens nouveau au triptyque républicain dont les valeurs ne doivent en aucune façon être disjointes pour que, enfin, la fraternité soit comprise par chacun comme une protection collective absolue.


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