Les « 100 jours » : un flop de plus pour Macron
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On allait voir ce qu’on allait voir ! Prenant acte de l’adoption de « sa » réforme des retraites et plus généralement de l’excellence de l’action de son gouvernement à quelques détails près, mais convenant qu’une partie (en fait la grande majorité, comme on le sait) de son bon peuple avait plus que rechigner à accepter cette réforme, notre impérieux président annonça au mois d’avril une volonté d’apaisement qu’il évalua à 100 jours, ce qui nous conduirait aux environs du 14 juillet, date symbolique s’il en est, et l’on connait l’attachement des impérieux présidents aux dates symboliques (entres autres, Vladimir Poutine fait partie du fan club, ce qui peut expliquer à la fois le nombre important de conversations téléphoniques avec notre président lors d’une certaine période et leur faible nombre de résultats concrets).
Pour l’apaisement, notre multi-compétent président se mit à sillonner le pays, évitant très vite les casserolades qui avaient accompagné ses ministres lors de leurs virées provinciales en mettant en place des « périmètres de sécurité » de plus en plus vastes qui l’isolaient de toute contestation et lui permirent de multiplier les promesses, parfois chiffrées, mais sans un mot sur leurs financements (car, comme un écho, monsieur Le Maire n’arrête pas de rabâcher qu’il faut économiser sur tout), rarement accompagnées de leurs modalités concrètes, souvent discrètes sur leurs délais de mise en œuvre et largement évasives sur le futur contrôle de leurs résultats. Bref, des promesses dans le droit fil de l’aphorisme bien connu du philosophe Charles Pasqua (1927-2015) : « Les promesses n’engagent que ceus qui les reçoivent ».
Du côté du pouvoir, on fit semblant de croire que l’apaisement sur l’affaire avait eu lieu, tout en n’ignorant pas, via de plus ou moins discrets sondages, que l’épisode demeurait présent dans la mémoire de la plupart de nos concitoyens. Puis vint la tuile. Une tuile dramatique. Tout récemment, notre président, pourtant par principe omniscient, pouvait découvrir (« qui aurait pu prévoir ? ») l’urgence de la crise climatique ou la situation des « banlieues » (hors Neuilly sur Seine, Versailles…), sujets pourtant abondamment documentés depuis plusieurs décennies. La mort d’un jeune homme de 17 par un tir de policier (homicide volontaire ou non ? légitime défense ? il revient à la justice de l’établir) suite à un refus d’obtempérer fut à l’origine de graves troubles (incendies, dégradations, manifestations parfois suivies de violences) durant cinq nuits. Tuile dans la tuile, un voisin a filmé la scène depuis sa fenêtre paraissant montrer clairement que les policiers mis en cause n’étaient pas en danger (la justice appréciera). Pain béni pour les Zemmour, Le Pen et autres Ciotti, le conducteur (français, mais pas assez pour eux ?) était enfant d’immigré. Quelques semaines plus tôt, un autre jeune homme, vers Angoulême, a subi le même sort, mais il n’y avait pas de film, donc quasi silence de la presse, qui se réveilla un peu suite à l’homicide de Nahel. Et l’on apprit ainsi que treize tirs fatals de la police pour le même motif ont eu lieu en 2022 : record d’Europe largement pulvérisé et honte pour notre pays.
La mise en détention préventive du policier auteur du tir létal contre le jeune Nahel a engendré des réactions très inquiétantes au sein de la police. Dans des communiqués deux syndicats de policiers, dont le très influent Alliance, souvent très proches des positions du trio Zemmour ou Le Pen ou Ciotti se déclarent « en guerre contre les « nuisibles ». En voilà une attitude paisible qu’elle est bonne ! Quelques jours plus tard, quatre ou cinq « baqueux » (policiers de la BAC en argot argousin) passent à tabac un jeune, lui aussi pas français comme il faut, et le laissent dans le coma. Pas de film, mais plainte, et l’état du p’tit gars en dit long. Le supposé plus violent de la bande BAC est mis en examen et incarcéré. Intolérable pour beaucoup de ses collègues qui se mettent fissa en arrêt maladie ou en mode travail minimum. Inacceptable ? Pas du tout pour Frédéric Veaux directeur de la police nationale, qui s’est mis à dos les commissaires avec son projet de réorganisation de la police et espère se refaire la cerise auprès de la base : il déclare que la place d’un policier, même mis en cause, n’est pas en prison, immédiatement approuvé par le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez (ancien membre du gouvernement). Ahurissant : un policier incarcéré sur décision de justice n’irait pas en taule ? Devant le scandale, notre magnanime président intervient : nul ne peut se soustraire à la justice. Les déclas de Veaux et Nuñez ? Il ne m’appartient pas de les commenter. Qui alors ? Darmanin, leur patron ? Pas même, bouche cousue, le Darmatin, qui s’était aussi tu après le communiqué quasi séditieux d’Alliance. Apaisement, tout ça ? Notre visionnaire président a visiblement besoin de lunettes.
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