POUR FAIRE ECHEC AUX POLITIQUES NEO-LIBERALES, POUR CONTRIBUER A CONSTRUIRE UNE EUROPE FEMINISTE ALTERNATIVE
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Le rejet du projet de constitution antidémocratique et antisociale a constitué un événement politique majeur pour toute l’Europe. Cette victoire du NON traduit le rejet des politiques néo-libérales par la grande majorité des femmes et des hommes de notre pays, pour qui les soit disant « réformes nécessaires » ne font que réduire leurs droits et écraser leur vie chaque jour davantage. Cette victoire est un formidable espoir pour un grand nombre de femmes qui aspirent à obtenir l’égalité des droits dans le progrès social. Sans la dynamique unitaire et large qui s’est rapidement mise en place à la « base » comme au « sommet », cette victoire n’aurait pas été possible. Cette volonté d’agir ensemble a suscité dans notre pays une politisation importante des femmes et des hommes qui, à cette occasion, ont exprimé leur volonté de reprendre ensemble la parole qui leur avait été confisquée par les tenants du pouvoir.
Dans cet « esprit du 29 Mai », les argumentaires développés par la Coordination féministe pour le NON ont suscité intérêt et attention dans le débat politique et dans les luttes contre le néolibéralisme. Dns de nombreuses réunions organisées par les collectifs unitaires, nos arguments détaillant la remise en question des droits des femmes dans le projet de Constitution, et notre refus d’une égalisation par le bas, ont suscité beaucoup d’intérêt et ont contribué à mettre en mouvement les femmes dans cette campagne. Nous avons vu naître une extraordinaire attente que nous ne voulons pas décevoir, Nous voulons continuer notre travail unitaire, dans le pluralisme et la diversité, liant débats a tous les niveaux, argumentations concrètes et propositions d’actions.
Malgré le vote massif contre le néolibéralisme, gouvernement et patronat poursuivent leurs politiques néo-libérales et leur entreprise de démantèlement des droits sociaux. Si tout le monde est concerné, les femmes sont en première ligne.
Dans les ordonnances de Villepin,
le Contrat nouvelle embauche (CNE) touche de plein fouet les femmes. La main d’ouvre féminine est très nombreuse dans les entreprises de moins de 20 salariés. Sont concernées : le petit commerce et les entreprises de services en général, mais aussi les ateliers de confection, les sociétés de ménage, les entreprises de téléphonie où le travail féminin est très majoritaire. Précarité et flexibilité y seront renforcés.
les chômeuses, plus nombreuses que les chômeurs, sont obligées d’accepter n’importe quel « petit boulot » sous peine de voir leurs allocations chômage ou le RMI supprimés.
les chèques emploi service sont encouragés. Ce type de rémunération pour un travail à la tache implique un travail morcelé sans réel contrat de travail, oblige les femmes à courir tout au long de la journée d’un employeur à l’autre en jonglant entre plusieurs lieux d’activité. C’est le lot quotidien des travailleuses précaires : femmes de ménage, employées de maisons, auxiliaires de vie...
Le recul programmé des services publics va faire retomber sur les femmes la responsabilité des taches qui ne seront plus assurées par la collectivité (voir les menaces de fermeture de petites classes d’écoles maternelles). La création annoncée de crèches privées dans les entreprises est un piège pour les femmes, qui vont devoir accepter encore plus de flexibilité, ainsi qu’une augmentation du coût de ces services. Les services publics doivent être maintenus et renforcés parce qu’ils sont des éléments d’égalité et de justice sociale. Dans cet esprit, il serait nécessaire qu’ils soient étendus dans les pays de l’Union Européenne qui n’en bénéficient pas encore.
La pression grandissante des églises, le développement des obscurantismes religieux constituent une menace permanente contre les droits des femmes - et notamment celui de disposer librement de son corps. L’été dernier, en Italie, dans un contexte néo-libéral très fort, le Vatican a réussi à bloquer le référendum sur la « procréation in vitro ». C’est l’exemple d’intrusion dans les libertés individuelles fondamentales que nous avons dénoncé en nous opposant à l’article 52 du T.C.E.
Dans des contextes national et européen particulièrement agressifs envers les citoyennes et les citoyens, la nécessité de construire une autre Europe, véritablement alternative, sur la base du rejet de toutes les politiques néo-libérales en cours, s’impose. Au niveau mondial, la mise en œuvre des projets néo-libéraux se poursuit. Un nouveau cycle de libéralisation sera mis en chantier dans la prochaine conférence de l’O.M.C., à Hong- Kong. Pour lutter contre cette mondialisation néo-libérale pour laquelle les femmes sont une nouvelle main-d’œuvre particulièrement flexible et vulnérable, il nous appartient de trouver de nouvelles formes de solidarité.
La Coordination Féministe pour une Europe Alternative se propose d’élaborer des documents qui seront diffusées aux comités locaux pour être versés aux réflexions d’ensemble. Nous continuerons, comme nous l’avons fait tout au long de la campagne référendaire pour le Non au TCE, à intervenir sur le terrain et à animer des réunions publiques qui feront le lien avec toutes les mobilisations prenant en compte les revendications des femmes dans le monde. Ainsi, nous serons partie prenante des batailles contre la directive Bolkenstein, pour la défense des services publics, sur le pacte de stabilité pour obtenir des résultats concrets.
Nous devons nous inscrire dans la perspective politique d’une Europe alternative anti-libérale et poser concrètement dans une même démarche la question sociale et la question politique ; redonner toute sa place à la politique et à la démocratie dans la construction européenne ne peut se faire sans intégrer la dimension féministe.
Issue du Comité National de l’Appel des 200, la Coordination Féministe pour le Non à la Constitution a pris le nom de Coordination Féministe pour une Europe Alternative. L’objectif poursuivi est de mener des actions pour mobiliser les femmes contre l’Europe néo-libérale et de développer des analyses pour construire une Europe Alternative en fournissant aux comités locaux des réflexions intégrant la dimension de l’égalité entre les hommes et les femmes à porter dans les différentes mobilisations. La Coordination est relayée en régions par des correspondantes régionales. Contacts : Monique Dental (Réseau Féministe « Ruptures ») : monique.dental@wanadoo.fr Jacqueline Pénit-Soria (Genre et mondialisation d’Attac) : jacqueline.penit@noos.fr Ana Azaria (Coordination Femmes Egalité) : coorfemmes@yahoo.com
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