FRANCE ET FRANCOPHONIE, QUEL SERA LE VRAI PERDANT ?
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Face au drame de Ceuta et Melilla, la France a joué au spectateur, s’abritant derrière l’Espagne et l’Europe, cherchant à se faire oublier. La plupart des migrants étaient pourtant francophones. La France n’a-t-elle pas donc reconnu en ces miséreux des hommes qui lui ressemblent, à son histoire, ses banlieues, sa langue ?
Le francophone d’Afrique est étonnant. Il s’évertue à parler une langue qui lui apporte peu, de l’embarras plutôt, ne pouvant guère en faire usage aux quatre coins de la planète. C’est pourtant lui qui, sous les voix de Diori, Senghor et Bourguiba, suggérait, au lendemain des indépendances, l’idée d’un espace francophone solidaire. Et d’une certaine manière l’idée a pris ! Combien de fois n’a-t-on pas entendu des exposés dithyrambiques sur la Francophonie de la part de notre Président ? Combien de fois nos ministres n’en ont-ils pas fait les louanges ? Combien de fois sous prétexte d’une langue en partage n’a-t-on pas dit que la diversité culturelle participait du développement des pays francophones ? Loin des discours, la réalité est saumâtre : des murs, des enclos ! Honni soit le francophone !
Une question mérite d’être posée : quel sera le vrai perdant ? Le migrant contrarié reviendra chez lui aussi pauvre qu’il n’est parti. Peut-être aura-t-il désormais l’esprit clair ? A quoi bon s’encombrer d’une langue aussi peu fraternelle ? De son côté, la France s’enferme dans une logique de repli ? Créer un espace solidaire nord-sud, c’est justement le moyen de redonner du souffle à son énergie pâlissante, à une économie souffreteuse. C’est jouer sur plusieurs tableaux : l’Europe, l’Afrique. Bien orchestrée, la libre circulation des individus concourt au développement de tous. Allant et venant d’un pays à l’autre, les hommes se stimulent, créent, inventent et commercent. Beaucoup mieux que l’aide publique au développement, cette orientation devrait bousculer l’immobilisme ambiant. D’un côté, l’Afrique a besoin d’investissement. Le meilleur moyen d’y remédier, c’est faire de sorte qu’investir à Dakar ou Bamako soit plus rentable qu’à Paris ! De son côté, en se montrant accueillante, la France pourrait répondre à ses difficultés structurelles (vieillissement de sa population) comme renouer avec une véritable croissance. Qu’elle prenne donc exemple sur les Etats-Unis où le dynamisme économique des immigrés (13% de la population) serait à l’origine d’un surcroît de croissance généralement évalué à 1%.
Nous le savons, M. de Villepin porte beau la grandeur de la France. Il ne tient donc qu’à lui de chahuter les idées reçues. Qu’importe l’électoralisme de bas étage, les peurs ! Offrons nous une vision plus encourageante de la Francophonie ! Et alors cette langue qu’il dit aimer, il l’aimera davantage !
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