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CULTURE ET POLITIQUE

Par João Silveirinho et Jean-Luc Gonneau
samedi 20 mai 2006
par  Jean-Luc Gonneau, João Silveirinho
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On n’a pas attendu le conflit des intermittents pour savoir que culture et politique ne font pas souvent bon ménage, même s’ils sont, depuis des siècles, intimement liés. Si nous étions mauvaises langues, ce qui n’est bien entendu pas le cas, nous pourrions suggérer que le manque de culture de beaucoup de nos dirigeants explique l’indifférence affichée par nos politiques en vue envers les questions culturelles. Et il ne serait pas, dans ce cas, nécessaire de traverser l’Atlantique pour trouver des exemples.

Traitée au mieux comme appendice dans les programmes électoraux, dotée de budgets marginaux dans les dépenses de l’Etat, la culture n’a que rarement retenu l’attention du pouvoir. Depuis le début de la cinquième République, seuls Charles De Gaulle et François Mitterrand ont un temps hissé la culture au rang de priorités nationales. Il faut reconnaître, d’un autre côté, que les acteurs de la vie culturelle ne sont pas toujours commodes : souvent jaloux de leur indépendance (qui le leur reprocherait, hors des politiques ?), parfois aussi serviles (le mécénat des princes a créé des traditions), peu nombreux, tous comptes faits, face aux cohortes salariales, et pesant peu, en gros sous sonnants et trébuchants, face aux armées patronales. Qui plus est, ils dépensent, c’est certain, et ne rapportent pas toujours, ce qui, en un siècle ou une prétendue efficacité est érigée en règle d’or, est suspect, au limites de l’insupportable.

Pourtant, la culture est l’âme des peuples, elle est aussi, comme l’exprimait voilà déjà longtemps Joffre Dumazedier, la relation particulière de l’homme au monde. Elle est peut-être la finalité de la vie. Les politiques ont parfois mis la culture à toutes les sauces. Essayons au moins de savoir de quoi on parle.

Culture et mœurs, la confusion

La culture partage avec la citoyenneté, dont on verra qu’elle en est une composante, le triste privilège d’être mise à toutes les sauces. Il fut un temps, pas si lointain, où les choses, à défaut d’être simples, étaient au moins claires : la culture était alors assimilée aux Beaux-Arts : arts graphiques et plastiques, musique et danse, littérature et théâtre, plus quelques disciplines annexes. Ces objets se déclinaient selon des formes souvent attachées aux classes sociales : les riches à l’opéra, les pauvres dans les beuglants, où quelques riches, quand même, se risquaient à s’encanailler. La hausse du niveau de vie, le développement de l’éducation, la diversification des médias ont compliqué les choses. Pour certains, aujourd’hui, tout ou presque est culture : on parle des arts de la table, des arts et traditions populaires, de la mode ... Premier écueil : ne pas confondre la culture et les mœurs. Parler de la « culture américaine » en citant Coca Cola, Mc Donald, Disneyland ou les jeans, c’est confondre culture et mode de vie et, au passage, faire injure aux éminents représentants d’une vie culturelle américaine qui fut intense et le demeure sans doute. Il s’agit, au mieux, d’éléments de civilisation.

L’éducation, préalable à la culture

Il est vrai que le langage courant, lui-même, ne facilite pas la clarté : qu’est-ce qu’un homme cultivé ? Un créateur, même talentueux, n’est pas forcément « cultivé ». On a connu de grands peintres quasi analphabètes, de grands musiciens un peu imbéciles, de grands écrivains ignares. On s’accorde généralement pour admettre que l’ « homme cultivé » est celui qui a acquis, par la fréquentation d’oeuvres culturelles, mais aussi par une accoutumance à penser les relations des choses entre elles, un sens esthétique et la capacité de le raisonner : un mélange de passion et de raison, en quelque sorte. On voit ici bien le lien entre éducation et culture : point de culture sans éducation. On voit aussi l’utilité de l’idée de « pluridisciplinarité culturelle » : la sociologie ou l’histoire ne sont pas des sujets culturels, mais elles concourent à l’explication de la culture, elles lui donnent du sens. On voit enfin que la culture englobe une activité de production et une activité d’assimilation.

Ne pas confondre les médias et la culture : contenant et contenu

Autre confusion souvent constatée : celle entre la culture et les médias susceptibles de la véhiculer. Ainsi disposons-nous souvent d’un Ministère de la Culture et de la Communication : il y a des liens entre les deux, mais ce n’est pas la même chose. La télévision ne véhicule pas que de la culture (dont la qualité constitue un autre débat), mais aussi des informations, des divertissements. D’ailleurs, pour la majorité des politiques, c’est bien davantage son rôle de média d’information que son rôle culturel qui retient l’attention. Les déclarations de François Léotard (qui fut Ministre de la Culture, étonnant, non ?) concernant le « mieux disant culturel » justifiant l’attribution de TF1 au groupe Bouygues sont encore dans certaines mémoires.

La culture en danger

Nous avons indiqué les principales confusions qui entourent la culture. Il pourrait venir à l’esprit du lecteur qu’il est certes utile de savoir ce que la culture n’est pas, mais qu’une définition manque au paysage. Nous tenterons l’approche suivante : la culture, c’est l’ensemble de la capacité créatrice passée (patrimoine) et présente d’une communauté et l’influence de cette capacité sur la pensée des membres de cette communauté : à la fois processus de production et mode d’appropriation. On ajoutera que ce qui distingue la création culturelle de la création industrielle, commerciale ou scientifique, c’est la gratuité de son élaboration intellectuelle, même si les enjeux économiques ne sont pas absents.

On aura donc compris que la culture est une composante indispensable d’une identité nationale. Que la culture d’un pays se dilue, et c’en est fait de sa capacité à survivre. En ces temps de mondialisation, le danger de dilutions culturelles est évidemment grand. D’autant, on le verra, que la production culturelle a aussi une dimension économique, quand bien même on considérera que la culture doit demeurer en marge du secteur marchand.

EXCEPTION OU DIVERSITE ?

Jean-Marie Messier, ex-patron de Vivendi-Universal, ex-vendeur mondialisé de films, de télévisions, de musiques, de livres, de journaux, ex- ministre de la culture de fait du temps déjà lointain de feu Jospin, est revenu à la une de l’actualité, en garde à vue cette fois. La vie de ce type est un roman, dites donc. Il devrait déposer les droits.

Jean-Marie Messier, rappelez-vous, du temps de sa puissance, est l’homme qui avait dit : « C’en est fini de l’exception culturelle française ». Et tant mieux, rajoutait-il, c’était du dernier ringard.

Les milieux culturels avaient été horrifiés, et les milieux politiques aussi. La Ministre de la Culture avait dit que ce n’était pas bien, le RPR que ce n’était pas le moment, Jérôme Clément, porte parole quasi-officiel de la télé culturelle depuis Arte, avait très respectueusement estimé que Monsieur Messier exagérait, tout en saluant très bas sa réussite entrepreneuriale (quel nez, Jérôme !). Seul Alain Madelin avait approuvé. Celui-là, quand il s’agit de faire le lit de l’Amérique, on peut compter sur lui comme femme de chambre en chef.

Jean-Marie Messier avait « relativisé » sa déclaration. On l’avait mal compris. L’exception culturelle était peut-être morte, mais c’était pour fêter la naissance d’un nouveau « concept » : la diversité culturelle. D’ailleurs, Vivendi-Universal n’en est-il pas un vivant exemple, avec tous ces films, tous ces CD etc ? Vous voulez de la diversité ? Des milliers de titres dans nos catalogues !

Redevenons sérieux. Oui, les catalogues des grandes compagnies (on dit « majors » quand on est in) illustrent bien la diversité culturelle. Oui, c’est bien la diversité culturelle qui est admise par l’Union Européenne, grâce à la France, paraît-il. Oui, les socialistes se sont ralliés à la diversité culturelle. Oui, Jacques Chirac l’a défendue publiquement, l’exception aussi, d’ailleurs, en fonction de l’humeur du jour.

Le problème, c’est que la diversité culturelle ne nous convient pas. Elle revient à dire ceci : chacun est libre de produire une œuvre culturelle, peut la mettre sur le marché, et c’est le public qui choisira. Hypocrisie sur tous les tableaux : chacun sait que la plupart des œuvres n’ont pas accès au public, car les réseaux de production et de distribution, où le « majors » font pluie et beau temps (attention, ici beau temps n’a rien à voir avec la météo ou le plaisir, mais uniquement avec le tiroir-caisse), ont des critères qui n’ont pas grand chose à voir avec la culture. La diversité culturelle, c’est l’avènement de la culture d’hypermarché : le choix, oui, mais entre des produits qui se ressemblent tous.

L’exception culturelle est tout autre chose : c’est le droit, pour tout peuple de protéger et promouvoir ses expressions culturelles. Nous avons bien dit « pour tout peuple ». Ceux qui prétendent que l’exception culturelle n’est qu’une forme de repli de la France sur elle-même déforment cette idée. L’exception culturelle a valeur universelle, elle universalise, là où la diversité culturelle mondialise. Elle donne à apprécier les différences, là où la diversité les efface. Elle permet à la culture de s’enrichir, là où la diversité la nivelle, en général par le bas.

L’exception culturelle suppose l’intervention de la puissance publique. Non pas pour censurer ou imposer des normes, mais pour permettre, dans chaque pays, aux créateurs, aux interprètes de pouvoir exercer leurs talents. Par cette intervention publique, la France a pu réussir à préserver sa création cinématographique, dans une Europe où, ailleurs, les films américains contrôlent plus de 80% du marché. Elle a pu sauvegarder la possibilité d’exister pour de petits éditeurs, pour de petits libraires grâce au prix unique du livre, pourtant combattu par les instances européennes. L’exception culturelle demeure, comme toutes les conquêtes de la liberté, une idée à défendre contre les bradeurs de la mondialisation. Elle est une idée à promouvoir, car elle est une part de ce qui fait la dignité des peuples. C’est un des messages que la France universaliste peut envoyer au monde.

Et le monde la reçoit. Plusieurs pays européens ont adopté le prix unique du livre. D’autres aident leur leur création audiovisuelle. Il se dit par exemple, ici et là, que Monsieur Zapatero, nouveau premier ministre espagnol, voudrait s’inspirer du système français. Ils en ont de la chance, les espagnols, d’avoir un premier ministre qui s’intéresse à la culture, ce n’est pas de ce côté-ci des Pyrénées que ça arriverait.

L’exception culturelle demeure bien entendu la bête noire des libéraux. Le lobby des multinationales continue son offensive auprès de l’Union Européenne, dont on connaît la grande capacité de compréhension à ce genre d’argument. Le spectre de l’Accord Général sur le Commerce et les Services (AGCS), véritable bombe à retardement contre la notion de service public, rôde toujours. C’est pourquoi il faut, d’une part, rester vigilants et, d’autre part être offensifs pour une exception culturelle à l’échelle culturelle internationale.

Un dernier mot à partir d’un exemple concret : nous avons vu récemment un film d’un jeune réalisateur, pas encore distribué, réalisé sans soutien de fonds publics. Mais le film a pu se faire quand même. Et pourquoi ? Parce que les comédiens et techniciens ont accepté de travailler en participation, sans salaire, sans non plus se faire trop d’illusions sur la perspective de récupérer un jour quelqu’argent. Mais alors, mais alors, direz-vous, voilà des mécènes argentés qui travaillent pour des prunes ? Non, ils sont intermittents du spectacle. Et c’est ainsi que peuvent se faire bien des premières œuvres, et c’est ainsi que le régime d’indemnisation des intermittents participe de l’exception culturelle. Il n’y a qu’en France que cela est possible : intermittents de tous les pays, unissez-vous !

ACCES A LA CULTURE ET PRODUCTION CULTURELLE

La production culturelle est une activité humaine ancienne : nous en conservons des vestiges datés de la préhistoire . L’accès à cette production a toutefois constitué un enjeu important de luttes sociales : l’œuvre culturelle est à la fois un outil de connaissance, qui donne en conséquence du pouvoir à qui la détient, et marque de prestige, qui distingue celui qui l’accapare.

Le problème des codes d’accès

Accéder à la culture suppose que l’on dispose des codes nécessaires : le langage, la lecture sont les plus évidents, mais « savoir voir » ou « savoir écouter » supposent aussi des apprentissages qui, comme les autres s’acquerront ou non à l’école, dans l’environnement familial et social . L’accès à la culture suppose donc l’accès à l’éducation. Le politique, en faisant en sorte que la dimension culturelle soit prise en compte dans les programmes et les pratiques éducatives, a évidemment un rôle à jouer. A notre sens, l’Education Nationale, jusqu’à présent, a rempli sa mission convenablement, relayée par de multiples associations socio-culturelles ou d’éducation populaire. Il convient toutefois d’être vigilant pour que la dimension culturelle de l’enseignement ne soit pas, comme c’est trop souvent le cas, mutilée au détour de telle ou telle réforme.

On notera que l’éducation à l’image, forme culturelle majeure depuis l’avènement du cinématographe, est, hors certaines sections spécialisées des lycées, très mal prise en compte dans l’enseignement général : une avancée doit être proposée : comment en effet contrer l’entreprise de décervelage télévisuel véhiculée par une conception mercantile et la « dictature de l’audimat » si on n’éduque pas les esprit à la critique ?

L’accessibilité sociale : le rôle de la puissance publique

Supposons les codes acquis : l’accès à la culture n’est pas encore garanti. La production d’œuvres culturelles n’est pas gratuite. Outre l’auteur de l’œuvre, les facteurs de sa production ont un coût, particulièrement élevé dans certaines formes de production (spectacle vivant, œuvres cinématographiques...). La revendication de l’accès à la culture a été très tôt un des éléments des luttes sociales émancipatrices. Elles ont conduit à l’intervention du politique pour concourir à cette accessibilité : bibliothèques pour accéder au livre, théâtres publics ou subventionnés, aides aux oeuvres audiovisuelles, commandes publiques d’œuvres plastiques, musées publics pour conserver et mettre en valeur le patrimoine.

La France, dans le domaine de l’aide publique à la culture, figure parmi les pays les plus avancés. Cette situation n’est toutefois pas acquise. Des voix s’élèvent régulièrement pour contester cette politique, au nom du marché qui, mieux que tout autre dispositif, traduirait au plus juste les goûts du public. Le corollaire de cette attitude est bien évidemment que la culture devienne une marchandise comme les autres. C’est cette logique qui est en œuvre à la télévision, où l’audimat est considéré, dans cette optique, comme l’arbitre du « mieux-faisant » culturel !

Il est regrettable que la puissance publique, suivant la mode immodérée des « organismes indépendants » ait renoncé à ses prérogatives dans l’audiovisuel public au profit d’un CSA et de présidents de chaîne « indépendants ». Pour éviter le risque d’être accusé de contrôler l’information, on fait ainsi l’impasse sur une possibilité de politique culturelle à la télévision. Il ne s’agit certes pas de revenir à des télévisions aux ordres, mais c’est au politique, émanation des votes des citoyens, de définir les objectifs culturels de la télévision, dans le cadre d’un cahier des charges garantissant la liberté de création. Ce ne serait pas si difficile.

Production et diffusion culturelle

Accéder à la culture suppose évidemment que des œuvres culturelles soient produites. Nous avons indiqué précédemment les principaux dispositifs existants qui aident à la production et à la diffusion culturelle. Certaines sont remises en cause par l’évolution technologique : ainsi, le prix unique du livre, qui protège les auteurs, les éditeurs, les libraires indépendants est mis en péril par Internet, où des géants américains (Amazon com. est le plus important) deviennent capables d’expédier dans le monde entier des livres à prix réduit.

Les droits d’auteurs des musiciens, des auteurs de films, des écrivains, sont menacés par des échanges électroniques insuffisamment encadrés. Encore qu’il ne faille pas tomber dans le piège des lamentations des « majors » de la musique ou de l’audiovisuel, car l’échange « gratuit » que permet internet, par exemple, est aussi un moyen de faire connaître les oeuvres qui n’ont pas accès aux médias de masse. Cette pression « technologique » se double d’une pression politique des Etats Unis, qui ont une conception très différentes de la nôtre du droit d’auteur, et de l’Union Européenne, qui a tendance à considérer que le prix unique du livre, par exemple, mais aussi les quotas d’œuvres nationales dans les médias sont des pratiques « anticoncurrentielles » : la culture-marchandise est à nos portes et il est urgent de résister. La France, avec 65% « seulement » de films américains sur le marché cinématographique est le pays européens qui résiste, et de loin, le moins mal : on imagine où en sont les autres.

Notre défense du principe de l’exception culturelle, non seulement pour la France, mais pour toutes les nations, n’est pas celle d’une conception figée ou « pure » (quelle idée ! la culture est nécessairement impure) d’une culture nationale . Une culture vivante se nourrit d’échanges avec les autres, d’emprunts réciproques : cela donne des métissages féconds. Mais il ne faut pas confondre métissage et uniformisation, exception permettant une véritable diversité et multiculturalisme ou « world culture ».

Professionnels et amateurs

On s’accorde généralement sur le fait qu’une pratique culturelle personnelle favorise l’accès aux pratiques des autres. Dans le domaine culturel, la frontière entre amateurs et professionnels est souvent ténue. Les professionnels s’en inquiètent parfois, ce qui est compréhensible, mais probablement erroné : plus nous aurons d’amateurs, plus les spectacles professionnels attireront le public. Développer la pratique culturelle est sans doute l’une des carences les plus voyantes des politiques culturelles publiques.

Cette carence est en partie, mais en partie seulement, masquée par de nombreuses associations qui agissent dans le champ culturel. Nombreuses, ce qui démontre que l’envie est présente, mais pauvres, ce qui limite leur impact. Dans ce champ du développement des pratiques culturelles, l’école, une fois encore, a un rôle à jouer. La pauvreté des activités culturelles dans nos écoles, et plus encore dans nos lycées et universités, ne favorise évidemment pas les pratiques culturelles. Les résultats de ces manques de « culture de la culture » sont parfois surprenants. Ainsi, voici quelques mois, un magazine sur le cinéma, couleurs et papier glacé, était édité à l’initiative d’un groupe d’étudiants de diverses universités. Louable initiative ? Tout à fait, mais 90% de la revue était consacrée aux « blockbusters » américains. Cela payait sans doute la quadrichromie et le papier glacé, mais pour quel impact culturel ?

Les discours sur la culture, et les pratiques culturelles, comme facteurs d’intégration et d’éducation à la citoyenneté ne manquent pas. Trop souvent, on en reste au discours.


Commentaires

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jeudi 15 janvier 2009 à 23h23 - par  HIPHOP
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