GAUCHES : LA SAISON DES CONGRES : PCF ET MRC, PLUS LA CONVENTION DE PRS
popularité : 1%
Attention, on ne joue pas dans la même division. Ici, un congrès étonnant dans sa forme, sérieux dans sa maturation, là le tradi-plonplon, un texte unanime et la litanie des interventions des « chefs ».
Le Cactus était invité au congrès du PCF, pas à celui du MRC, mais nous y avions des espions, et participait à la convention de PRS.
PCF d’abord. Nous l’avions déjà indiqué, les textes préparatoires ne divergeaient guère sur le fond. Deux points marquaient des différences la question de la candidature communiste à l’élection présidentielle et celle de l’identité communiste aujourd’hui.
Le premier est connu. La direction du parti met la question de la candidature en débat au sein de la gauche antilibérale en ces termes : il faut d’abord s’entendre sur le principe d’une candidature commune, donc sur un projet commun, et ensuite proposer, à l’automne, que cette candidature « polyphonique », où chaque composante serait représentée, soit portée par un-e communiste. Les opposants tenaient pour une candidature immédiate. Battus démocratiquement, les opposants.
Le second point n’a guère intéressé les medias. Dommage, comme d’habitude. Qu’est-ce qu’être communiste aujourd’hui est pourtant une question intéressante. Qu’est-ce qu’être socialiste aussi, d’ailleurs, mais ce ne semble pas être à l’ordre du jour du PS. Les communistes en ont débattu. Certains en réduisant le débat à des questions formelles (petit concours entre textes minoritaires sur le nombre de fois où le nom de Marx est cité). D’autres, plus nombreux mais parfois les mêmes, en poursuivant leur interrogation sur l’ex « socialisme réel » et/ou les fourvoiements de la participation du PCF à des gouvernements socio-libéraux.
La gauche souffre des fourvoiements, voyez-vous : Staline a dévoyé et démonétisé le mot communisme, les socio-libéraux ont de même, en moins sanglant il est vrai, avec le mot socialisme. Et soyons justes, seul, en France, le PCF a poussé loin l’autocritique. On attend encore, et sans doute pour longtemps, le bilan que Jospin devait tirer des dérives du mitterrandisme, et celui que le PS devait tirer de l’échec de Jospin. Quant à Chevènement, voir plus loin. Quant aux trotskistes, nous avons le sentiment qu’ils sont tant occupés à faire la critique des autres que le temps leur manque éternellement pour aborder la leur. Se remettre en cause demande un certain courage. Saluons. Le travail du PCF sur son identité n’est pas clos, il est difficile, donc intéressant.
Le texte final du congrès a été adopté à une large majorité. Il a fait l’objet d’une travail dans les sections du parti et d’un travail pendant le congrès, en petits groupes (les « ruches ») et jusqu’en plénière, où les délégués de base pouvaient jusqu’au dernier moment mettre au vote des amendements. Un texte final sérieux, on l’a dit, qui a le souci de faire des propositions réalistes. On n’y cherchera certes en vain un grain de poésie ça et là, mais nobody’s perfect.
Nous avons retrouvé Marie-George Buffet, invitée à un meeting en duo avec Jean-Luc Mélenchon, en intermède de luxe à la convention du club de celui-ci. Pour la République Sociale. En invités lors des débats, quelques figures de la « gauche du Non », parmi lesquels C. Picquet (LCR), Claire Villiers et Pierre Cours-Salies (Alternatives Citoyennes), E. Coquerel (Mars), E. Zuccarelli et H. Pena-Ruiz. Comme il y a des cactusiens membres de PRS, nous étions bien sur représentés. Tout ce petit monde converge, avec des nuances bien sur, mais, par exemple, il eut été bien difficile de distinguer des divergences entre les interventions de J.L. Mélenchon et de M.G. Buffet. De quoi rendre radieux notre estimé directeur de la publication, lui qui est à la fois membre de PRS, d’Alternatives Citoyennes, du Mars, a d’excellentes relations avec Milou Zuccarelli depuis 25 ans et, si vous voulez mon avis, est plus que proche du PCF. Et quand son directeur de publication est content, on est content aussi. La convention a accouché d’un Manifeste solide, où on retrouve, et c’est tant mieux, bien des élements qui figurent dans le projet de Charte alternative au libéralisme des Collectifs du 29 mai, où se retrouve presque toute cette patente, comme on dit au Québec.
Changement de décor, congrès du MRC. Troupes réduites, orateurs habituels, texte unique, amendements déposés à l’avance et soigneusement triés par une commission des résolutions très représentative de la direction, score soviétique. Ici, la remise en cause est inconnue, et inutile puisque par définition le MRC a toujours raison. Comme d’habitude, le texte est ficelé, avec talent, par Jean-Yves Autexier, qui propose une nouvelle version des mêmes thèmes que d’habitude, en as du remake. Georges Sarre, chef-adjoint, en profite, disent les mauvaises langues, pour virer quelques amis de Jean-Luc Laurent, ex chef-adjoint, qui connaît pourtant bien la musique des vidages et en appelle en pleurant au chef suprême. Celui-ci ne s’abaisse pas à ces vicissitudes, tout occupé à tresser des lauriers à Laurent Fabius. Qu’on se le dise, Jean-Pierre Chevènement ne sera candidat que si Fabius ne l’est pas. Le dit-il pour de vrai, ou plus prosaïquement pour ne pas désespérer ses petits camarades ? Le problème, pour lui, c’est que ça ne semble pas intéresser grand monde hors le MRC.
Un mot taquin non pas sur le PS, mais sur ses « présidentiables », encore qu’il soit difficile de distinguer l’un des autres : un, justement, qui a du être fatigué à force d’accolades, c’est Romano Prodi, le leader de centre-centre-gauche-centre italien, devant la cohorte des présidentiables socialistes français venus, presque chaque jour, le « soutenir », espérant en fait un écho dans Le Monde ou à défaut au moins dans leur journal local. Un peu ridicule, non ?
Commentaires