THURAM PRESIDENT !?!?
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Lilian Thuram est un drôle de type. Sportif couvert d’honneurs, ne défrayant aucune chronique pipole au bras d’une girl épicée ou cover, réputé pour son fair play imperturbable, loin des coups de boule, membre d’une instance un peu somnolente, le Haut Conseil de l’Intégration, machin alibi que l’on n’entend guère tandis que les chasses aux enfants, et pas qu’aux enfants, replongent notre pays dans les miasmes d’une époque, l’Occupation, qu’on espérait révolue. Sauf que Thuram, lui, on l’entend. Régulièrement, sans effet de manche mais avec une redoutable rigueur dans le propos et dans les idées. Sarkozy cause racaille et kârcher cet hiver. Thuram contre, et explique. Le Pen met en doute la « francité » de l’équipe de France, et Thuram le renvoie dans ses buts, c’est le cas de le dire, toujours calme, courtois, toujours implacable : « je ne suis pas noir, M. Le Pen, je suis français ». On l’interroge sur la « lepénisation des esprits » ? Il répond qu’il y a plus grave, et c’est leur « sarkozysation ». Cela, Mme Royal, avec sa militarisation de l’ « intégration » et son « ordre juste », est incapable de le dire. Les autres « présidentiables » socialistes non plus, tant est phénoménal leur talent pour banaliser jusqu’aux choses justes qu’il leur arrive -parfois- de dire. Et les porte-paroles de la gauche antilibérale sont tellement snobés par les médias que ce qu’ils diraient s’ils le disaient est à peine audible.
Cette gauche qui construit peu à peu les fondements programmatiques d’une alternative au libéralisme apparaît en peine de leadership. De temps à autre, la presse nous entretient des entrechats des « trois B », Olivier Besancenot, José Bové, Marie-Georges Buffet, voire de quelques outsiders. Aucun nom, à ce jour, ne recueille l’assentiment général. Tandis que Thuram...
Nous avons, parce que nous sommes taquins, testé l’hypothèse « Thuram président » auprès d’un échantillon, restreint, de figures de la gauche antilibérale, avec un petit couplet sournois préparé à l’avance : vous voulez un candidat capable de tenir tête à Sarkozy ? Thuram. Vous voulez un candidat qui ne soit pas le prisonnier d’une organisation politique ? Thuram. Vous voulez un candidat qui soit représentatif de la diversité de notre population ? Thuram. Vous voulez un candidat qui coinnaisse de près ce qui se passe dans les cités et les quartiers, parce qu’il en vient ? Thuram. Réaction quasi unanime de nos interlocuteurs en trois temps. Stupéfaction d’abord, car on sort du champ politico-syndicalo-associatif. Réflexion ensuite : on comprend aux regards et aux silences que l’idée tourne dans les têtes, du genre, tiens après tout c’est pas con, effet sans doute du petit argumentaire appât. Puis le ressaisissement : « oui, mais c’est pas possib’ ». Ce qui est possible, c’est que Lilian Thuram, exemplaire sur la défense des libertés, ne soit pas un thuriféraire convaincu de la nécessité d’une alternative au libéralisme. Ce qui est possible et même peut-être probable, c’est qu’il ne soit en aucune façon intéressé à prendre des responsabilités politiques. Mais, en mettant de côté si l’on veut l’histoire présidentielle, est-ce que ça ne vaudrait pas le coup que les copains des trois B discutent un bout avec Thuram. Ce serait bien d’avoir Thuram avec nous, non ?
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