LIBAN : LA GUERRE...
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Un mois maintenant qu’un pays, le Liban, est méthodiquement détruit. Un mois que souffrent des familles qui ont perdu des parents, qui comptent leurs blessés et leurs morts, qui ont du fuir leur domicile, souvent réduit à un tas de gravats. N’oublions pas dans ce navrant bilan les drames vécus par des familles israéliennes et palestiniennes.
Tandis que la guerre se poursuit, la « communauté internationale » s’agite. De l’ébouriffant ballet diplomatique surgit un projet de résolution franco-américain d’ores et déjà rejeté par le Liban, tous partis confondus. La France ne sort pas grandie de cet épisode. Il ne fallait en effet pas être grand clerc pour prévoir la réaction libanaise : le projet ne prévoit ni le retrait des troupes israéliennes du territoire libanais, ni échange de prisonniers (quelques centaines de libanais en Israël, trois israéliens au Liban). Ce « compromis » entre les positions françaises et américaines apparaîtra pour ce qu’il est : la prééminence des Etats-Unis y est clairement mise noir sur blanc. Et nous nous étonnons du pesant silence d’une partie de la gauche, notamment le Parti Socialiste, non seulement sur cette affaire de résolution (que seul, à ce jour et à notre connaissance, le Parti Communiste a dénoncé), mais plus globalement sur le conflit en cours
Nous ne jouerons pas ici sur l’échiquier du bien et du mal, des « bons » et des « méchants » : il y a peu de place pour la morale dans une guerre. Que le Hezbollah soit un parti totalitaire, nous en sommes convaincus. Que la « riposte » d’Israël soit scandaleusement disproportionnée, c’est une évidence. Que le peuple libanais trinque, dans son ensemble, c’est inacceptable. Partout dans le monde, y compris et c’est heureux, en Israël, des citoyennes et des citoyens manifestent contre la guerre. Inutile ? Non, nécessaire.
Si le peuple libanais trinque aujourd’hui, c’est aussi (mais pas seulement) parce que ce pays a depuis longtemps été mis en coupe réglée par une oligarchie composée de puissantes familles qui se sont réparti les postes et les prébendes pendant des décennies, laissant le « petit peuple » dans une indigence croissante, privilégiant le commerce et les affaires aux infrastructures. Le Hezbollah s’est développé en tirant parti de cette situation, se substituant auprès de la communauté chiite (la plus nombreuse, la plus pauvre) à un Etat défaillant.
Dans ce drame, nous avons le sentiment qu’Israël n’est qu’un pion, un pion consentant certes, très coopératif même, dans la stratégie américaine de « remodelage démocratique » de la région. Combien de victimes innocentes faudra-t-il pour asseoir la démocratie à la mode américaine ? Démocratie de l’affairisme, en fait, comme on le voit aussi vers Cuba : à peine Fidel Castro hospitalisé, le Département d’état souhaite une « transition démocratique » et les « investisseurs » frétillent.
Après l’Afghanistan, l’Irak, le Liban, le risque est grand que l’embrasement s’étende. La Syrie se dit prête, et même volontaire, pour une guerre « régionale ». Effet de manche ? Coup de menton ? Pas si sur. La « guerre des civilisations » annoncée par Samuel Huntington est-elle en marche ? Elle a en tout cas fait un pas de plus. Et faisons tomber les masques : cette guerre dite des civilisations, prenons-la pour ce qu’elle est : une guerre de religions. Formidable régression qui prouve, a contrario, que la laïcité que d’aucuns considèrent comme désuète demeure un puissant outil de paix, de concorde.
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