Chirac au Chili
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Quand un Président de la République Française se rend à l’étranger, il consacre toujours un moment pour s’adresser à la communauté française présente dans le pays. Le Grand Jacquot n’a pas fait exception en venant à Santiago. Alors, comme ça s’est passé au lycée Antoine de Saint-Exupéry, où j’exerce, il fallait bien que je vous en touche un petit mot, le tout vu par le petit bout de la lorgnette, bien entendu. D’abord, branle-bas de combat pour les préparatifs : immense tente pour abriter la réception au cas où il pleuvrait, tonte de la pelouse, installation des lignes de force électriques, préparation du buffet et des tables garnies de fleurs et tout le bataclan. Heureusement d’ailleurs qu’il n’a pas plu car je n’aurais pas donné cher de la solidité de la fameuse tente... Curieusement, les services de sécurité sont quasiment absents, comme si, finalement, Jacquot n’intéressait plus personne. Alors, à la fameuse réception, on fait entrer les petites gens que nous sommes par la porte de derrière. J’allais dire, de service. À l’entrée, vérification d’identité, quand même, et on s’assure également qu’on n’a pas caché une Kalaschnikov dans le pantalon. On poireaute un peu plus d’une heure et il arrive, précédé de cinq ministres qui se rangent au bord de l’estrade avec des tronches de premiers de la classe, Douste-Blazy, de Robien, MAM, Breton et Loos.
Vient alors le discours éculé de la France qui gagne, du mérite des entrepreneurs qui s’expatrient, de la présence de la France dans le monde et même, surprise, de la valeur des enseignants français à l’étranger. Alors là, on bombe le torse car on vient d’apprendre qu’on existait et qu’on était bons. On apprend, notamment, que la France occupe le deuxième rang des pays investisseurs à l’étranger après les États-Unis ! Ramené au nombre d’habitants, peut-être, mais ça, il ne l’a pas dit. Bref, le discours an-ti-mo-ro-si-té par excellence. S’ensuit une longue litanie sur les liens de la France et du Chili, les heures sombres de la dictature et le retour à la démocratie, l’encensement de Michelle Bachelet, le rôle des femmes en politique (on imagine facilement qu’il doit penser à MAM et pas à Ségo ou à Marie-Georges) et son gouvernement de parité femmes-hommes, le soutien du Chili à l’ONU contre la guerre en Iraq et en faveur de la taxe sur les billets d’avion, un soutien à peine masqué à Chávez et Morales et le processus d’intégration en Amérique Latine. C’est que, voyez-vous, Jacquot est un grand révolutionnaire ! Pendant tout ce temps, Douste est tourné, en bon fayot, vers le Grand Jacquot, MAM se délecte de chacune de ses paroles et Breton est dans le vague mais ça, ce n’est pas nouveau. On n’a rien entendu sur les banlieues, le CPE, Clearstream ou l’amnistie de Guy Drut. Tout ceci est tellement secondaire... Puis vient la Marseillaise chantée par la chorale du lycée menée par mon ami Patricio Peters. Alors là, j’applaudis, c’est la première et dernière fois.
Jacquot reçois des fleurs et s’en va serrer la main de tous les membres de la chorale puis après la photo de famille s’engouffre dans la foule. Ah, il aime ça serrer les paluches ! Il faut dire aussi qu’il a devant lui à un bon public puisque l’UMP fait ici un excellent score à toutes les élections. Une fois Le Grand Jacquot parti vers de nouvelles aventures, le buffet s’ouvre et on joue un peu des coudes pour y accéder mais ça reste très raisonnable. Ce qui est réconfortant alors est que l’on peut converser avec des gens bien comme mon grand ami Eduardo Peralta, qui traduit à merveille et chante Brassens en espagnol ou bien Angel Parra, le fils de Violeta, qui va lui aussi enregistrer un CD de Brassens. C’est que, nous aussi, on connaît la musique !
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