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MOYEN-ORIENT : UN RISQUE DE GUERRE GENERALISEE

Par François Esquer
samedi 5 août 2006
par  François Esquer
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Chacun d’entre nous a d’abord été effaré face à la brutalité de la reprise de la guerre au moyen orient, enclin à l’écoute des arguments développés dans les médias et donc été a priori sensible à la pression idéologique qui s’exerce sur tous. Elle renvoie les parties dos à dos. L’action de l’une est présentée comme provocatrice et initiatrice, celle de l’autre comme réactive mais disproportionnée d’où l’idée apparemment logique visant à diligenter une force internationale visant à rétablir la paix au Liban en se substituant à l’armée d’Israël en vue de protéger ses frontières contre les provocateurs qui les menacent et les attaquent. Ce discours s’appuie sans vergogne sur le juste rejet qu’inspirent aux républicains progressistes les islamistes du Hezbollah, il est répété à longueur de temps, martelé en permanence, décliné de toutes les façons et finit par avoir comme un air d’évidence tellement universel d’un besoin d’interposition qu’il en devient on ne peut plus suspect si l’on y réfléchit un peu plus.

Curieuse guerre quand même. Elle est menée sur deux fronts cette fois, aux confins d’Israël, officiellement contre le Hamas d’une part, le Hezbollah d’autre part par la volonté d’un gouvernement certes confronté aux résistances en œuvre en Palsetine, notamment à Gaza, comme au sud Liban. En fait, les images télévisées montrent assez que les bombardements sont peu discriminants et visent la totalité des infrastructures tant dans la bande de Gaza qu’au Liban. Toute forme de rhétorique mise à part, Israël fait la guerre à deux Etats, celui du Liban comme celui, embryonnaire, de Palestine. Sa puissance, confrontée à leur faiblesse lui permet de mener les deux guerres en même temps et la question se pose d’en comprendre les objectifs. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que l’éradication totale des deux mouvements incriminés ne peut pas être réalisée en raison de leur caractère à la fois politique et religieux, à moins d’imaginer un double génocide couronné de succès ; cet objectif n’est pas politiquement soutenable, il faut donc qu’il en existe d’autres.

Ce n’est pas une guerre nouvelle mais la répétition d’affrontements plus anciens déjà intervenus dans cette région martyre du bassin oriental de la Méditerranée. Les conditions qui y concourent ne sont pas nouvelles. Les prétextes invoqués par Israël pour tendre à justifier le conflit et le recours aux armes les plus modernes et destructrices auraient pu tout aussi bien être mis en avant des semaines ou des mois auparavant. Il n’a jamais manqué de s’en produire régulièrement depuis des années donnant ainsi lieu à de multiples tractations et à des échanges occasionnels de prisonniers entre l’Etat d’Israël et tel ou tel de ses multiples ennemis. Ces derniers sont comme chacun sait des organisations politico militaires à caractère souvent religieux particulièrement faibles et émiettés en forces divisées et rivales entre elles, manipulables et manipulées par toutes les puissances étatiques intéressées à l’équilibre politique mouvant de la région. Ce qui se passe en ce moment pouvait se produire à tout moment dans le passé récent. Pourquoi maintenant ?

Il suffit de regarder une carte et se rappeler les échecs américains de la guerre en Irak. Il faut aussi se souvenir comment les syriens ont été tardivement contraints à se retirer d’urgence du Liban voici quelques mois à la demande conjointe de la France et des Etats-Unis. Ce faisant, ils ont provisoirement échappé, de justesse, à la guerre destructrice dont ils étaient menacés de manière imminente. Leur départ a aussi rendu possible l’agression actuelle ce qui était sans doute le seconde motif stratégique de l’urgence invoquée à ce moment au prétexte frauduleux du scrupuleux respect de l’indépendance du Liban dont on voit bien aujourd’hui qu’elle ne préoccupe guère les responsables américains face à Israël. En fait, ils en instrumentalisent encore l’argument rhétorique en vue de justifier la contribution de la France et de l’Europe à la marge de leur projet global ne serait-ce qu’en tant que force efficace d’interposition et de protection armée de la frontière nord d’Israël, en relève de fait de troupes dès lors libérées au service d’autres taches.

Supposons qu’Israël repousse le Hezbollah de 10km vers le nord et voit ses troupes amicalement remplacées par des forces européennes « robustes », donc destinées à combattre en défense de ses frontières, qu’évoque le ministre de la Défense français ; tout en pratiquant l’élimination physique de tous les militants du Hamas jusqu’à structurer un archipel discontinu de « bantoustans » palestiniens contrôlé de bout en bout. Israël bénéficierait alors d’un bouclier européen armé dans le nord, d’un glacis territorial politiquement et militairement stérilisé, totalement dominé dans le sud, accompagné de quelques autres ghettos palestiniens isolés, hermétiquement clos sur eux mêmes, disséminés et parfaitement surveillés à l’aide des techniques les plus modernes.

Il aurait surtout les mains libres face à la Syrie, au service de la stratégie de remodelage du grand proche orient du gouvernement américain dont la guerre menée en Irak n’est de son propre aveu que la première étape. Il s’en suivrait même une disponibilité à l’agression à l’encontre de l’Iran si le besoin s’en faisait sentir c’est à dire si le désir belliciste américain par Israël interposé devenait irrésistible au sein de l’administration américaine. Au fond, tout se passe comme si Israël n’avait pas de véritable objectif de guerre autonome et immédiat autre que de jouer loyalement son rôle de force supplétive des Etats-Unis déjà bien occupés en Irak et en Afghanistan, en menant la guerre contre ses voisins tout en profitant de l’opportunité qu’il pense y trouver d’accroître sa puissance militaire sans oublier son espoir permanent d’élargir son territoire en toute occasion. Le peuple israélien n’a rien à gagner à une telle politique qui tend à faire de son armée un mercenaire zélé de l’Amérique en lutte permanente avec tous les peuples de la région. De même le peuple libanais n’a aucun intérêt à laisser les mains libres aux milices du Hezbollah tandis que le peuple palestinien aurait tout intérêt à renforcer son Autorité dirigeante largement affaiblie par l’agression israélienne.

La France et son peuple n’ont ni intérêt ni vocation à se compromettre, suppléer et remplacer les forces israéliennes répressives au sud Liban. Ils ont un devoir d’aide et de présence active dans la reconstruction des forces armées de l’Etat au Liban, seule autorité en droit légitime de dissoudre la totalité des milices partisanes encore présentes sur son territoire, y compris celles du Hezbollah qui doivent être intégrées dans l’armée libanaise en échange d’une évacuation de la totalité du territoire libanais par Israël puisque c’est cette revendication qui justifie la maintenance de leur existence. Il en va de même à Gaza dont le territoire doit être policé par l’Autorité Palestinienne elle-même avec l’aide et la contribution du monde entier à l’exception d’Israël, qui doit s’en retirer pour ne plus jamais y revenir.

La France doit utiliser son poids spécifique en Europe pour peser en faveur d’une juste paix, respectueuse des droits de tous les peuples du Moyen Orient, refuser la logique de guerre dans laquelle les Etats-Unis entraînent leurs alliés traditionnels en poussant les militaires israéliens aux pires agressions. Les progressistes doivent certes se joindre aux appels répétés en faveur d’un cessez le feu, ils doivent aussi expliquer les pièges et faux fuyants des propagandes occidentales apparemment les mieux intentionnées en revenant aux principes fondamentaux : la communauté internationale doit exiger l’arrêt des bombardements et se porter au secours de l’Etat libanais et de l’Autorité Palestinienne afin qu’ils règlent leurs problèmes eux-mêmes. C’est à chaque peuple et à personne d’autre de gérer son propre destin.

François Esquer est membre du MGER (Mouvement de la gauche écologiste réunionnais)


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