DU MAROC AUX CITES
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DU MAROC AUX CITES
Par Florence Bray
Au Maroc, où il fallait être avec Le Raïs Moubarak, le Ministre de Villepin, Le Grand Homme du Pôle Républicain en cette dernière Toussaint - et où donc se trouvaient une banquisarde - aussi frisés qu’on ait les cheveux bruns et aussi naturel que fuse le « salam ‘ale koum » au rythme du souk, on ne trompe personne sur son identité quand manque l’histoire commune qui fait les existences communes. On intéresse, on surprend, on flatte, on touche seulement, et cela ne fait pas de mal, ceux qu’on a souhaité ainsi retrouver dans un univers partagé, mais tout reste à dire après l’approche.
Cette démarche de la couleur locale n’est pas sans évoquer celle des nôtres gouvernants quand ils serinent qu’il faut en politique parler à tous les citoyens, quitter les cercles de la gentry pour s’immerger dans toutes les Frances également, afin que chacun se sente représenté par l’Etat, de la téci à la fermette : qui pourrait aller contre ? Mais un zoom sur le plus grand porteur de paroles auprès des petits, Nicolas Sarkosy, révèle des raccourcis : il ne se rend pas sur le terrain pour parler AVEC les citoyens, mais pour parler à leur place : « les victimes veulent qu’on parle d’elles », assure-t-il. Est-ce si sûr ? Peut-être voulaient-elles parler en leur voix de la cohabitation entre loubards, putes, manouches et retraités ou débarqués de l’industrie, plutôt que de subir un discours prêt à l’emploi qui a stérilisé les débats en étiquetant chacun, en séparant tous, sans résoudre aucune des implications de la diversité socio-économique forcément complexe mais constitutive de la Cité depuis toujours. Une conception de la concertation et du dialogue bien directive, qui réduit au silence et augmente les frustrations et les malentendus sur le long terme. Une autre ritournelle de saison suggère non plus de se mettre à l’écoute mais à la portée de chacun : la langue sera simple, mais qu’aurons - nous à dire ? Un « salam » ouvre une telle impatience de la suite... peu de gens adultes se contentent longtemps d’être reconnus, et beaucoup se demandent après les salutations pour quoi on est venu leur parler. Il faudrait éventuellement leur montrer qu’on réfléchit sur le fond, aussi, qu’on innove, qu’on essaie, bref, qu’ on « travaille », non ? C’est ce mot qu’emploient les Marocains pour dire tout le bien qu’ils pensent de Leur Majesté Mohamed VI, d’ailleurs.
A traîner dans un Maroc détendu et franchement serein à la ville comme à la campagne, après l’élection de plein de femmes derrière un monarque qui a offert le visage de la sienne à son peuple, une véritable première dans le royaume, qui ranime le monde arabe en bourlinguant du Qatar à la Tunisie, qui bataille face à l’Espagne sans fléchir, qui ancre son jet ski sur la plage publique, et se faufile avec art entre les mailles du réseau conservateur dont personne ne méconnaît la puissance, on peut deviner ce qui répond à l’attente du plus grand nombre : la liberté de croire au changement et au mouvement dans l’histoire, à l’inverse de la fossilisation que fabrique l’UMP. « - Quoi de neuf en France ? - Des délits... ».
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