TRIBUNE : POUR UNE NON-CANDIDATURE UNITAIRE EN 2007
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En dépit des efforts déployés depuis des mois en vue d’une candidature unique issue du Non de gauche, il serait peut-être plus judicieux de lancer un appel à une non-candidature unitaire de la gauche anti-libérale à l’élection présidentielle de 2007.
Un an après notre succès au référendum sur le TCE, le constat est malheureusement celui d’une relative incapacité à prolonger la dynamique du Non de gauche. La structuration est lente, conflictuelle, incertaine. Malgré les bonnes intentions affichées, il est évident que nul ne voudra céder la place à l’autre pour porter un message pourtant presque identique dans la prochaine campagne. Même si les communistes, les trotskystes de la LCR, les écologistes les plus à gauche et les alternatifs et altermondialistes parvenaient à cet exploit, le ou la candidat(e) n’empêcherait ni le PT, ni Arlette Laguiller ni Jean-Pierre Chevènement d’être eux-mêmes de la partie. Le score risquerait fort d’être décevant, et même de signer la fin du Non de gauche. Aussi, plutôt que de poursuivre une chimère pour une simple candidature de témoignage (car le vote de 2007 aura la mémoire du 21 avril 2002, et se concentrera sans doute sur les candidats PS et UMP), plutôt aussi, autre écueil, que de présenter une multitude de candidatures condamnées à la marginalité et à la ruine financière, il serait préférable de faire l’impasse sur la présidentielle, et de ne pas présenter de candidat issu des comités du 29 mai.
Cette proposition radicale a certes quelques inconvénients. D’abord, celui de ne pas figurer dans le débat médiatique au plus fort de celui-ci. Ensuite, celui de devoir serrer les rangs jusqu’au bout en matière de consigne de vote, les candidats des courants précités (PT, LO, MRC) se trouvant de plus en position favorable pour capter l’électorat que les composantes principales des comités du 29 refuseraient de briguer.
Les avantages l’emportent cependant. Le premier est de ne pas se déchirer publiquement, comme le PS ou l’UMP, sur des questions de personnes, ce qui porte atteinte à la crédibilité des intéressé(e)s et des partis qui les soutiennent, renforçant la méfiance de l’électorat envers les motivations de toutes les forces politiques. Le deuxième est de faire de substantielles économies, surtout par rapport à l’hypothèse de plusieurs candidatures - dont aucune, on peut le craindre, n’atteindrait 5% - bien mieux employées dans la campagne des législatives. Le troisième est une situation assainie pour que les partis tenants du Non de gauche et les comités locaux du 29 mai désignent sereinement et précocement les candidats aux législatives : 577 candidats seront moins difficiles à désigner qu’un seul ! Et gardons bien à l’esprit qu’après s’être entre-déchirées au cours de la campagne présidentielle, les forces antilibérales aborderaient plus divisées et affaiblies que jamais les élections législatives. Le quatrième est le plus important, c’est le côté pédagogique et quasi subversif de mener une campagne législative en pleine campagne présidentielle.
Les formations qui discutent aujourd’hui d’une candidature anti-libérale commune à la présidentielle sont en effet toutes opposées au présidentialisme du régime, toutes plus ou moins parlementaristes. C’est le moment, alors que la révision constitutionnelle est dans tous les discours, de s’affirmer sur ce point. Il faudrait mener une campagne législative longue (près de six mois), permettant de familiariser l’électorat de circonscription avec les candidats unitaires, une campagne de fond qui finirait par peser sur le débat présidentiel parallèle, par y imposer ses thèmes, et développer l’argumentation constitutionnelle juste selon laquelle le président de la République ne peut mener sa politique sans majorité parlementaire, et que le vrai pouvoir est donc à l’Assemblée nationale. D’une pierre, deux coups : affaiblissement du césarisme, préparation optimale des élections législatives.
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