REGARDS SUR LE PS : A DROITE TOUTE

Par Jean-Luc Gonneau
lundi 11 décembre 2006
par  Jean-Luc Gonneau
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Le scrutin qui a désigné Ségolène Royal a fait l’objet de beaucoup de commentaires, et ce n’est pas fini. Nous en tirerons, quant à nous, un enseignement majeur : le glissement du Parti socialiste vers la droite de la gauche se poursuit, et s’est même accéléré. Le renoncement de Ségolène Royal à beaucoup de valeurs du socialisme, le positionnement social-démocrate, en fait à la droite de la social-démocratie européenne, de Dominique Strauss-Kahn ont reçu l’approbation de plus de 80% des adhérents.

Ségolène Royal, tout au long de cette campagne interne, s’est assise sans grande précaution sur le programme, déjà bien timoré, de son parti, tout en s’y référant constamment. De la militarisation de l’encadrement de jeunes trublions, qui fleure bon son sarkozysme, à la remise en cause de la carte scolaire, qui touche au principe d’égalité, nous avons assisté à une mise en pièce de l’édifice programmatique du PS. Il est vrai que le cas n’est pas inédit : bien des candidats socialistes, par le passé, ont pris quelques libertés avec le programme du parti (on se souvient du « mon programme n’est pas socialiste » de Lionel Jospin en 2002). Cette fois, c’est à partir de prises de positions opportunistes, inspirées par les sondages, que le programme est mis à mal.

La ligne politique de Dominique Strauss-Kahn avait, par rapport à Ségolène Royal, le mérite d’une cohérence certaine. Mais la « social-démocratie moderne » dont il veut porteur est bien plus proche de celle de Tony Blair que de celle des scandinaves. Plutôt qu’une ligne social-démocrate, c’est bien de social-libéralisme qu’il s’agit.

Dans cette compétition, Laurent Fabius, dans la continuité de sa prise de position au moment du référendum européen, a voulu incarner une ligne de gauche, ce que son passé politique plus lointain ne rendait pas commode. Les adhérents du PS ne l’ont pas, c’est le moins qu’on puisse en dire, suivi.

Les adhérents en question, comme on le sait, comprenaient un fort contingent (près de la moitié) de nouveaux adhérents « à 20 euros ». Il semble qu’ils aient massivement choisi Ségolène Royal. Sans doute s’agissait-il de suivre les indications de sondages qui la présentent comme la seule capable, à gauche, de battre Nicolas Sarkozy, probable principal candidat de la droite. Peut-être est-ce aussi une réaction d’une partie de la « bourgeoisie éclairée » contre le Non au référendum européen : les quelques analyses dont nous disposons sur ces nouveaux adhérents font apparaître une prédominance d’une classe moyenne relativement aisée et très majoritairement « ouiste ».

Faut-il, suite à cet épisode, désespérer du PS ? Nous ne voulons pas ici faire injure à celles et ceux qui, membres de ce parti, restent, comme on dit « ancrés à gauche ». Il y en a, même probablement parmi ceux qui ont voté Ségolène Royal en pensant faire œuvre « utile ». Et ne confondons pas la direction du PS et ses électeurs, ni l’ensemble de ses adhérents. Il demeure que la gauche du PS a pris un sérieux coup sur la tête, et demeurera hors jeu dans les choix du parti pour un long, très long moment. Au moins qu’on peut se demander, mais nous ne sommes pas à leur place, s’il est bien raisonnable, pour eux, de rester dans ce truc là. Il faut reconstruire à gauche. C’est ce que tente le rassemblement alternatif au libéralisme, et la gauche du PS y est bienvenue.


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