BILLET DUR
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Il y aurait bien de quoi désespérer, malheureusement le temps va nous manquer si vite que nous risquons de nous retrouver en rupture de stock de positions de rupture. Ce qui serait assez fâcheux. Surtout qu’il s’agit de ruptures d’opérette méridionale sur le thème : "Retenez-moi ou je vous fais une rupture".
Que Laurent Fabius félicite la candidate aux présidentielles désignée par son parti est de bon ton et ne nous surprend guère. Nous aurions pourtant préféré de loin qu’il dise boufre et merdre, et que sans pour autant se précipiter pour aller faucher le maïs OGM ou rouler une galoche à Marie-George, il s’engage de façon plus convaincante en prenant clairement ses distances avec un système qui ne lui a guère prêté ni rendu justice. S’il se sent rassembleur et disposé à l’être, sans doute serait-il surpris du soutien qui pourrait se mobiliser sur son nom. Maintenant qu’il a écrit sa lettre de château à la dame qui nage dans le bonheur.
Ceux d’entre nous qui avaient claqué la porte de la chapelle lorsque la dérive messianique du Maître (1) était devenue embarrassante n’ont pas eu vraiment besoin du billet de Marianne pour reconnaître le combat superflu. Ou alors est-ce vraiment qu’il n’y a plus rien à espérer en dehors des recyclages ? Sommes-nous donc comme le conseil municipal de cette bonne ville dont le nom m’échappe, prêts comme un seul homme à démissionner pour re-élire le fils prodigue retour d’exil ?
Ainsi, par respect des bienséances de classe (politique), on s’interdirait de pousser assez loin dans leurs retranchements les contradictions les plus flagrantes ? Nous attendrions pudiquement que les autres se déclarent avant de chuchoter fougueusement que nous aussi, pour peu qu’on ne nous demande pas notre avis, on te vous en causerait bien des ruptures, même qu’on sait bien avec qui on aimerait rompre mais aussi avec qui on s’allierait carrément ? Pour peu qu’on s’attache à y réfléchir (l’espace d’une rupture ?), on se rend bien compte que ce avec quoi il s’agirait de rompre (au plus tôt, citoyens, au plus vite, pour ne pas en sortir totalement disloqués et contents - ou comme l’affirmait James Baldwin : The fire next time) c’est bien ce cercle vicieux d’idées reçues et de bonnes manières politiciennes. Mettre un terme aux concours bêtes et méchants de qui est plus candidat que le candidat et qui est plus à gauche que le plus à gauche.
On aimerait bien en finir avec les lapalissades que Ségolène Sarkozy ou Nicolas Royal vont continuer à nous servir en guise de programme et de projet de société. Laissons-les à leurs faux semblants présidentiels (2) . La République sociale, laïque et démocratique que nous arracherons à l’ultra-libéral saura bien restituer au Parlement élu toutes ses prérogatives. Et peu importe si un rassemblement de couilles molles bobo-blairistes escamote pour un peu plus longtemps encore le débat. Le moment arrive pour tous ceux que la façon PS de substituer le plumage au ramage ne saurait satisfaire, de déclarer clairement qu’à gauche du consensus mou néo-plébiscitaire - avec ou sans personne providentielle - il y a les électeurs conscients de la force de leur bulletin de vote. Ils ont la ferme intention de se tailler la part du lion. Qu’on se le dise.
(1) Il s’agit de J.P. Chevènement (ndlr) (2) "D’un magistrat ignorant , C’est la robe qu’on salue." La Fontaine, livre V fable 13, L’âne portant des reliques
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