BATTRE LA DROITE : 30 ANS DEJA
par
popularité : 1%
Ces jours-ci je fête à titre personnel l’application du slogan “Battre la Droite”. C’est le trentième anniversaire. En 1981, je pensais bien que j’avais trouvé le fil conducteur qui m’aiderait tout au long de ma vie : faire des compromis, accepter de mettre en veilleuse mes convictions, attendre le moment opportun, accepter le pragmatisme, ne pas céder au « romantisme politique »...Bref, accepter que les possédants continuent de posséder (et ce de génération en génération, comme des nano dynasties), tandis que le talent, le travail, l’intelligence ne comptaient pour rien au regard de la puissance dominante, si ce n’est pour se mettre, tant qu’elle y a intérêt, à son service. J’acceptais donc que la société ne soit pas régie par l’effort mais dirigée par une minorité, qui s’autoproclame « élite » simplement car elle impose ses propres critères pour accéder à sa caste. J’acceptais en d’autre termes que certains sont nés pour dominer, indépendamment de leur qualité, tandis que d’autres sont nés pour subir. Une frange très marginale pense pouvoir passer d’une « classe » dans l’autre. Certains réussissent, les plus roués, ou des individus incroyablement doués, mais le système n’est manifestement pas bâti pour ce processus. Les privilégiés n’aiment rien de plus que leurs privilèges et ils ont une ingéniosité remarquable pour les conserver et les transmettre. Les plus retors de nos dirigeants disaient que l’on irait lentement mais sans heurts vers une société de possédants à peu près homogène où les rapports de force n’auraient plus lieu d’être. C’était ignoré que l’ivresse du pouvoir et de la possession n’a pas de limite et que les gens avides de ce pouvoir sont rarement les plus aptes à l’exercer, ils raisonnent en effet plus en fonction de leur « carrière » que du bien commun.
Encore faut-il que la « Démocratie » (qui se réduit de fait à une « votation » de temps à autre) soit en apparence respectée : d’où les divers trucs et slogans pour faire accepter l’inacceptable à la majorité. Il faut bien ne pas désespérer complètement les masses laborieuses, « Battre la Droite » est le slogan reconnu comme le plus habile pour arriver à ce résultat. L’âge conduit à la résignation ou à la sagesse (c’est à peu près la même chose) mais, grâce aux souvenirs elle permet aussi de ne pas retomber dans les mêmes pièges tendus par les mêmes personnes. Les ans peuvent alors conduire à une rébellion froide et déterminée qui n’a plus rien à voir avec la résignation.
Je prône, comme tout le monde d’après les dires mais jugeons sur les faits, l’abolition des privilèges. Ceci a été effectif une certaine nuit d’août mais il ne faut pas minimiser la capacité des Hommes à retourner à la « bestialité », c’est à dire à leurs intérêts personnels, matériels et immédiats, par des procédés étonnamment ingénieux. Je constate que depuis trente ans que les gens s’appliquent à « Battre la Droite », les inégalités n’ont jamais été aussi grandes et, ce qui est plus grave, autant revendiquées comme légitimes. On m’a souvent demandé la différence entre un « communiste » et un « socialiste ». À l’usage, je me suis aperçu que dire « communiste sincère » est un pléonasme alors que « socialiste sincère » est un oxymore. La différence n’est pas mince : les uns veulent changer le Monde, les autres veulent changer leur monde.
Très jeunes gens, un conseil, un seul, renseignez vous sur « qui a fait quoi » ces trente dernières années avant de vous déterminer dans un engagement. Pour être encore plus concret, il me semble qu’il faut de toute urgence arracher les pouvoirs de décision à une caste qui mêle le cynisme à l’incompétence. Un changement profond des institutions est indispensable : et, je ne crains pas de dire, qu’il est temps de redonner le pouvoir aux travailleurs.
Commentaires