MEMOIRES DE LA GAUCHE UNITAIRE : CHAPITRE 3 : LES ELECTIONS EUROPEENNES DE 2004
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Résumé des Chapitres précédents : Une boulette d’Yves Salesse fait exploser « Ramulaud » dès sa première manifestation nationale à l’orée de l’automne 2003...Pour les élections régionales de l’année suivante, se produit une (petite) avancée unitaire.
Dans la foulée des élections régionales vint la préparation des élections européennes en cette même année 2004.
La patte grasse de Jean-Pierre Raffarin (1) était passée par la case mode de scrutin. En régionalisant celui-ci, il condamnait les partis petits ou moyens au niveau du potentiel électoral à des miettes dans le meilleur des cas, et offrait un royal cadeau à l’UMP et au PS.
C’est dans ce contexte que se retrouvèrent les partenaires qui avaient négocié les maigres accords unitaires conclus lors des régionales, plus quelques autres, dont des revenants de l’époque Ramulaud, et le MRC de Jean-Pierre Chevènement. Réunions place du Colonel Fabien avec aux manettes, pour la délégation du PCF, Francis Parny, membre de la direction nationale. Autour de la table, outre le PCF, Alternative citoyenne, dont les représentants changèrent au fil des semaines, l’AGR (Gauche Républicaine), conduite par Pierre Carassus, les Alternatifs (Roland mérieux et Jean-Jacques Boislaroussie), la Fondation Copernic, non représentée officiellement, mais dont le président, Yves Salesse, et l’un de ses animateurs, Marc Mangenot, participaient aux négociations au nom de la « société civile », rien que ça. Le Mars, qui n’était pas à l’époque un parti mais une association, était là, avec Eric Coquerel, et le MRC participa à la première réunion, représenté par son secrétaire général d’alors, Jean-Luc Laurent, et Sami Naïr, député européen sortant.
Et le Cactus ?, crie la foule impatiente des lecteurs, le Cactus, il y était ? Rappelons d’abord à la foule impatiente qu’en ce temps là, je vous le dis, le Cactus était une jeune association composée principalement de membres de la gauche du MRC, très critique envers le positionnement du Che. Et que certains cactusiens étaient aussi au Mars, pour simplifier le tableau. Bon, et alors, gronde la foule de plus en plus impatiente, il y était, oui ou zut (nous ne sommes pas surs du « zut », la méoire a parfois des failles) ? Réponse ayant le mérite de la franchise : le Cactus y était d’une certaine façon indirecte. Grondements qui ne présagent rien de bon dans la foule. Mu par un sur instinct de conservation, précisons donc : Jean-Luc Gonneau, cactusien fondateur, et à l’époque membre et délégué national du MRC, participait à l’orgie en tant que Mars aux côtés d’Eric Coquerel.
Cela donna lieu à une scène comique. A la vue du cactusien fondateur, si Sami Naïr fut d’une courtoisie impeccable, Jean-Luc Laurent marqua, lui, une stupéfaction désapprobatrice, ce qui se traduit chez lui par un affaissement de la mâchoire inférieure, expression glanée peut-être en copiant un cours de première année de l’Actors’s studio mais qui, disons-le dans son intérêt, ne favorise pas son sex-appeal.
Passons sur l’anecdote et revenons, si on peut dire, à nos moutons. La première réunion tourna autour d’un sujet principal et quasi unique : la présence du MRC. En procureurs virulents, au nom de l’anti-souverainisme, Roland Mérieux, Yves Salesse et Marc Mangenot. En avocats magnanimes de la défense, au nom de l’union la plus large possible sur un compromis politique acceptable par tous, Pierre Carassus, Jean-Luc Gonneau, et Francis Wurtz, député européen PCF sortant, en faisant des tonnes sur ses excellentes relations et les combats communs avec son collègue Sami Naïr. Celui-ci joua habilement de cette complicité, mais ses efforts furent en partie anéantis par un Jean-Luc Laurent risquant un rôle de composition entre noble père outragé et vierge effarouchée qui, même avec une hypothétique première année d’Actor’s studio, était très au dessus de ses moyens, tout maire du Kremlin-Bicêtre qu’il est. Les procureurs virulents et inflexibles redoublèrent d’efforts : ce seraient eux (le MRC) ou nous. Ce furent « nous ». Quelques jours plus tard, le MRC annonça qu’il constituerait ses propres listes, ce qu’il fut, comme on pouvait s’y attendre, incapable de faire.
Les négociations se poursuivirent pendant quelques semaines. Du côté du PCF, il apparut rapidement que des listes unitaires ne seraient pas possibles partout, reproduisant ainsi la situation des élections régionales. Il apparut en conséquence que la proposition initiale de Pierre Carassus (une tête de liste régionale pour chaque composante hors PCF et les autres pour le PCF) avaient peu de chances d’aboutir. Ces apparitions à répétition eurent raison de la patience des Alternatifs. Malgré de réels efforts de la direction du PCF, il ne put être attribué, devant les résistances locales, une place (très) éventuellement éligible à Yves Salesse, qui l’espérait beaucoup.
Comme lors des élections régionales, c’est donc quasi exclusivement en Ile de France que put se constituer une liste « unitaire » incluant le PCF, Mars et Alternative Citoyenne, plus des représentants de la « société civile » surtout proposés par le PCF.
Quelques jours plus tard, les cactusiens et quelques autres membres du MRC appelaient, suite à un de ces mémorables banquets dont ils ont le secret, à soutenir les listes du PCF.
Quelques jours plus tard, le tsar du Kremlin-Bicêtre excluait les cactusiens, ce qui tombait bien, car ils n’avaient plus vraiment envie de rester. Et être exclu du MRC, c’est tout de même d’un chic...
Quelques jours plus tard, les résultats tombaient : une abstention record, une victoire large du PS due principalement au ras-le-bol anti Raffarin, la disparition du parlement européen du couple infernal LCR-LO, et trois députés pour le PCF en comptant large, c’est-à-dire en incluant le fluctuant élu réunionnais Paul Vergés.
(1) La mémoire des peuples ne résiste pas toujours au temps qui passe, et Jean-Pierre Raffarin est sans doute déjà bien oublié. Il demeure peut-être une vague image de premier ministre bonasse et provincial, une sorte de Bayrou enrobé. C’est très injuste. Jean-Pierre Raffarin ne fut pas bonasse du tout, mais au contraire un Premier ministre de combat qui à coups de privatisations (même s’il est vrai que Jospin et ses amis avaient ouvert la voie) et au nom d’une « nécessaire » régionalisation à mis en pièces des pans entiers de services publics.
De plus, les fins lettrés que nous sommes ne lui pardonneront jamais ses sentences tout droit sortis des plus misérables officines de « créatifs » publicitaires : les « raffarinades » dont nous fumes abreuvés pendant des mois ont contribué davantage qu’on pourrait le penser au discrédit du discours politique en le tirant vers le bas. Si les libéraux devaient ériger une statue à la gloire de la vulgarité, Raffarin serait un candidat sérieux pour lui prêter ses traits.
(à suivre)
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