LA FRANCE, TERRE D’ASILE, DE NICOLAS SARKOZY
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Pas de confusion, surtout. Ce n’est pas de l’association France Terre d’Asile, où nous avons de nombreux amis, quelques cactusiens et qui a bien du mérite de continuer à travailler par les temps qui courent dont nous allons vous entretenir, mais de la conception très particulière de la France, terre d’asile qui est celle de Nicolas Sarkozy. Tout récemment encore, notre « terreur des banlieues » (mais terrorisé à l’idée d’y mettre les pieds) a exulté une fois de plus, pétant d’autosatisfaction en évoquant un de ces résultats qui le gonflent d’orgueil (et dont il croit, le pôvre, que cette évocation dégonfle le score de Le Pen) : 38% en moins de demandeurs d’asile en France en 2006. Record d’Europe de la baisse. On a les records qu’on peut. Méfiance cela dit sur les chiffres : notre autoproclamé Laure Manaudou des records sécuritaires n’est pas très regardant sur les façons de chronométrer ses résultats. Et moins encore sur les méthodes pour les obtenir : le dopage généralisé de la police par la « culture du résultat » (oxymore en diable) est maintenant bien connu.
Revenons au droit d’asile. Il est maintenant établi que le nouveau « record » de notre nageur en eaux troubles est obtenu en prenant bien des libertés, si on peut employer le terme, avec la Convention de genève qui régit le droit d’asile, et dont la France est (pour combien de temps s’il est élu ?) signataire. Sur instruction ministérielle, et « culture du résultat » piquée au fesses, la police de l’air et des frontières n’est pas toujours très regardante sur les conditions de l’accueil d’un postulant à l’asile. Et les instances (OFPRA, CRR) en charge d’instruire les dossiers sont, comme par hasard, de plus en plus restrictives, au point que pour beaucoup d’observateurs, l’obtention du statut de réfugié relève davantage de la loterie que d’un examen attentif. D’où une multiplication de ce qu’on désigne avec pudeur dans la novlangue libérale avancée par l’expression « dommages collatéraux ».
Empruntons-en un exemple à notre éminent confrère Le Canard Enchaîné (numéro en date du 28 mars) : Elanchelvan Razemdram, citoyen sri-lankais, est arrivé en France en 2002, où toute sa famille avait obtenu le statut de réfugié politique. Débouté en 2003, il a été expulsé en 2005, et vient d’être exécuté chez lui, devant son épouse, par l’armée sri-lankaise. Voilà la France, terre d’asile selon Sarko. Ils sont jolis, les records de Sarkozy
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