APRES LE SCANDALE, LA HONTE

par Jean-Luc Gonneau
lundi 2 juillet 2007
par  Jean-Luc Gonneau
popularité : 12%

Il faut toujours se méfier des chouchous des puissants. Lors de la nomination de Patrice de Carolis à la tête de France Télévision, alors que son bagage télévisuel était bien maigre*, la presse avait largement fait écho aux amicales pressions exercées par "Bernie" Chirac, vous vous souvenez, la dame aux pièces jaunes. Question de look sans doute : Madame Chirac appréciait les gens bien mis et le cheveu court, pas le genre Luc Ferry, par exemple, pourtant, comme Madame, fieffé réactionnaire, mais trop long du capillaire.

Monsieur de Carolis, donc, a été blessé, le malheureux, qu’on puisse le soupçonner d’avoir cédé à des pressions politiques pour avaliser la suppression d’Arrêt sur images. Monsieur de Carolis n’a pas supporté, apparemment, que Daniel Schneidermann s’en fasse l’écho. Peut-être, en fait, n’y a-t-il pas eu de pression concrète. Il est possible qu’aucun ministre ou président n’ait exigé la tête de l’émission. Mais on connaît la chanson : le prince n’ a pas besoin de demander au courtisan, car celui-ci, par nature, court au devant de ses désirs, et même de ce qu’il croit être ses désirs.

On sait aussi que dans le monde télévisuel, Daniel Schneidermann, en dévoilant certaines de ses faiblesses ou turpitudes, ne s’était pas fait que des amis : on aura remarqué l’assourdissant silence (à peu d’exceptions près) des journaux télévisés, publics ou privés, sur cette affaire.

On convient aussi généralement que les motifs invoqués pour supprimer l’émission, qui figure parmi les bonnes audiences (modestes toutefois par rapport aux "grandes" chaînes, mais ne comparons que ce qui est comparable) d’une chaîne qui n’en compte pas tant que ça.

Dès lors, le licenciement pour faute lourde apparaît pour ce qu’il est : la vengeance d’un marquis poudré exaspéré par l’insolence prêtée à un manant. Manière de rapiat aussi, afin d’éviter de verser des indemnités au salarié chassé. Attitude méprisable, évidemment.

On sent bien que Monsieur de Carolis s’est engagé dans un processus irréversible : se déjuger maintenant le déconsidérerait plus encore, si cela est possible, en tout cas vis à vis de ses soutiens. Ce n’est pas une raison pour baisser les bras : il faut continuer de signer les pétitions de soutien qui circulent sur le net.

A ce propos, quelques uns se sont étonnés du fait que plusieurs pétitions(trois à notre connaissance) circulent. Pour ce qui nous concerne, Cactus/La Gauche ! a lancé la sienne au même moment qu’une des deux autres, et il était alors difficile d’"arrêter la machine". Il ne s’agit évidemment pas de concurrence et nous sommes convenus de regrouper les signatures recueillies. Autre précision : certains organes de presse ont présenté notre initiative comme "émanant de personnalités de gauche". Au Cactus, nous sommes honorés d’être considérés comme des "personnalités", mais avant tout contents de voir la pétition signée par des citoyennes et citoyens (plusieurs milliers à ce jour)d’horizons très divers, dont quelques élus du Modem. Si notre initiative est politique, elle l’est en tant que citoyenne, et dépasse en ce sens les clivages de la "politique politicienne", comme disait l’autre.

* Son principal fleuron est l’émission Des racines et des ailes, une émission convenable. La télévision publique compte un certain nombre d’émissions convenables. Elle a peu, très peu, d’émissions stimulantes et/ou dérangeantes, et une de moins si Arrêt sur images disparait.


Commentaires

Logo de SIMON
dimanche 29 juillet 2007 à 17h57 - par  SIMON

La France, m’avait-on dit, a besoin de gens courageux. M. Daniel Schneidermann en est un, manifestement.
Nous ferons tout notre possible pour aider les journalistes libres. Beaucoup se battent en ce moment même. Les pétitions sont un premier pas. Il faudra envisager davantage : et pourquoi pas un journal internet télévisé avec les bannis. Je verserai une redevance à hauteur de mes revenus et j’annulerai la présente.
J.-R. SIMON
NB. En plus de la banquise qui devrait elle aussi s’ouvrir et se développer.

Logo de lang
mardi 24 juillet 2007 à 23h19 - par  lang

s’il y a plusieurs pétition , il faut les rassembler tout simplement en évitant les doubles signatures pour être honnête.
Défaut d’audience comme argument : c’est très mince d’autant que cettte émission passionnante passe à l’heure du repas dominical , donc il faut soit enregistrer l’émission soit être seul chez soi pour pouvoir la regarder.
Tous les sujets ou invités m’interressent de façon inégale , mais j’apprécie leur façon d’expliquer ce que , naivement, je ne voyais pas .
Une telle émission est indispensable

mardi 10 juillet 2007 à 10h05

D Schneidermann ne dénonçait pas la télévision sur le fond. Il ne dénonçait pas l’utilisation qui en est faite pour abrutir les foules et pour les manipuler. Cependant il devait un peu déranger certaines personnes pour que l’affaire se termine de cette façon. Alors rien que pour cette fonction de poil a gratter, je signe cette pétition. Si cela ne les empêche de dormir qu’une seule nuit, ce sera déjà bien.

Brèves

22 septembre 2011 - Manifeste contre le dépouillement de l’école

A lire voire signer sur http://ecole.depouillee.free.fr Nous, collectif contre le (...)

20 avril 2010 - NON AUX RETOURS FORCES VERS L’AFGHANISTAN

A la suite du démantèlement du camp principal de Calais, le 22 septembre dernier, où résidaient (...)

31 juillet 2009 - PETITION POUR L’HOPITAL PUBLIC, A SIGNER ET FAIRE SIGNER

la pétition de défense de l’hôpital public, à faire signer au plus grand nombre possible (...)