https://www.traditionrolex.com/18 TRIBUNE: AGGIORNAMENTO, UN TOURS A L'ENVERS ? - La Gauche Cactus

TRIBUNE : AGGIORNAMENTO, UN TOURS A L’ENVERS ?

par Jean-Pierre Lefebvre
jeudi 21 juin 2007
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Nombre de militants de gauche évoque avec la défaite devant Sarkozy beaucoup plus qu’un accident : la fin d’un cycle long de la gauche. Pour certains, l’illusion de la reconstruction d’une alternative radicale après le référendum européen et le CPE a pris fin avec le sectarisme de Besancenot, l’OPA ratée de Buffet sur le mouvement et le saupoudrage insensé des candidatures qui a suivi, en dépit de l’immense effort de réunion d’une opposition radicale et la brève lueur d’espoir des comités Bové. Une formidable opportunité historique a été manquée, ouvrant un boulevard très provisoire à Bayrou, que Sarkozy a en fin de compte récupéré pour la droite bushiste.

Pour certains socialistes, la fin du cycle coïnciderait avec celle de la domination du couple Hollande/Royal, aujourd’hui dissocié. Pour d’autres, il s’agit de la clôture de l’ère d’Epinay marquée par la résurrection d’un PS unitaire. Dominique Taddéï remonte à 1905, à la scission fatale, opérée par Lénine, entre un parti Bolchevik (majoritaire), opposé à celui des Mencheviks (minoritaires).

Alain Duhamel dans Libération du 20/06, s’adresse au seul PS : "veut-il améliorer la société ou renverser la société ? Accepte-t-il le marché, le corrige-t-il, le rejette-t-il ? A-t-il des réponses précises et financées aux blocages de l’intégration et de la promotion sociale ?" Bonnes questions. Encore que Sarkozy, avec Kouchner, Bokel, Besson ou Amara veut lui aussi améliorer la société, corriger le marché, débloquer l’intégration et la promotion sociale. La marge d’action d’un PS social-libéral est des plus minces. Entre le « réalisme » et la platitude, la distance est infinitésimale. La pierre de touche tient au remplacement du capitalisme par un autre système économico-politique, sans qu’il soit nécessaire de bruyamment renverser la société. Une perspective socialiste est-elle encore d’actualité ?

Après le tragique vingtième siècle, deux constats s’imposent : d’abord un fait expérimental indubitable, la tentative de construction d’un socialisme par l’étatisation, initiée par des nations économiquement retardataires, fut un échec total et sanglant. Les essais de sauvetage interne de ces formes viciées de socialisme bureaucratiques ont été infructueuses. Corée du Nord et Cuba en sont l’ultime caricature dans leur dictature affamée et héréditaire. Les tentatives parallèles d’étatisation larvées du Tiers Monde ou de nations développées ont mêmement échoué dans l’incurie irrémédiable. Depuis trente ans les nations du Nord ont connu une extension de leurs bureaucraties étatiques qui répondaient à l’excroissance sauvage et parasitaire du tertiaire spectaculaire. A l’exception notable de la France ? elles ont fait depuis des efforts pour diminuer ce parasitisme qui nuit au taux de profit global du capital,

Second constat avéré : après quinze ans de règne sans partage du capitalisme triomphant, aucune analyse globale n’a vu le jour qui proposerait un diagnostic et une médication satisfaisants aux tares du capital. Seul, Fukuyama a osé annoncer avec la chute du mur la fin de l’histoire : le système libéral devenait pour la nuit des temps la seule forme viable de société ! Non seulement la spoliation du travail d’autrui et sa transmission héréditaire n’ont pas faibli d’un pouce mais tout indique que les inégalités ne cessent au contraire de se renforcer partout, en suscitant l’exacerbation de la violence des rapports humains.

L’échec planétaire du capitalisme

De nouveaux murs, capitalistes cette fois, se construisent pour protéger le Nord contre l’émigration d’un Sud affamé. Nulle part se dessine la moindre perspective heureuse pour le capitalisme, sauf à court terme pour ses milliardaires plus nombreux. La social-démocratie mondiale est à peu près la seule à croire encore à Fukuyama. Au risque d’être taxé de ringardise par les tenants de la pensée unique, force est de constater que nombre des caractéristiques élucidées par Marx puis par Lénine (l’impérialisme, stade suprême du capitalisme) montrent leur pertinence prolongée : l’inégalité, l’extraction furieuse de plus value, l’accumulation primitive, la baisse tendancielle du taux de profit, la paupérisation relative, les crises, les rentes, le parasitisme déferlant (financiarisation ), la contradiction entre le caractère social des forces productives et individuel des rapports de production, l’internationalisation galopante, la concentration, l’inégal développement, la remise en cause des progrès sociaux au Nord, l’épidémie fulgurante des aliénations de l’avoir et du paraître aux dépens de l’être, l’aliénation, la fétichisation, la réification, décrivent l’état d’une société en évolution vers le cataclysme. Il y a certes des nouveaux critères du capitalisme du XXIe siècle mais ils sont aggravants comme la pollution généralisée ou l’accumulation des moyens de destruction massive !

Le nouveau stade atteint est celui de la menace dystopique : l’impossibilité absolue sous peine de catastrophe planétaire définitive de poursuivre dans la même direction de croissance quantitative aveugle. Neuf milliards d’êtres humains en 2050 détruiront le climat, liquideront les ressources en eau, en air, en matières premières. Il est strictement impossible de donner jamais le niveau de vie obèse du Nord aux multitudes du Sud. L’autisme américain ou chinois devant ces questions cruciales de survie, montre que l’espoir de voir le capitalisme intégrer l’écologie pour se survivre est vain. Sa nature, fondée sur le darwinisme social, le dynamisme d’une croissance inégalitaire et sur le profit arithmétique, s’y oppose. Les réformistes de droite reprennent en cœur le slogan fatal, stupidement bushien : pas de plein-emploi sans croissance quantitative ! L’antiville partout édifiée apporte l’image minérale, physique, de l’incapacité tragique du capitalisme à bâtir une vie collective réconciliée et le cadre empathique et proxémique susceptible de l’accueillir. Il gaspille la technologie et nivelle absurdement le monde sur un modèle unique d’anti-civilisation qui ruine les potentiels de diversification, synonyme de richesse culturelle.

Racines historiques

L’échec planétaire du socialisme étatique vient de loin. L’inégal développement des nations en est la base mais les insuffisances rationnelles - inévitables - de la doctrine de Marx et de ses épigones l’ont nourri. Au delà de leurs analyses géniales sur le cœur même du développement historique, quelques traits ont lesté le modèle. En premier lieu l’ivresse de la découverte, de la poursuite de l’éblouissement des Lumières a hypostasié les sciences sociales. Elles ne peuvent avoir la même scientificité que les sciences expérimentales : faute de laboratoires, elles ne peuvent être que discursives, approximatives, tendancielles sinon tendancieuses. En outre, un emprunt a été fait par Marx aux fables religieuses : l’oxymoron du rôle historique d’une classe ouvrière messie. L’insémination d’une science totale de la société à ses éléments privés de savoir par leur condition sociale même, tenait du miracle, son accomplissement a entraîné - y compris sous nos yeux - une pathologie bureaucratique et ubuesque.

Le scientisme de Marx a conduit à une mathématisation de l’économie politique. Ironie, ce sont les ultras libéraux comme Hayek ou Friedmann qui ont repris contre lui cette tendance faussement scientiste en réduisant l’homme, le producteur, à un consommateur totalement autonome et de ce fait, chiffrable. En subsumant ses agitations individuelles en équations globales, on pourrait expliquer tous les phénomènes de société : les keynésiens puis Stiglitz ont eu raison de ce fourvoiement. Les prédictions et remèdes économiques hyper-libérales ne fonctionnent pas. La publicité, les rentes, la virtualisation de la société du spectacle détruisent la thèse du consommateur électron libre dont il suffirait d’additionner les déterminations microscopiques pour découvrir les lois économiques globales. L’Etat politique interagit fortement sur la matière économique.

Faute de temps, Marx n’a pu écrire le chapitre 4 du Capital, qui devait traiter de l’Etat, sujet sur lequel, jeune, il avait eu de fulgurantes intuitions, notamment sur le bureaucratisme comme force parasitique autonome. Il n’a pu pousser à son terme l’analyse des trois rôles imbriqués de l’Etat comme pouvoir de la classe dominante, comme organisateur des fondements de l’économie, comme expression et régulateur « neutre » de la société civile. Toutes les « théories » économiques sont aussi floues et contradictoires sur les parts respectives de l’Etat et de l’entreprise privée dans les mécanismes économico-politiques, elles vont d’un extrême à l’autre : du tout Etat au sans Etat et ne savent expliquer les crises qu’après coup. Sauf à considérer que l’économie mondiale est assise sur un volcan et qu’elle obéit à la théorie du Chaos.

Les trois tendances du socialisme

Les utopies qui se réclamaient des découvertes de Marx se sont dès l’orée divisées fortement en au moins trois tendances. Les anarchistes, avec Bakounine, mettant le doigt sur un impensé de Marx, ont critiqué parfois avec une étonnante prémonition, l’impasse totalitaire où se dirigerait la théorie marxiste. Leur échec est de n’avoir pu dépasser ce regard critique absolu, le dogme du refus radical de l’Etat ne constitue pas une analyse. Il en est issu une stérilité historique à peu près totale, quand bien même la partie critique, notamment dans ses ultimes développements situationnistes, est d’une richesse inexploitée.

Symétriquement, le lassalisme (1863) a été influencé par les thèses idéalistes de Hegel d’un Etat comme réalisation concrète de l’Idée absolue platonicienne, aliénée jusque là dans le réel. Ce courant déiste et réformiste a opté en faveur des possibilités d’une évolution démocratiques contemporaines comme poursuite des Lumières vers la société réconciliée. Il a intégré le socialisme allemand du XIXe siècle dans le légalisme bourgeois, créant aussitôt le risque d’une inféodation du mouvement ouvrier à sa bourgeoisie, critiquée en son temps par Marx et Engels (programme de Gotha, 1875). Malgré ses indéniables succès dans l’organisation de la classe ouvrière et des succès électoraux, son encastrement dans l’appareil d’état bourgeois portait les risques de la capitulation de 1914 devant la boucherie impérialiste. Henri Lefebvre pensait que le lassalisme avait pu nourrir également les déviations monstrueuses du fascisme dans sa récupération des éléments de socialisme au sein d’un Etat hypertrophié.

La troisième voie - centriste ? - fut celle du courant marxiste orthodoxe qui a hésité entre les deux directions, diffus au XXe siècle au sein des partis socialistes légaux, en France (Larfargue, Guesde), en Allemagne (Karl Liebknecht, Rosa Luxembourg), en Autriche (Lukäcs). La fraction russe est particulière en ce sens que sa tâche unique était de réaliser la révolution démocratique bourgeoise contre un pouvoir tsariste féodal, absolu, hyper réactionnaire, 85 % de la population en était encore au servage.

Malgré les appels de Jaurès ou de Clara Zetkin, l’énorme majorité de la social-démocratie sombra en 1914 dans la boucherie industrielle. Sans l’ombre d’une justification politique autre que sa veulerie, elle s’aligna sur les chauvinismes bourgeois qui ne recouvraient que la cupidité des classes dominantes affrontées. Inversant tragiquement le bénéfice du progrès technique, ils précipitèrent des millions de prolétaires dans une extermination réciproque, interrompue seulement par les révoltes sur le front réprimées par Pétain, et à l’Est, par la grandiose révolution soviétique, bientôt dominée par l’infime minorité des Bolcheviks. Lénine qui craignait le destin douteux d’une révolution prolétarienne sans prolétaires attendra en vain la relève allemande.

La Commune de Paris et l’Etat

Marx, à la fin de sa vie avait été secoué par l’exemple de la Commune de Paris de 1871 qui en trois mois d’existence, avait démantelé l’appareil d’Etat bourgeois et amorcé une ébauche d’autogestion. Il reprit sa critique de l’Etat dans la guerre civile en France. La révolution sociale doit le faire dépérir en le remplaçant par l’activité des travailleurs organisés, fonctionnaires élus et révocables, représentants des salariés et payés comme eux. S’il appuie ensuite l’utilisation du légalisme parlementaire par les partis ouvriers, il insiste sur la nécessité de démanteler l’Etat bourgeois : le dépérissement de l’Etat doit accompagner la socialisation des moyens de production. Le concept de dictature du prolétariat signifiait l’hégémonie politique (Gramsci), le terme dictature n’a pris son sens moderne et délétère qu’après les expériences totalitaires.

Dans l’Etat et la Révolution, en 1917, Lénine reprend cette analyse mais, dans le feu de la guerre civile et de l’intervention étrangère, ces thèses voleront en éclat avant même d’être publiées. Il dissout par les armes une assemblée constituante dépassée par le processus révolutionnaire mais sans procéder à de nouvelles élections générales, contrairement ce qu’avait fait la Commune dans une situation tout aussi difficile, ce que Rosa Luxembourg qui soutient pourtant Lénine, lui rappelle vertement.

On connaît la suite sinistre. L’écrasement de la révolte libertaire de Cronstadt qui réclame la démocratie. Les soviets, à l’origine, structure de base de l’autogestion ouvrière, deviennent irrésistiblement la courroie de transmission bureaucratique du pouvoir absolu du PCB, malgré les avertissements de Lénine affaibli, de Trotski ou de Boukharine, qui seront exécutés avec tant d’autres. La résistible ascension de Staline et sa contre-révolution bureaucratique sont un éternel retour : le tsarisme défait a réinvesti idéologiquement la société du socialisme étatisé, lui fournissant le cadre de sa bureaucratie, de sa police, de son goulag au service du nouveau Tsar déifié. L’économie « nationalisée » n’a cessé de témoigner de son incurie totale. Le social, les libertés, la science, les arts sont étouffés. Le fétichisme de l’indice du Plan remplace celui de la marchandise. La nomenklatura, la classe des actionnaires privés.

Tours, deux décisions contradictoires ?

Le congrès de Tours du parti socialiste en 1920 est fondé sur cette formidable ambiguïté. Il comporte deux éléments contradictoires : le premier, positif, a consisté pour la majorité (qui se proclame dès lors communiste) de prendre acte de l’effondrement social-démocrate, de la part funeste qu’il a prise dans le traumatisme majeur de la boucherie industrielle. Cette déstabilisation des sociétés civiles du monde développé a dissout les solidités des consciences politiques des différentes classes ouvrières européennes, comme l’a parfaitement analysé Hannah Arendt. Elle les a transformées en « multitudes » désaxées, proies évidentes pour les deux totalitarismes. La tradition humaniste, rationnelle du mouvement révolutionnaire ne pouvait pas ne pas tirer les conclusions du désastre de 1914 en affirmant son autonomie radicale vis-à-vis des bourgeoisies nationales. La tendance mortifère de la social-démocratie se répétera dans le soutien quasi-constant à toutes les guerres coloniales du vingtième siècle. Les surréalistes y trouvèrent les motifs de leur migration vers les marxismes.

La bourgeoisie, tout sauf naïve, a toujours eu pour souci d’infiltrer le mouvement social pour le corrompre de l’intérieur, ce n’est pas une vision paranoïaque et comploteuse de la politique mais du simple bon sens. Il faut juger à cette aune les palinodies de Michel Rocard, mieux inspiré quand, jeune, il prônait l’autogestion et soutenait Lip, qui vend aujourd’hui la décrispation de la gauche, l’abandon de son dogmatisme économique, l’adoration du caractère incontournable du marché pour le progrès social... Parmi les 21 conditions d’adhésion à la troisième internationale de Lénine, le soutien à la jeune révolution soviétique - loin d’être encore stalinienne - était un acte politique positif.

Un second élément est négatif. En décalquant les principes d’organisation des partis occidentaux sur le modèle du PCBolchevik, sur son « centralisme démocratique », son obligation faite à la minorité de suivre la majorité, l’interdiction de toute opposition, etc., les détachements occidentaux seront ossifiés en succursales aveugles du parti stalinien. L’Etat soviétique identifiera sa structure bureaucratique à celle du parti bolchevik. Pour de longues années, le mouvement révolutionnaire mondial sera plombé. Les révolutions nationales du tiers monde déboucheront sur les mêmes impasses calamiteuses issues du modèle autoritaire et étatique commun.

Les membres d’une même famille socialiste et française - celle des salariés -ont été longuement séparés pour le pire (soutien à Staline, aux procès, au pacte de non-agression, au réalisme socialiste, à la science prolétarienne pour les uns, Guerres du Maroc, d’Algérie, d’Indochine, non-intervention en Espagne répression à Madagascar, répression des grèves, blocage des salaires, etc. pour les autres) ; réunis pour le meilleur (1936 : quarante heures, congés payés, puis Résistance, comités d’entreprise en 1945, SMIC, sections syndicales d’entreprise, abolition de la peine de mort en 1981, RTT en 1997). L’allégeance soviétique des uns, droitière des autres, empêchait toute réunification des frères ennemis.

Le mouvement de Mai 68 a constitué une lame de fond populaire étudiante puis ouvrière, qui bousculait cet héritage mortifère. Il tenta de réimplanter au sein du mouvement anti-capitaliste les thèses libertaires réévaluées, dans un vaste brassage, souvent brouillon et empreint de la nostalgie gauchiste du Grand Soir. Il a laissé des traces heureuses, immenses, dans la conscience collective. Tout devenait possible. Le développement technologique devait être réutilisé pour une bonne vie, mieux égalitaire, libérée des aliénations. Il fallait changer la ville pour changer la vie. Le salarié, prolongeant enfin 1789, revendiquait d’être responsable de son sort y compris au travail. La culture, débarrassée du spectaculaire et de l’industriel, était revendiquée comme le bien de tous, à consommer avec immodération.

Programme commun

Sous l’effet des deux viscosités, post-stalinienne et opportunistes, la transcription politique du mouvement de mai 68, libertaire et anticapitaliste, n’a pas eu lieu. La victoire de la gauche unie a été détournée de ces perspectives pertinentes qu’il aurait fallu préciser de manière réaliste. L’union de la gauche a servi à réhabiliter une social-démocratie mollettiste déconsidérée. Le programme commun du PCF de Marchais, collection de revendications tribuniciennes qu’il était impossible de financer, servit de paravent à l’inanité des nationalisations qui voulaient tirer la France capitaliste vers une soviétisation rampante. Mitterrand - choisi pour sa « fragilité » par le PC lui-même ! - accompagna le temps qu’il fallut ce programme archaïque pour en démontrer l’incurie et réduire l’influence du PCF. Ce qui constitua son unique œuvre historique. La chute du mur et de l’Union soviétique, aggravés des zig-zags marchaisiens, acheva de discréditer le courant ouvrier, post-révolutionnaire et orthodoxe qui n’en finit pas d’agoniser, le pourrissement des cadavres des grands sauriens polluant la pensée radicale.

L’émergence capitaliste des dragons et surtout de la Chine, dictature communiste étatique au service du capitalisme sauvage, pousse désormais aux délocalisations. En s’appuyant sur la gigantesque armée de réserve des sans emploi et sous payés, la bourgeoisie mène une contre-offensive historique visant à reprendre aux salariés du Nord un siècle de garanties sociales, en détruisant dangereusement le tissu industriel, en freinant l’automation et la RTT de façon malthusienne. Après une première et timide résurrection du mouvement antilibéral mondial, notamment en France, les mêmes questions centrales se posent, dans un environnement profondément modifié par un siècle de croissance des forces productives. Les forces politiques, là où elles peuvent s’exprimer librement, s’organisent tendanciellement en une répartition protéique entre droite et gauche plus ou moins pure.

Cheval de Troie au sein de la gauche

La gauche européenne, la plus cultivée, présente un double tendance. En premier lieu, sur fond d’échec historique du socialisme étatique, celle du glissement à droite de la social-démocratie, hégémonique à gauche. S’appuyant sur les salariés non-chômeurs les plus aisés, elle craint de déstabiliser le capitalisme de marché comme système capable d’accroître globalement quoique inégalement le bien-être matériel collectif. Elle abandonne tout programme de substitution (Rocard, Kouchner, Bokel, Strauss-Kahn, Besson, Royal). Plus encore, elle reprend à son compte l’essentiel des politiques hyper-libérales : financiarisation, précarisation du travail, délocalisations, toute-puissance de la banque européenne monétariste, restriction des avantages sociaux, refus pratique de l’écologie et de la croissance zéro, hostilité à la RTT, blocage du SMIC, soutien à l’extrémisme US ou israélien, etc. (Blair, Schröder, Prodi). Le projet central est de relancer la consommation des riches pour créer un plein emploi dont les retombées aléatoires tranquilliseraient les pauvres. La fragilité sociale-démocrate européenne en résulte : partout elle est écartée du pouvoir par les forces clairement capitalistes qui font naturellement mieux qu’elles dans la même direction. Ainsi en France, la droitisation du PS a-t-elle en fin de compte nourri l’offensive sarkozienne et fourni ses supplétifs.

Tout tourne autour des débats non résolus du XIXe siècle : qu’est-ce que l’Etat ? que faire de l’Etat dans une société où les salariés deviendraient à terme les producteurs associés, comme y poussent les forces productives ? Comment réaliser la socialisation, la fin de l’aliénation sans tomber dans la liquéfaction bureaucratique ?

La social-démocratie de droite ne songe ni à transformer l’Etat ni à instituer le contrôle salarié dans l’entreprise. Elle est totalement encastrée dans le marché sauvage et les structures étatiques qu’il faut bien appeler bourgeoises. L’ENA fournit nombre de ses dirigeants, l’éducation nationale une autre part significative, les uns et les autres sont prisonniers des opacités et lourdeurs étatiques, appuyées sur l’économie des actionnaires. Toute la société moderne appelle à une participation citoyenne, terriblement absente, d’où quelques inclusions superficielles, hommages du vice à la vertu (les jurys populaires de Royal). L’alourdissement des structures bureaucratiques - dès le niveau municipal urbain - écarte l’ensemble des citoyens de la gestion d’un Etat qui intervient de plus en plus dans leur vie quotidienne. Ce, au moment même où les salariés ont de mieux en mieux la capacité de le faire, avec leur niveau d’étude et de communication en élévation constante, comme le montrent les nombreux engagements individuels dans les ONG. Ce grand écart entre les possibles et la réalité revêt une acuité insupportable.

La cause est aussi conséquence : la paresse intellectuelle à inventer des chemins audacieux - et réalistes - qui engageraient dès maintenant, concrètement, l’intervention accrue des citoyens et le dépérissement de l’Etat. Or le recul de la social-démocratie, versus la stérilité manifeste de l’anti-libéralisme micronisé, montrent que le refus de l’électorat provient justement du manque de créativité politique des leaders des deux camps : la gauche radicale en rabâchant les vieux schèmes du programme commun tribuniciste et du renforcement de services publics inefficaces, ruine sa crédibilité. Nul ne s’y trompe : on y sent un peu trop la patte des lobbies initiateurs. 14 fois le mot service public dans les 24 courtes pages de la charte antilibérale, la FSU n’était visiblement pas loin. Est-ce la vocation des utopies radicales que de fournir des justifications à la pérennité contre-productive du fonctionnariat ? Ce serait une régression intellectuelle affligeante. Les salariés, 85% des actifs, posent la question à toutes les gauches : qu’amenez-vous de nouveau ? Quelle perspective de décrispation ?

Leur niveau intellectuel leur fait de moins en moins accepter l’idée facile suivant laquelle nombre de secteurs d’activités publics seraient dispensés de tout souci de rentabilité. Ils n’acceptent pas davantage les parachutes dorés, les explications métaphysiques sur les délocalisations, sur la précarisation, sur la marge obligatoire à 15 % pour nourrir l’obésité du troisième âge américain nanti, la mal-bouffe, la pollution galopante, l’inhumanité du traitement des migrants, etc. Il faut du gagnant-gagnant réel, troquer l’actionnariat contre la bureaucratie !

Dépasser l’aporie : Autogestion et dépérissement de l’Etat

La seule direction positive, créative, non explorée, vierge ou quasiment, c’est celle qui a été détournée, dévoyée par les années mar-mite, Marchais-Mitterrand, tribunicisme et étatisme également fourvoyés, fourvoyants, bien que nourrissants ses apôtres. Les citoyens doivent exister partout comme citoyens à plein temps, dans les villes, les quartiers, dans les entreprises. Pas seulement tous les cinq ans pour des élections manipulées, ou quand l’entreprise est brutalement délocalisée, ce que l’on n’est pas près de voir finir ! 4 milliards de futurs salariés à très bon marché (trente fois moins cher), frappent aux frontières. Tous les murs de la honte bétonnée n’y feront rien.

La chance unique est donc dans l’union de la gauche de la gauche, quand bien même ses débuts ne sont guère prometteurs. Mais pour avoir une chance de structurer ce mouvement pour le moins composite et poly-centré, il faut des axes fortement rassembleurs qui puissent offrir une efficacité historique redoutable. Sarkozy l’a compris, son hostilité maladive à mai 68 sort bien de Neuilly : le danger pour les beaux quartiers, est là, mai 68, tout à la fois contre le capital et contre la bureaucratie. Ouvrir enfin une perspective absolument inédite et réellement libératrice. Pour l’autogestion des entreprises, pour la décentralisation de l’Etat jusqu’au bout, dans les quartiers, pour la révocabilité d’élus plus proches des citoyens, garantissant la disparition du mandarinat. Pour le dépérissement de l’Etat au profit de services auto-gérés et concurrentiels au sein d’un marché contrôlé, plutôt que l’extension à l’infini des services publics, lobbyiste, malthusienne et proto-totalitaire.

Le 17/06 /07, le corps électoral, agissant comme un intellectuel, en une semaine a retourné une nouvelle fois la tendance et a freiné le cynisme de gosses de riches qui bâfraient déjà aux frais de la République. Il est en attente de vraies solutions pour une reconstruction de la gauche, pas des pâles copies du sarkozysme, proposées, à peine rosies, par Strauss-Kahn. La stratégie trotskiste a été une fois de plus mise à mal : ce n’est pas encore demain que la PC moribond lui laissera les clés de Fabien.

L’autogestion procédera naturellement par étapes, on ne fera pas tout le chemin en un Grand Soir, fut-il de fête. Accroître le pouvoir des salariés dans les comités d’entreprise serait un premier pas remarquable, dès aujourd’hui acceptable, complètement justifié par les scandales des délocalisations, des dégraissages boursiers, des spéculations et des parachutes doré. Changer le mode électoral dans les villes, revenir à la démocratie de base, ce n’est pas une révolution considérable, il suffit d’étendre aux villes le taux de représentativité de nos campagnes : un élu de quartier pour environ deux cents électeurs, ça ferait beaucoup de monde pour empêcher que de petits potentats municipaux recréent des féodalités autour de leur médiocre ego, pour contrôler la marche des fameux services publics et les aider à ne pas glisser en sévices publics. Une autre question se pose, franco-française, celle de la Ve République, du mode électoral présidentiel qui ne va pas changer par miracle, il est bien trop pratique pour les actionnaires privilégiés, possesseurs des grands médias.

Sortir de l’impasse

Comment la gauche citoyenne peut-elle éviter de se faire flouer à l’avenir ? Scénario pour 2011 : Un quarteron de patrons de médias banquette avec quelques patrons, sondeurs et énarques. Ils décident ensemble de lancer la candidate qui lave plus blanc. La campagne publicitaire extérieure l’impose aux adhérents du PS, dirigés par les mêmes énarques complices ou conjoints. L’autre gauche voit passer le train et dès la désignation d’une Royale candidate de la droite du PS, décrispée, marché salvateur, ordre juste, blairitude et militarisation des banlieues, la voie est tracée, inéluctable. Il faudra bien se désister pour elle au second tour, sous peine de faire passer l’horrible, lequel trouvera si vite des socialistes pour meubler sa vitrine d’ouverture ! Cette nouveauté-là, c’est l’éternel retour des recettes éculées de la troisième force Mollet-Lecanuet, des funestes années cinquante.

Il faut éviter cela dans cinq ans. Comment ? Dépasser l’impéritie extraordinaire des sectes microscopiques antilibérales qui ont présenté le spectacle affligeant, ridicule, détestable de cette tétanie sur leur nombrilisme dérisoire en présentant cinq candidats concurrents, en rédigeant une charte commune : 125 propositions non chiffrée et démagogiques, catalogue exhumé du programme commun de 1975, n’ayant trouvé que la soviétisation rampante comme remède à l’hyper libéralisme ! Sans doute le catalogue pourra servir comme pense-bête, pour se souvenir de tout ce qui va mal. Mais comment jamais le mettre en œuvre ? Réponse : ce n’est pas le problème puisqu’on ne gagnera jamais les élections !

Il faut faire campagne pour un nouveau Congrès de Tours qui reconstitue, 87 ans plus tard, un grand mouvement radical du salariat français, à vocation fortement majoritaire (85 % des actifs) qui s’oppose frontalement au parti des actionnaires. Agir parallèlement pour la reconstitution d’une centrale syndicale unique. L’UMP a su faire son unité autour de Sarkozy qui sert cyniquement sa classe. Son unique programme est aisé à rédiger : il ne vise qu’à aggraver l’inégalité existante. Il provoque sans limite : il diminue les impôts des riches, augmente ceux des pauvres (TVA), insulte les chômeurs en leur disant de travailler plus, veut allonger l’âge de la retraite pour enlever du travail aux jeunes, s’aligne sur les fauteurs de guerre US et israëliens, etc.

Le nouveau rassemblement des salariés devrait accueillir toutes les fractions foisonnantes de la gauche historique, des anarchistes aux rocardiens, dans le respect de leur spécificité, laquelle est naturelle car elle provient du caractère nécessairement utopique des programmes de gauche : il n’est pas facile de mettre l’avenir en bouteilles ! Ils s’empoigneront, quoi ne neuf ? Ne le font-ils pas déjà ? Mais ils peuvent trouver une majorité radicale au moment décisif de la désignation du candidat aux présidentielles, dont le succès va déterminer la majorité au parlement et sans doute la majorité des équipes municipales, un an après.

La gauche radicale, au delà de ses luttes tribales, pourra au moins s’opposer au pire : la désignation d’un cheval de Troie capitaliste, désigné de l’extérieur par les médias capitalistes comme représentant obligatoire ! Les socialistes réformistes pourront faire bénéficier les radicaux de leur culture de gouvernement, de leur réalisme, de leur calculette. Dans une deuxième étape, ils pourront ensemble supprimer l’élection du président au suffrage universel et revenir à l’assemblée législative désignée à la proportionnelle, certes pas la panacée mais plus conforme à la transparence démocratique souhaitée.

Réunification au sein d’une Fédération des Gauches Démocratiques et Sociales : Epinay à l’envers, Tours à l’envers. Avec le droit de se constituer en groupe d’expression en son sein pour chacune des composantes mais interdiction de présenter un candidat de dispersion aux présidentielles. Des militants verront avec suspicion leur originalité se dissoudre dans un magma opportuniste, et leur pureté en pâtir. Mais ils auront l’occasion de débattre avec d’autres citoyens de gauche, viscéralement pas très différents d’eux-mêmes, peut-être de les convaincre ? Avec une gauche de la gauche organisée en son sein, le PS aurait davantage de chance d’avoir une majorité et une direction de gauche et sans doute un candidat plus proche des salariés que madame Ségolène, travail, famille, Poitou.

La majorité prudente du PS n’a pas trop à craindre de ce retour de l’entrisme trotskiste, Weber, Jospin, Mélanchon, Dray, etc. ont fourni d’excellents cadres sociaux- démocrates ! Braouzec, Brard ou Asensi feraient d’excellents députés socialistes ! Le parti unique de la gauche n’est pas un impératif catégorique, pas plus que la division, seulement une opportunité historique liée à d es conditions particulières. Le mariage ne supprime pas le droit au divorce. La difficulté extrême où se trouve la gauche antilibérale devrait la pousser à prendre quelques risques. Rien ne dit que cette nébuleuse contrastée puisse durer ou ne pas décevoir : le droit de se reconstituer à l’extérieur sera toujours présent. A moins qu’elle préfère se faire plaisir (?) avec la virtualité de ses joutes stériles, chacun dans sa petite bulle opaque, étanche à l’histoire.

La constitution d’une telle formation unitaire créerait naturellement un électrochoc salutaire sur l’électorat, si elle sait se doter d’une stratégie branchée sur des axes transformateurs : réalisme, rigueur de gestion, transparence démocratique réelle, aux lieux décisifs, autogestion dans l’entreprise, démocratisation, dépérissement de l’Etat. Sur le plan théorique il en s’agit pas d’un mariage de la carpe et du lapin. A partir du moment où l’on considère que le capitalisme fera nécessairement place, un jour ou l’autre, progressivement, par la voie légale, à une démocratie participative excluant toute étatisation parasitaire, les divergences les plus fortes au sein d’une gauche honnête ne concerneraient que la cadence d’une telle mise en place, qui sera de toute évidence difficile, longue, incertaine. Les camps se partageraient entre trop patients, parce que leur situation sociale le permet et impatients qui ne supportent plus le monde tel qu’il est. Sur le fond de cette évolution nécessaire, le débat démocratique devrait suffire à trancher en faveur du possible immédiat, du réalisme, dès lors qu’il ne s’agirait plus de la défense acharnée de privilèges comme la transmission héréditaire ou du droit de subtiliser le travail de son prochain et de bousiller sa planète !

Le gîte de droite mène les rocardiens à mépriser l’individu en acceptant les règles du marché capitaliste qui officialisent le racket de la plus-value produite par le salarié : il n’y a pas de mépris de la personne humaine plus scandaleux que cette spoliation. Etre de droite, c’est signer d’une main avec Hulot et accepter de l’autre le truquage de la publicité, la croissance quantitative, aveugle et exponentielle qui vouent les hommes à la violence et la planète à la catastrophe finale ; c’est s’opposer à la croissance zéro, à la RTT qui réduiraient l’affrontement des concurrences en économisant les emplâtres parasitaires et vains du dirigisme d’Etat C’est refuser de mesurer très exactement l’éventail des revenus réels et de les réduire progressivement de un à dix. Etre de droite, chez les antilibéraux, serait s’en tenir aux erreurs post-staliniennes : le mépris total de la gestion économique, des rentabilités nécessaires qui sont l’essence du développement et de la disparition du travail pénible. Son corollaire est la démagogie irresponsable et effrénée du catalogue de la redoute des dépenses non chiffrées, non équilibrées par des recettes ; le refus veule de l’audace à inventer et mettre en œuvre un marché autogestionnaire inédit, l’obstination ubuesque dans une planification outrancière et une étatisation bureaucratique, la tétanisation dans le conservatisme imbécile de Georges Marchais et des chefs de bureau sur leur étagère inaccessible.

Bien sûr il faut beaucoup d’utopisme pour se précipiter dans les voies inexplorées sans l’hypothétique trousse d’outils imparable qui donnerait l’illusion de s’en sortir sans devoir inventer à chaque moment. Aucune assurance absolue de n’être pas dans l’erreur et il faut pourtant, comme Christophe Colomb, convaincre les compagnons de bord qu’on va découvrir les Amériques sinon les Indes. La seule conviction mais elle est très forte, c’est que l’histoire de l’hominisation a toujours emprunté dans ses accélérations les plus fastes les voies de la rigueur rationnelle, de la créativité, de la participation démocratique élargie. Périclès, Rome, Venise, Amsterdam, Washington, 1789, 1871, 1917, 1936, 1945, mai 68 en témoignent. Le mouvement antilibéral ne fait que reprendre cette longue marche créative vers les Lumières, interrompue au siècle dernier par le double avatar de la capitulation réformiste de 1914 dans la gestion loyale du pire, versus la révolution conservatrice, l’horreur totalitaire du stalinisme et du fascisme.

Tout se ramène, à la limite, au choix des hommes : jeunesse, audace et rationalité sensible pour pousser chaque situation réelle jusqu’au bout de son possible hédoniste ! Montebourg dit : voici venu le temps de jeunes lions ! Chiche ! Puissent-ils ne pas vendre leur peau en carpettes de la droite et de la gestion loyale (royale ?) du zoo capitaliste ! Tel devrait être le contenu majeur d’un nouveau Congrès de Tours, 87 ans plus tard, qui réunifie les forces foisonnantes de progrès

Jean-Pierre Lefebvre est urbaniste


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mardi 27 octobre 2009 à 10h48


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