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APRES LE 2E TOUR DES LEGISLATIVES, QUEL CHEMIN ?

Par Allain Graux
lundi 23 juillet 2007
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Au second tour des élections législatives, bien que Ségolène Royal n’ait été, lors de l’élection présidentielle, majoritaire que dans 191 circonscriptions, la gauche l’emporte dans 227 : le PS et ses alliés du PRG et du MRC avec 205 sièges, et PCF qui résiste bien grâce à sa bonne implantation locale avec 18 sièges : 15 + 3 apparentés des territoires d’outre-mer. Les Verts gagnent un siège avec 4 élus. Cependant les dirigeants du PS commettraient une grave erreur s’ils pensaient avoir gagné en passant de 149 sièges à 198. Le Président est largement majoritaire avec 345 sièges dont 315 pour la seule UMP ( 22 au Nouveau Centre, 1 au MPF et 7 DVD)

Bien que l’abstention dépasse 40 %, ce vote du 2° tour a vu les électeurs de gauche se mobiliser davantage que ceux de droite. C’était un sursaut réflexe face aux graves menaces qui pèsent sur leur pouvoir d’achat et leur protection sociale, en particulier le projet de TVA sociale et le forfait santé très justement dénoncés par Laurent Fabius. L’abstentionnisme est plus marqué à droite ; certains électeurs ont cru la victoire acquise, d’autres qui avaient voté Sarkozy sont revenus vers le camp de gauche, et les électeurs du FN se sont très largement abstenus au-delà des 50 %. Les candidats de la gauche ont bénéficié d’un très bon report de 90 % des électeurs de la gauche antilibérale et de 55 % de ceux du MoDem. Les voix de l’autre gauche représentaient près de 12 % de l’électorat pour seulement 7,63 % au MoDem. Il est donc faux de considérer que l’alliance du PS avec le centre ferait gagner la gauche. Ce qui fait gagner la gauche, ce sont des propositions claires sur des valeurs de gauche, à la différence des slogans comme le TSS (Tout Sauf Sarkozy) ou l’alignement sur les thèmes de la droite qui étaient au choeur de la campagne de la candidate socialiste. Une Ségolène qui déclare aujourd’hui qu’elle ne croyait pas au projet du PS concernant la revalorisation du SMIC à 1500 € et au développement des 35 heures. Nous nous en étions quelque peu aperçus au cours du débat télévisé avec Sarkozy. Si cette mobilisation claire autour des enjeux sociaux avait eu lieu dès le premier tour, avec un projet et une union pour gouverner, la gauche aurait eu une chance de l’emporter. Car c’est au gouvernement issu de la majorité parlementaire de gouverner et non au Président dont le rôle est de présider.

Le PS doit enfin tirer les leçons de l’échec de 2002 après 5 ans de gouvernement de la gauche plurielle. Il doit examiner les raisons du succès du Non au référendum contre le TCE, de celui de la lutte contre le CPE, des mobilisations pour la défense des retraites, des Services Publics, autant de refus des conséquences néfastes de l’application des mesures néolibérales de la globalisation. Il doit comprendre que le rejet de la droite aux élections européennes et régionales ne signifie pas que les électeurs adhèrent inconditionnellement aux pratiques du PS. Ce que le courant majoritaire du PS n’a jamais fait.

L’orientation des socialistes ne peut pas rester dans le flou. Les socialistes doivent choisir entre le social libéralisme européen avec alliance au centre (cette troisième voie a échoué partout parce que faisant une politique de droite, seul ou en alliance avec elle) et l’alliance avec l’ensemble des forces de la gauche antilibérale, alter mondialiste et écologiste. Ce choix déterminera son avenir. Il peut prétendre regrouper la social-démocratie française, PS, PRG, MRC et constituer un grand pôle rassemblant toute la gauche qui devrait aussi se regrouper. Sinon le risque est grand d’une coupure profonde et durable entre la gauche socialiste qui rejoindra définitivement les antilibéraux, communistes, alter mondialistes, écologistes, pour refonder une vraie gauche de gauche. Car dans toute l’Europe les forces antilibérales se regroupent et s’organisent : le Bloc des Gauches au Portugal, CAP à Gauche en Belgique, le Parti socialiste aux Pays Bas qui a obtenu 16,6 % aux élections législatives et le 16 juin en Allemagne avec le congrès de fondation de Die Linke (La Gauche) qui regroupe la gauche socialiste d’Oscar Lafontaine, le PDS (ex PC de l’Est), des syndicalistes et des alter mondialistes. Ce nouveau parti est crédité de 24 % des voix par les sondages. Au Danemark, en Italie, des dynamiques du même type se font jour. Or Hollande, comme DSK ou Ségolène se sont prononcés pour une soi-disant modernisation du PS, en fait pour un réformisme qui en finirait avec les valeurs de la République sociale chères à Jean Jaurès.

François Hollande déclare vouloir « trouver les réponses qui permettent de conjuguer le défi de la compétition dans la mondialisation ». Avec cet esprit de compétition, comme pour la concurrence libre et non faussée du TCE rejeté par les Français, il s’aligne clairement sur le terrain de l’accompagnement d’un capitalisme qui serait devenu indépassable. Or il existe d’autres solutions, de coopération et de solidarité entre les peuples, comme entre les hommes, dont plusieurs pays d’Amérique latine montrent l’exemple avec des succès économique sans précédent, une amélioration des conditions d’existence, une participation populaire et civique, dans le respect des traditions historiques et culturelles de chacun.

Hollande veut trouver la bonne stratégie politique qui permettrait de fédérer en une seule force l’ensemble de la gauche en réglant une fois pour toutes la question du rapport avec les électeurs du centre. Or le centre est en réalité une version molle de la droite. Et cette échéance électorale le retrouve en réalité plus affaibli. Soit qu’il ait rejoint la majorité présidentielle, soit qu’il n’ait réussi à faire élire que 5 députés dont un a déjà rejoint l’UMP. De ce fait il écartera ce qui permet au PS de vaincre avec l’appoint de la gauche dite radicale dont les électeurs - à défaut de certains dirigeants - ont démontré qu’ils souhaitent voter pour un gouvernement dans le cadre d’une véritable alternative qui place les rapports de coopération et de solidarité au centre de son programme, dans une autre logique que celle de l’accompagnement du libéralisme financier. Et non pour dire « comme si nous n’avions pas reconnu l’économie de marché depuis 1981 et réclamer « souplesse pour les entreprises et stabilité pour les salaires... utiliser l’impôt sans en faire un frein pour l’initiative. » au lieu d’exiger du capital qu’il rende aux salariés les 10 % détournés de leurs revenus depuis 20 ans, soit 180 milliards d’euros par an et d’exiger que l’impôt soit un instrument de l’égalité et de la justice sociale, comme du développement écologique et durable.

Le PCF comme les Verts, les Collectifs antilibéraux, sont aussi à la croisée des chemins. Leurs congrès et leurs assises, devront aussi examiner ces questions : les modifications sociologiques et démographiques intervenues dans le pays (la naissance d’un électorat de la gauche dans les centres villes où s’installent de nouvelles classes de salariés aisés, cadres et techniciens, sensibles aux thèmes des valeurs civiques et de l’environnement, mais instables sans racines idéologiques), la fracture entre le prolétariat des cités qui vote à gauche et celui des périphéries pavillonnaires, des petites villes périurbaines qui a donné majoritairement ses voix au Front national et à Sarkozy. Car c’est de l’alliance, de ce front de classe que dépend le succès de la reconquête à gauche d’un électorat dispersé et en proie au doute.

La bataille est aussi idéologique. La gauche doit dire clairement quelles sont ses valeurs, différentes de celles d’une droite qui avec Sarkozy, met au centre de son discours la seule responsabilité de l’individu dans une compétition acharnée qui dresse les uns contre les autres, où s’affrontent les hommes comme les communautés. Le sarkozysme, c’est une société de non-assistance à personnes en danger qui conduit à la désintégration sociale. Les valeurs de la gauche sont celles d’une société où les hommes et les femmes sont liés par des liens de coopération et de solidarité, qui exercent leur responsabilité de citoyens au sein du cadre collectif de la République. La gauche c’est une société qui éduque et qui protège les individus, qui conduit à leur épanouissement tant physique que culturel. Une assistance à vivre comme un droit et non comme une charité qui rend redevable et provoque honte, ressentiment et envie.

Ce sont ces valeurs là qui doivent guider les aspects pratiques du projet et qui valent autant pour l’Europe et dans le Monde pour les rapports entre les peuples. Elles donnent du sens aux choix pour des Services publics forts et puissants (santé, énergie, transports, logements sociaux), des salaires convenables et des conditions de travail qui permettent réellement l’épanouissement des individus, et donnent du temps pour vivre, une éducation qui depuis le plus jeune âge accompagne l’enfant jusqu’à son insertion sociale, avec les moyens humains nécessaires. Ce sont des choix pour une société humaine et fraternelle, à décider dans le cadre d’une révolution démocratique qui impliquera des réformes institutionnelles et constitutionnelles mises en œuvre sous le contrôle effectif des citoyens. C’est le choix entre la guerre de tous contre tous proposée par la droite, ou la coopération. C’est dans ce cadre que s’inscrit la nécessité du dépassement identitaire et du regroupement vers une force nouvelle forgée dans la réflexion commune et de luttes qui devront dépasser la simple résistance aux projets de casse sociale de la droite au pouvoir.

Allain Graux anime Pour la République Sociale en Côte d’Or.


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