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BOUM BOUM SUR CHRISTINE LAGARDE

Par Mick et Paule
vendredi 27 juillet 2007
par  Mick et Paule
popularité : 91%

Raymond Barre fut paraît-il « le meilleur économiste de France ». Il se susurre aujourd’hui que Mme Christine Lagarde est la meilleure ministre des finances qu’on ait jamais eu. Tiens donc. Déjà ? Après seulement quelques semaines d’exercice, ce n’est pas sur un bilan que qui que ce soit peut classer la dame au top du hit parade. En fait, nous n’avons d’elle qu’un discours à l’Assemblée nationale. Mais quel discours il est vrai !

Madame Lagarde était en charge de faire gober à nos députés le « paquet fiscal » intitulé gracieusement « Travail, emploi et pouvoir d’achat » (TEPA pour les amateurs de sigles). Madame Lagarde n’est manifestement pas une adepte du maniement du dos de cuillère. D’ailleurs, « c’est une vieille habitude nationale : la France est un pays qui pense. Il n’est guère d’idéologie dont nous n’ayons fait la théorie, et nous possédons probablement dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé, assez tergiversé, retroussons tout simplement nos manches ! » Assez pensé ! La France de Madame Lagarde (et de M. Sarkozy) sera une France qui ne pense pas. Ou plutôt ou les masses seront priées de laisser la pensée (politique) à leurs éminents dirigeants, arrivés là parce qu’ils sont les meilleurs.

Madame Lagarde nous invite à ne plus penser, mais elle tient cette conviction d’un bagage culturel lourd. Madame Lagarde a lu des livres. Elle en cite un, Le droit à la paresse, de Paul Lafargue, pamphlet de ce gendre de Marx (Karl, pas Groucho) un brin libertaire, sans aucune référence au contexte de l’époque, par exemple aux soixante heures de travail hebdomadaire courantes à la fin du XIXe siècle. Epoque bénie sans doute pour Madame Lagarde. A soixante hueres, en effet, plus grand temps pour penser. Bagage culturel encore, Madame Lagarde fait référence à la lutte des classes : « La lutte des classes est bien sûr une idée essentielle mais, de mon point de vue, essentielle pour les manuels d’histoire. Il faudra certainement, un jour, en étudier les aspects positifs, mais elle n’est aujourd’hui d’aucune utilité pour comprendre notre société. » Un jour ? Le plus tard possible, évidemment. Bagage culturel enfin, Madame Lagarde prend ses références dans toutes les traditions, elle cite Confucius : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. » Qui peut se payer le luxe de choisir son travail ? Bien peu de gens, non ? Bin si, pour Madame Lagarde, car « entre l’égalité de tous sur la ligne de départ et les performances de chacun à l’arrivée, le travail fait de l’individu le seul responsable de son propre parcours ».

Personne n’ignore, sauf Madame Lagarde, que l’égalité au départ demeure une vaste blague. Une blague que la loi TEPA va de plus renforcer, en dispensant de droits de succession, ou en les rendant symboliques, les possédants. Elle va être belle, « l’égalité de tous au départ ». Nul n’ignore non plus, et certainement pas Madame Lagarde, habituée à côtoyer la finance internationale, que le travail n’est pas, loin s’en faut, « le fondement de toutes les réussites, de toutes les fortunes ». Elle « oublie » la spéculation, les héritages, justement, et les piratages car, hélas, rares sont les fortunes « honnêtement constituées » : ce qu’on appelait en d’autres temps l’accumulation primitive du capital est toujours violente pour la société, violence cachée, souvent, mais violence.

Christine Lagarde insiste beaucoup, énormément, sur les vertus épanouissantes du travail. Il ne s’agit pas de les nier, mais ne chargeons pas trop la barque. « J’entends dire parfois, à propos du travail et de la concurrence qu’il engendre : c’est la guerre de tous contre tous. Voilà un véritable contresens. Car à la guerre, le plus fort soumet le plus faible tandis que, dans les rapports de travail, le plus fort communique de la force au plus faible », dit-elle. Voilà qui ira droit au cœur des cohortes de salariés stressées par les méthodes « modernes » de management, aux familles des suicidés de Renault, Peugeot et tant d’autres entreprises où, probablement, les dirigeants ont communiqué tant de « force » à leurs troupes que certains n’y ont pas survécu : ils voulaient bien faire, mais se sont plantés dans la dose de « force » à infuser. Finalement, Christine Lagarde a un fond très midinette : elle croit aux contes de fées, ceux qui transforment les entreprises où tout le monde il est beau et gentil, et égal en plus, car le travail « met l’ensemble des professions sur un pied d’égalité : le grand patron comme le petit employé savent l’un et l’autre ce que c’est qu’une grosse journée de boulot ». Prière de ne pas pouffer, sinon vous êtes viré-e.

Au total, la « rupture », la « modernité » dans la France de Christine Lagarde et Nicolas Sarkozy, c’est le retour du « enrichissez-vous » de Guizot, à peine repeint (une seule couche) : « Travaillez plus, vous multiplierez l’emploi ; dépensez plus, vous participerez à la croissance ; gagnez plus, vous augmenterez le pouvoir d’achat ! ». Assez pensé ? Christine Lagarde montre le chemin.

Toutes les citations en italique sont issues du discours prononcé par Christine Lagarde à l’Assemblée nationale le 10 juillet 2007. Et qu’on ne dise pas qu’elles sont sorties de leur contexte ; le contexte est parfois pire (ndlr)


Commentaires

Logo de gare jean
samedi 4 août 2007 à 10h24 - par  gare jean

Très bonne analyse du discours de Mme Lagarde...Il faut dire que cette illustre( s’il en ait)
de cette Dame n’a jamais, mais au grand jamais, travaillé par exemple dans une grande surface à mi-temps, avec un salaire de misère, et une perspective d’avenir (promotion) réduite à néant.
Ceci étant dit, les français ont voulu Sarkozy, et bien qu’ils "mangent" du Sarkozy.
Quand je vois des petites gens (ce n’est pas péjoratif) à 800€ par mois votés pour Sarko, j’ai envie de vomir...
Un célèbre dicton dit : On a ce que l’on mérite.
Où est la gauche dans tout cela ? je la cherche...
Quel désastre ! !! !

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