ETÉ, RENTRÉE, LA GRISAILLE CONTINUE (sauf au Cactus)
par
popularité : 1%
Plutôt morose, la rentrée, non ? Sauf (bonne) surprise, la rentrée sociale que d’aucuns espéraient explosive va se faire dans le calme, alors que l’été fut assez meurtrier : énième loi sécuritaire tapant prioritairement sur les « classes dangereuses », au premier rang desquelles les immigrés, avec rafles renforcées en prime pour celles ou ceux qui ne seraient pas en règle, enfants inclus ; « réforme de l’université » dont le point majeur, l’ « autonomie » est passé comme lettre à la poste. Avec cette loi disparaît l’ultime verrou qui empêchait la mise en concurrence des universités entre elles. Ajoutons la promesse de la « franchise » médicale (au passage, franchise, ça vous a tout de même une autre gueule que taxe, si ?), la menace de la TVA « sociale », qui n’a évidemment de sociale que le nom, la fin du service public de l’énergie avec la fusion gaz de France-Suez, la suppression de11000 postes dans l’éducation nationale, ce qui ne manquera pas d’en renforcer l’efficacité et, non pas cerise sur le gâteau, mais point central de la politique sarkozyenne, le « paquet fiscal », monumental cadeau aux plus riches d’entre nous, que les serrages de ceinture de tous les autres devront payer. Tant il est vrai que le point central d’un projet politique est et demeure le traitement de la répartition des richesses.
C’est ce que nous avons dit au colloque de « Vents d’Ouest » à Lorient, dont on trouvera les comptes rendus dans ces colonnes, et qui a constitué un des ports d’espérance de la gauche dans ce morne été, quelques jours avant des universités d’été dont on savait à l’avance qu’elles seraient décevantes. Nous savions en effet que les dirigeants de la LCR veulent refaire la LCR qui ne sera plus la LCR tout en restant la LCR. Nous savions que les Verts tenteraient de calmer leurs querelles intestines sans pour cela déboucher sur un projet lisible. Nous pensions que rien ne sortirait de l’université rochelaise du PS, sauf une unité de façade facilitée par l’absence calculée d’un certain nombre de ténors et sopranos. Nous nous sommes (ô très légèrement) trompés : les socialistes, en tout cas les présents à La Rochelle, paraissent unanimes sur un point : les français doivent travailler plus. Cela ne vous rappelle rien ? Si ? Alors, précisons tout de même, car, en réformistes conséquents, les socialistes (en tout cas ceux présents à La Rochelle), eux, n’ajoutent pas « pour gagner plus ». François Hollande a aussi rappelé que les socialistes avaient adhéré à l’économie de marché dès 1983. Non pour le regretter mais plutôt pour s’en vanter. Comme si le problème était d’ « adhérer » à un machin de ce genre ! L’économie de marché, on la prend en considération, bien sur, on l’ausculte, on en recherche les limites et les vertus, on s’en sert là ou ça peut être utile, on la remballe là où elle fait des dégâts, bref, c’est un outil. On n’adhère pas à un outil, voilà d’ailleurs des années que faucilles et marteaux ont été rangés dans les placards de l’histoire.
Dans quelques jours, le ban et l’arrière-ban de la gauche se retrouveront à là Fête de l’Humanité, qui mettra une louche de convivialité dans des débats et conversations qui en ont bien besoin. Cela ne suffira sans doute pas à réveiller un mouvement social atone, fatigué, sonné sans doute par les récentes victoires de la droite, désarmé pour l’instant face aux nouvelles règles (ou absence de règles) imposées par la mondialisation libérale. Il a besoin de vitamines, que clubs, partis, groupes etc peuvent contribuer à fournir. Il a besoin peut-être aussi, et c’est dommage, que les conséquences des choix politiques du gouvernement Sarkozy marquent concrètement les porte-monnaie et les esprits.
Commentaires