BOUM-BOUM SUR JACQUES ATTALI

Par Mick et Paule
mercredi 17 octobre 2007
par  Mick et Paule
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Tant nombreux sont ceux qui prêtent à jacques Attali un esprit délié et une vive intelligence que nous nous garderons bien de mettre en doute cette opinion fort répandue, étayée par une prolixité de l’intéressé qui a laissé quelques opuscules parfois stimulants, parfois instructifs.

Ce n’est donc pas par bêtise que la « commission Attali », chargé par le président divorçant de réfléchir sur la « libération de la croissance » a laissé filtrer ses premières propositions, qui sont pourtant consternantes. N’en retenons que les deux éléments phares ; l’abandon du principe de précaution et la libéralisation totale des prix pour le plus grand profit de la grande distribution.

Réduire le principe de précaution à un principe d’interdiction est scientifiquement idiot. S’il est exact que des intégristes de la précaution ont pu, ponctuellement, faire de celle-ci un épouvantail, toute démarche scientifique est imprégnée de précaution. Et nous vérifions hélas régulièrement que l’inscription de ce principe dans la constitution (voulue par Jacques Chirac au temps où il voulait passer pour le parangon de la défense de l’environnement) n’empêche pas d’aventureux industriels de mettre sur le marché des produits éminemment dangereux. Plus de principe de précaution, c’est le bonheur pour les lobbies de la chimie, de l’industrie pharmaceutique (qui finit par dépenser davantage pour inventer des maladies que pour des médicaments), de tout ce qui pollue. D’une main on défend le protocole de Kyoto, de l’autre, finies les précautions. Bravo les artistes.

Quant aux vannes grandes ouvertes à la grande distribution, c’est prendre les gens pour des imbéciles que de prétendre que cette initiative sera favorable à la croissance. N’importe quel économiste débutant sait que dans un marché oligopolistique, tel que celui de la grande distribution, la « guerre des prix » est largement étouffée par les intérêts bien compris des protagonistes. Et il est tout aussi visible que l’autorisation de la vente à perte et tout ce genre de chose ne fera qu’une victime : l’activité de production, qui sera encore plus pressurée qu’aujourd’hui par les grandes enseignes. Le résultat des courses est malheureusement mécanique : recours encore plus massif aux importations en provenance des pays à bas coûts de main d’œuvre, fermeture d’entreprises productrices françaises, hausse du chômage, baisse du pouvoir d’achat global. Ah, la belle croissance que voilà, Attali est passé par là.

Mais si ce n’est pas par bêtise que Jacques Attali et ses commissaires pondent de telles inepties, comment donc l’expliquer ? Volonté de complaire au libéralisme du Prince et de sa majorité ? On sait depuis l’époque de François Mitterrand que Jacques Attali est, aussi, un courtisan de première bourre. Volonté de paraître ? On sait (il n’est pas le seul dans ce cas) que ça n’a jamais été la modestie qui a étouffé Jacques Attali, mais tout de même... Soumission aux intérêts du grand capital multinational, comme on disait du temps où on appelait les choses par leur nom ? Peut-être (car le patronat français, hors les grandes enseignes, a fait plutôt la gueule en prenant connaissance du dopage de la croissance façon Attali). Un peu ou beaucoup de tout cela sans doute. Une certitude en tout cas : comme tout produit dopant, les tambouilles d’Attali n’auront au mieux qu’un résultat éphémère sur les « performances » de l’économie françaises, dont la santé, elle, sera durablement altérée.


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