L’ AIR DES QUOTAS
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L’ AIR DES QUOTAS
Par Pierre Henry
Le président de l’UMP vient de relancer, après d’autres, le débat sur l’instauration de quotas en matière d’immigration. Il est nécessaire, dit-il, que la France choisisse et ne subisse plus son immigration. Pour faire bonne mesure, il ajoute que l’immigration étant aujourd’hui du domaine de compétence de trois ministères, il convient de tout regrouper en un seul ministère de l’immigration.
Il y a en France comme dans la totalité des pays européens des migrations qui obéissent à plusieurs logiques et à plusieurs instruments juridiques internationaux. C’est le cas des migrations au titre de l’asile. Par essence, un pays signataire de la Convention de Genève ne peut choisir parmi les persécutés s’adressant à lui et remplissant les conditions des critères de la Convention.
C’est encore le cas des migrations qui s’opèrent au titre du regroupement familial pour les personnes qui demeurent légalement dans notre pays. C’est un droit inaliénable que de vivre en famille. Pour prendre les dernières statistiques connues, celles de 2003, sur les 136 000 entrées officielles de ressortissants non communautaires près de 90 000 l’ont été au titre du regroupement familial et 11 000 au titre de la convention de Genève.
Alors de quoi parle-t-on ? D’augmenter le volume des entrées (un peu plus de 6 000 en 2003) au titre de l’immigration de travail ? Et de choisir plutôt des cadres que des ouvriers, ce qui, en fait, est déjà largement le cas ? Certaines nationalités, voire ethnies, plutôt que d’autres ? Dans un pays qui compte prés de quatre millions de chômeurs et titulaires de minima sociaux je souhaite bonne chance à ceux qui vont expliquer que nous devons avoir recours à une augmentation de la main d’œuvre non communautaire, conséquence de la pénurie nationale.
Je n’insiste pas davantage, au delà de l’argument moral, sur l’insécurité du monde que l’on accroît par le pillage des cerveaux originaires des pays en développement. C’est là le plus sur moyen d’approfondir les inégalités Nord Sud, la misère, les extrémismes et la... migration clandestine.
Enfin le président de l’UMP n’ignore pas que 200 000 personnes déboutées du droit d’asile sont présentes sur notre territoire en toute connaissance des pouvoirs publics. Un réexamen des dossiers de ces requérants s’impose au plus vite.
Nul n’a intérêt à entretenir la confusion. Il conviendra pour l’avenir d’éviter l’amalgame entre immigration, asile, regroupement familial sauf à vouloir définitivement tourner le dos à nos engagements internationaux. Et puisque le projet du candidat de la gauche au deuxième tour de l’élection présidentielle devra traiter de cette question, il est d’ores et déjà préférable pour les républicains sociaux de parler de politique de migrations plutôt que d’immigration.
Nicolas Sarkozy jette de la poudre de perlimpinpin sur les braises du feu qu’il allume. C’est une méthode de communication dont il va abuser. Espérons que cela ne deviendra pas en 2007 une méthode de gouvernance à la tête de la France.
Pierre Henry est Directeur Général d’une Organisation Non Gouvernementale
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