UN CONTE DE FEES (novembre 2007)
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Le président s’éveilla en proie à une préoccupation mal définie. Pas un regret, il ne regrettait rien. Pas un remords, ce n’était pas dans ses habitudes. Après son café et son jogging, la vérité se fit jour : il n’avait pas frappé de grand coup depuis au moins l’avant-veille. "Nom de Dieu, se dit-il respectueusement, nom de Dieu, ça ne peut pas durer !" On notera que, mesurant l’ampleur de son propre personnage, il ne se parlait que respectueusement, quel que soit son interlocuteur.
Il sonna son secrétaire général, qui accourut en frétillant ainsi que son maître le lui avait prescrit. "Claude, tu vas appeler immédiatement mon petit collègue Uribe, tu sais, celui qui ,se prend pour moi en Colombie ! Tu lui dis de se démerder, j’arrive ce soir à Bogota. Coup fumant en perspective. Tu viens avec moi. Et puis non, c’est Rama Yade qui m’accompagnera. Elle est plus représentative." "Mais, Monsieur le président, et Monsieur Kouchner ?" Le président ricana avec un certain mépris.
Bien que déçu, le secrétaire général s’acquitta promptement de sa tâche. Lorsque l’Airbus présidentiel se posa à Bogota, Monsieur Uribe attendait au garde à vous mais inquiet. Le président lui pinça familièrement l’oreille à la manière impériale et l’appela "mon brave". "Vous savez, Monsieur Nicolas, dit le brave, ça ne va pas être de la tarte !" Le président ricana derechef et évoqua pour cet ignare d’autres hauts faits, Tripoli, N’Djamena.
Les contacts furent pris. Le lendemain, le président se présenta à l’orée de la forêt. Monsieur Uribe, homme de peu de courage, avait prétexté une affaire urgente pour rester à Bogota. Une fois de plus, le miracle eut lieu. Madame Ingrid apparut et on procéda à l’échange. Le commandante des FARC relâcha sa prisonnière et s’empara du président Nicolas, qui supplia : "Prenez plutôt Rama Yade, elle vous fera meilleur usage !" Le commandante fut inflexible. Le président entra dans la jungle. Quand l’Airbus atterrit à Villacoublay, lune foule en délire accueillit madame Bettencourt. La France avait récupéré l’otage et perdu le président.
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