https://www.traditionrolex.com/18 LETTRE D'UNE CLANDESTINE A UN PREFET - La Gauche Cactus

LETTRE D’UNE CLANDESTINE A UN PREFET

Transmis par Pierre Payen
samedi 24 novembre 2007
par  Xiaoli Lin
popularité : 1%

Monsieur le Préfet,

En janvier 2003, je ne sais pas quel jour, j’ai quitté la Chine. Ce jour là, j’ai quitté ma famille, je devais suivre une personne. Mes parents m’ont pas dit pourquoi je devais quitter la maison, d’ailleurs ils ne m’ont jamais parlé. Donc j’ignore que je suis sur la route pour quitter la Chine, pour partir dans un autre pays, et pour travailler en clandestin.

La personne m’a emmenée, avec tout un groupe (de 10 personnes environ) prendre l’avion, après plusieurs jours de voyage en camionnette. Je ne savais pas où j’allais. Je me suis retrouvée dans un atelier de couture qui employait des travailleurs clandestins. C’est là que j’apprends que je suis à Paris, en France. C’était une maison à un étage. Je travaillais au sous-sol dans une pièce sans fenêtre où il y avait des machines à coudre pour huit personnes. Je pouvais travailler seize heures par jour quand il y avait beaucoup à faire. Parfois, je subissais des insultes. C’est un homme asiatique qui nous rapportait les marchandises et nous donnait le travail. Il vivait à l’étage avec femme et enfants que j’entendais mais je ne les ai jamais vus.

Pour manger, c’est une femme travailleuse comme nous qui était chargée de nous faire nos repas deux fois par jour. Pour dormir, nous étions sur des matelas dans une pièce sans fenêtre au rez-de-chaussée. Nous ne pouvions pas sortir de la maison, car les portes étaient fermées à clef. J’avais essayé plusieurs fois de m’enfuir mais la porte était fermée. Un soir, elle était restée ouverte et c’est là que je suis partie avec Liniao Yang et Jianqiong Lin, que j’ai connues à l’atelier. Nous avons pris plusieurs bus et métros au hasard pour arriver à la Gare du Nord. Nous avons pris le premier train trouvé, pour partir le plus loin possible. Arrivées à Dunkerque, nous avons marché longtemps dans la ville et nous avons vu le mot (en anglais, le même mot) : « Hôtel de Police », nous y sommes allées. Ils m’ont emmenée au Foyer d’urgence. Depuis le 15 août 2003, je suis placée à l’Aide Sociale à l’Enfance, et j’avais 16 ans. Mes parents ne veulent plus de moi. Je ne veux pas retourner en Chine ni retourner avec ma famille. Cela fait 5 ans que j’ai quitté la Chine, et je n’ai aucun contact ni écrit ni téléphonique avec ma famille en Chine. Je veux rester en France, car pendant ces 5 ans, j’ai appris à parler et à écrire la langue française. J’ai obtenu un diplôme (employée de commerce multi spécialités) en juin 2007. Je me suis fait des amis à l’école et aussi à l’extérieur de l’école. Ma vie est ici en France. Retourner en Chine, ce serait un pire cauchemar pour moi. Je préfère mourir ici en France que de retourner en Chine. Ma famille en Chine est biologiquement ma famille, mais dans ma tête ils ne sont plus ma famille, car ils n’ont même pas pensé à ce qui pouvait m’arriver le jour où ils m’ont abandonnée. Ils n’ont pas d’amour pour moi, donc pour moi je n’ai plus de famille en Chine. De plus, je ne peux pas retourner en Chine, car je sais que je ne serais pas accueillie par ma famille parce que je suis une fille, et que je me suis échappée de l’atelier clandestin. J’ai peur de ce qui pourrait m’arriver là bas.

Je me permets d’apporter une rectification que j’ai relevée dans l’arrêté daté du 25 octobre 2007, dans le 4ème paragraphe : j’ai été confiée au Service de l’Aide Sociale à l’Enfance le 15 août 2003, à l’âge de 16 ans, et non comme indiqué « août 2005 ». En mettant tout mon espoir dans le fait que vous accepterez de faire réexaminer ma requête de titre de séjour par vos services, et dans cette attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de mes sentiments les plus respectueux.


Commentaires

Brèves

1er mars 2012 - BREF HOMMAGE A MENDES FRANCE, par François LEDRU

Chez les Ledru, bourgeois catho (comment puis-je être si différent d’eux ?), les gosses (...)

17 août 2009 - SIGNEZ LA PETITION ANTI-BONUS !

Les grands dirigeants du monde prétendent ne rien pouvoir faire dans leur pays contre le retour (...)

25 mai 2008 - NOUS SOMMES ELUS DU PEUPLE, PAS DE SARKOZY : POUR LA DEFENSE DU DROIT DE GREVE : DESOBEISSANCE CIVILE DES ELUS !

Le 15 mai 2008, le président de la République en titre a osé remettre en cause le droit de (...)
https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18