TROIS CONTES (décembre 2007)

mardi 25 décembre 2007
par  Jacques Franck
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La Quête de la spiritualité

Monsieur Nicolas avait déjà accompli un long chemin dans sa quête de spiritualité : la veillée au Fouquet’s, la retraite sur le yacht de Monsieur Vincent à Malte, le pèlerinage au bord d’un lac en Nouvelle-Angleterre, la procession à Disneyland. Mais ça ne suffisait pas à son âme éprise d’absolu. Il sonna son secrétaire : "Claude ! Prépare moi un avion tout de suite ! Comme d’habitude, un qui ne tombe pas, ça ferait mauvais effet. On va voir Monsieur Benoît ."

Monsieur Benoît le reçut sous les lambris du Vatican et les ors de la Basilique Saint-Pierre. Les deux hommes se congratulèrent pieusement et échangèrent des petits cadeaux. Monsieur Nicolas fut promu à la dignité de Chanoine Honoraire de Saint Jean de Latran. C’était à peu près la seule distinction qui manquait à sa collection. Il en conçut un plaisir d’autant plus vif qu’aucun de ses adversaires ne pouvait se targuer d’en être titulaire. Ni Monsieur François, ni Madame Ségolène, ni même Madame Marie-George.

L’émotion atteignit son comble. Afin de donner à l’événement un lourd contenu culturel, Monsieur Nicolas sortit de ses bagages un penseur qui honorait son pays et l’Europe : Monsieur Jean-Marie Bigard.

Le joli Noël de Monsieur Nicolas

Pour cet homme de coeur, Noël est la fête de la famille et de la jeunesse. Il ne saurait y déroger. Le 24 décembre de l’an premier de son règne, il montra une fois de plus à la face du monde sa fidélité aux vraies valeurs, quoiqu’il puisse en coûter à ses contribuables.

Dans le jet familial, il fit monter Madame Andrée, sa mère, le jeune Louis, son fils et la petite Carla, la jeune immigrée chômeuse si méritante sur qui il avait pris l’habitude d’étendre sa bienveillante protection. Arrivé à Louqsor, il s’installa avec son petit monde dans un hôtel modeste dont les cinq étoiles scintillaient au bord du Nil. Les gardes du corps et le secrétariat occupaient un étage de l’établissement.

Toujours avide de culture, Monsieur Nicolas demanda à visiter la Vallée des Rois. Il fit la moue devant le tombeau de Ramsès II, apprécia celui de Toutânkhamon, puis convoqua le conservateur en chef de cet ensemble funéraire monumental. "Dites-moi, mon brave, je ne suis hélas pas immortel. Ce que j’ai vu n’est pas mal, mais si vous aviez quelque chose d’un peu plus confortable pour moi, on pourrait faire affaire." Il glissa dans la main du conservateur deux ou trois "Rafale", une centrale nucléaire, et alla s’ébattre dans un temple voisin avec la petite Carla.

Conte oriental

La petite Carla, alléguant une forte migraine, ne souhaita pas remplir les devoirs de sa charge envers son Seigneur. Tant pis, se dit Monsieur Nicolas, pour une fois je ferai autre chose. Faute de mieux, il se contenta d’enfiler un short. Puis il siffla son Vizir des Affaires Étrangères : "Bernard ! Au jogging !"

Le Vizir s’extirpa du lit qu’il partageait avec Madame Christine, son épouse, dans une soupente de la villa appartenant à Monsieur l’Emir d’Abou Dabi et que cet homme de bien mettait à la disposition de la République Française. Il se présenta au garde à vous devant Monsieur Nicolas. " Ah ! Mon Maître ! J’ai soixante-huit ans, je me fais vieux ! Et j’ai tellement mal au dos à force de me courber ! Le sport, ce n’est plus pour moi !"

Monsieur Nicolas fronça les sourcils. "J’ai dit : Bernard, au jogging ! Ne me force pas à appeler Madame Rachida à Paris !" A cette évocation, le Vizir blêmit : " Non, Maître, non ! Tout mais pas ça !"

Les deux hommes coururent au petit trot à travers les rues animées de Charm-el-Cheikh. Ils défilèrent devant les boutiques de cartes postales, de djellabas, de narguilés, de chameaux en peluche, d’accessoires de plongée. Une petite soixantaine de policiers les entouraient discrètement.

Soudain, un photographe non accrédité osa fixer ce beau spectacle sur la pellicule. Les gardiens de l’ordre eurent raison de l’intrus et l’assommèrent. "Tu vois, Bernard, commenta Monsieur Nicolas dans ce pays, on connaît la valeur du sport et on sait protéger la vie privée !" (Histoire vraie)


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