TRIBUNE LIBRE : AVERTISSEMENT A LA GAUCHE
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Après la magnifique gueule de bois d’après élections, est venu le temps de la réflexion. Il est venu le temps du bilan, il est venu le temps de répondre aux questions : est ce que mon vote a servi à quelque chose ? Est-ce que le résultat est à la hauteur de l’énergie dépensée, du temps passé, des débats et des combats ?
Le résultat des présidentielles est clair, nous avons tous, plus ou moins, voté pour des candidats qui n’avaient aucune chance, isolés, et qui ont tous fait plus ou moins la preuve de leur incompétence. Donc là, c’est clair, temps perdu et énergie dépensée en vain. Pour les législatives, c’est en gros semblable, les groupuscules de gauche isolés et en pleine compétition interne ont perdu de vue le véritable adversaire. Lequel passe d’ailleurs une bonne partie de son temps à leur rappeler qu’ils ont perdu les élections : « Les français ont décidé... » tout en les félicitant... « je rends hommage... aux syndicats... etc ».
Alors, au bout du bout, on se rend assez facilement compte que chacun de nous a en fait déposé, non pas un bulletin de vote, dans la mesure ou tout a été fait plus ou moins « par défaut », mais 1€60 dans la caisse d’un groupuscule - électoral - de gauche, quel qu’il soit... du PCF à la LCR ou à LO ou le PT comme chacun le sent. Le résultat est maigre mais donne peut être une piste pour l’avenir. Si les partis de gauche se contentent de notre 1€60 (je rappelle qu’au premier tour des législatives se décide la dotation en argent public et que cette dotation est de 1€60 par électeur si le candidat fait plus de 1% des voix), ceci donne une idée de la pression que les électeurs non encartés pourraient faire peser sur les partis de la gauche dite « de gauche ». Comme leurs adhérents sont souvent à peu près aussi groupusculaires que leurs résultats aux élections, on pourrait tenir le raisonnement suivant : soit vous nous présentez un programme de gauche unitaire, « les 125 propositions par exemple) et des candidats communs soit nous ne votons pour aucun de vous au premier tour des législatives, ce qui revient en gros à vous couper les vivres si vous ne voulez pas faire ce qu’on dit.
Il me semble qu’il est sérieusement temps d’arrêter ces élans de grand guignol, qui consistent pour les responsables de partis de gauche, non pas à vouloir arriver au pouvoir, mais simplement à vouloir devancer leur partenaires, être « le premier parti de gauche » : que le PCF soit devant la LCR ou l’inverse, ça sert à quoi ? En 1968, les jeunes avaient comme slogan « élections piège à cons. », ça reste malheureusement très vrai. Quand d’une part on constate la déliquescence dans les partis de gauche (à tel point qu’on se demande si la gauche existe encore), qu’on voit des syndicats hésiter à poursuivre ou entreprendre une grève malgré l’avis de leur mandants, on se dit qu’il va y avoir un sérieux boulot de reconstruction à faire et que ça ne se fera sans doute pas avec les « leaders » actuels dont le crédit est pour l’instant au ras des pâquerettes : il va falloir que la base pousse !
Quand, dernière nouvelle, des syndicats étudiants demandent de ne plus combattre la loi Pécresse, qu’ils regardent les lois d’outre-manche, ils devraient en particulier regarder le document du gouvernement britannique sur les « trust schools », c’est à dire l’entrée des entreprises, non seulement dans l’université, dont les taux d’inscription ont sérieusement augmenté, mais dans les autres écoles. A titre d’exemple : « Trust schools will not be owned by business : business foundations and other partners can support the school through a Trust and take a role on the governing body, but not take it over ». Traduction libre : « une école en partenariat ne sera pas la propriété d’une entreprise : les groupements d’entreprises et les autres partenaires peuvent soutenir une école à travers ce partenariat et prendre une rôle dans le conseil d’administration, mais pas la diriger », il est toujours sympathique de voir ce genre de discours : « vous, entrepreneur vous pouvez payez mais pas diriger ». Reprenons le dialogue : Monsanto : « nous avons payé votre laboratoire pour prouver que les OGM étaient inoffensifs » ; Université : « nos études montrent, que les toxines sont détectées dans toutes les parties de la plante (feuilles, racines, pollen, grain, tissus, que bien sûr, les produits végétaux sont destinés à l’expérimentation », et ainsi de suite. Pour ceux qui veulent avoir une idée de la suite du dialogue, voir le site de la Commission du génie bio-moléculaire qui donne ou non les autorisations d’essais OGM. Qui pense sérieusement qu’une entreprise va continuer à mettre du fric dans des laboratoires qui ne vont pas dans son sens ? Voyez ce qui arrive déjà au laboratoire de Christian Velot (pour ceux qui auraient des doutes. Pour ceux qui veulent voir la réalité actuelle et voir ce qui peut se passer (1)
Il semble donc qu’actuellement, dans les partis politiques et les syndicats, on retrouve le même clivage : les institutionnels, le PS et le PCF, et de l’autre côté la CFDT et la GCT ont un peu de mal à considérer que, s’ils survivent, c’est grâce d’une part aux cotisations de leurs membres, peu nombreux, mais aussi aux votes des non syndiqués ou non encartés politiquement, et ceux ci ont un véritable pouvoir : l’abstention. Pour un vieux républicain comme moi ce n’est pas facile à dire. Voter est un droit et un devoir, comme on nous l’a expliqué dans les cours d’instruction civique, mais voter pour des cons (je n’ai pas trouvé d’autre raccourci pour.. stupides, mégalomanes, égocentristes etc...) est ce bien raisonnable ? Donc, mon attitude personnelle sera de ne plus voter aux élections qui servent de base pour la distribution de l’argent public, par exemple le premier tour des législatives, pour des candidats de partis qui ne sont pas unitaires. Autrement dit, pas de programme unitaire, pas de candidat unitaire, pas de vote et donc pas de sous. Est ce clair ?
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