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EUROPE : ALERTE : DANGER RENOUVELE !

Par Michel Peyret
mercredi 9 janvier 2008
par  Michel Peyret
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Coup de force, forfaiture, coup d’Etat, ces qualificatifs peuvent, chacun à sa manière, rendre compte de ce que le premier personnage de l’Etat est en train de perpétrer contre son pays et son peuple. Selon les dictionnaires, il peut s’agir d’une mesure violente et illégale pour annoncer un changement dans l’Etat, ou d’une félonie, ou d’un crime pour un fonctionnaire pour un acte commis dans l’exercice de ses fonctions, sanctionné par des peines dont la moins grave est punie par la dégradation civique. On mesure ainsi l’exceptionnelle gravité de l’accusation portée contre celui qui assume aujourd’hui en France la première charge de l’Etat.

Et pourtant, dans la succession rapide des actes de pouvoir, des mesures, des annonces multipliées, cette dimension de l’illégalité ou du crime commis tend à se dissoudre, à se relativiser jusqu’à être soluble dans une quotidienneté qui serait tranquillisante si elle n’apportait une accumulation de dispositions aussi redoutables les unes que les autres. Bien évidemment, chacun est d’abord tenté de regarder midi à sa seule porte, de ne considérer que ce qui le menace au premier chef dans l’immédiateté, dans ce qui remet en question directement ses déjà chiches moyens de vie, de travail, d’existence, de retraite. C’est pourtant dans ce contexte, dans une période où tout paraîtrait s’accélérer, où toutes les questions s’ouvriraient et se généraliseraient, que le crime, sa préparation, sa mise au point, se dissimuleraient jusqu’à être ramenés au nombre des aléas qui se succèdent.

Nouvelle étape des méfaits du système

Il ne peut s’agir ici de choisir entre les différentes dispositions qui visent toutes à accentuer à la fois la domination, les aliénations qui procèdent de l’exploitation capitaliste. Elles forment un tout et leur accumulation fait qu’un seuil est franchi et que nous sommes entrés dans une nouvelle étape des méfaits du système. Concernant les aspects institutionnels européens de ces évolutions, en d’autres temps il aurait fallu la voix d’un Victor Hugo stigmatisant les actes de celui qui fut Prince-Président avant de devenir « Napoléon le petit » ou la percussion de l’accusation d’un Zola pour s’indigner d’une félonie contre la République et d’une violation de la souveraineté du peuple de France. Ces grandes voix sont restées comme telles dans l’histoire. Aujourd’hui, signe de temps nouveaux, les « élites » font défaut et c’est le peuple qui a relevé le défi d’enjeux dont l’importance et la gravité ramène à ceux qui ont laissé leurs empreintes dans le temps long de l’évolution de la société. Aujourd’hui, et c’est heureux, c’est le peuple lui-même qui assume les impératifs de sa souveraineté et cela restera également comme une étape marquante d’un changement d’époque. Ainsi, en mai 2005, quand la majorité des forces politiques et des médias faisaient campagne pour le « oui » au référendum visant à chapeauter le processus enclenché de construction d’un Etat supranational d’une constitution qui aurait achevé l’édifice déjà bien avancé, c’est le peuple qui a imposé son choix.

Le verdict du peuple fut clair : ce fut comme une insurrection contre tous ceux qui voulaient lui imposer le nouveau carcan étatique. Le Non claqua net. Et il ne visait pas seulement le « chapeau » constitutionnel, ce sont tous les attributs d’un Etat construit dans le silence, l’ombre, les tabous voulus par Jean Monnet l’initiateur, celui qui disait démocratiquement qu’il fallait le faire et jamais le nommer, qui étaient désavoués sans appel. De fait, c’étaient tous les traités, celui fondateur de Rome compris, le ver étant déjà dans le fruit, qui volaient en éclats au grand désespoir des anciens ou nouveaux promoteurs de coup d’Etat permanent mais celui-ci dissimulé avec soin. Les Français avaient cependant eu le temps d’en faire l’expérience et de percevoir la nature de ce qui s’avançait sournoisement. Déjà en 1992, lors du référendum destiné à ratifier le Traité de Maastricht, ils avaient exprimé de fortes réticences à des dispositifs qui visaient à leur faire perdre les éléments de souveraineté attachés à la monnaie, à l’élaboration du budget, à la Banque de France et à la création monétaire. Ils prenaient conscience que, de plus en plus, les directives de la Commission européenne s’imposaient obligatoirement dans la législation française jusqu’à en constituer la quasi-totalité, l’Assemblée nationale étant de fait réduite au rôle de chambre d’enregistrement de décisions prises ailleurs. Ainsi, il leur apparaîssait clairement que d’autres, selon des modalités bien trop obscures, décidaient à leur place, se substituaient à eux et à leurs prérogatives républicaines conquises de haute lutte.

Un coup de force rampant

Ce coup de force rampant qu’on leur demandait d’approuver non sans quelque cynisme, pour ne pas en prendre les formes habituellement plus brutales sinon plus violentes, était bel et bien l’un d’entre-eux, et loin d’être le moins nocif, tout au contraire. On avait agi avec prudence, sans aucune précipitation superflue, mais leur succession et leur accumulation prudente construisait cependant une réelle dépossession de souveraineté, il n’y avait plus aucun doute. Alors , dès les élections au Parlement européen de 2004, les électeurs français, à l’égal de ceux de la plupart des autres pays d’ailleurs, s’abstinrent massivement, à 57% en France et jusqu’à dépasser les 80% dans des pays de l’est européen, dont on disait pourtant qu’ils attendaient « l’Europe » avec beaucoup d’impatience. Cependant, eux sortaient d’une expérience supranationale et disaient ainsi qu’on ne les y prendrait plus.

Leur avis fut-il entendu par les peuples des pays de l’ouest ? Et cela renforça-t-il les préventions qu’ils manifestaient déjà ? Toujours est-il que Français et Hollandais rejetèrent en 2005 le traité constitutionnel, les gouvernements des autres pays décidèrent d’en rester là... pour un temps ! Le temps de la réflexion pour trouver de nouvelles formes permettant de faire accepter aux peuples sous des pressions renouvelées et accentuées ce dont ils ne veulent pas ! Si ce n’est la préparation d’un nouveau coup d’Etat, c’est à coup sûr un viol ! Et déjà s’exprimait çà et là l’idée qu’au fond, le mieux était, en toute démocratie, de se passer de l’avis des peuples !

Un viol renouvelé

Cest ce que propose Nicolas Sarkozy. Le peuple français s’est déjà prononcé ? Il n’en a que faire. C’est un viol renouvelé, un nouveau coup d’Etat ? Qu’importe. Mais quel mépris, quelle désinvolture à l’égard du peuple de France et de sa souveraineté ! Comme si cette souveraineté n’était pas inaliénable ! Faut-il donner une quelconque crédibilité à ce qui est inadmissible, irrecevable ? Faut-il cautionner ce nouveau viol du peuple français en demandant un référendum qui a déjà eu lieu, en fait en acceptant que l’on oblige les Français à réaffirmer ce qu’ils ont déjà décidé ? C’est aussi ubuesque qu’inacceptable !

Il faut cependant considérer que les raisons qui poussent les réactionnaires et la majorité du PS à renouveler leur coup d’Etat sont particulièrement pressantes pour qu’ils prennent la responsabilité devant l’histoire de forcer le destin de mauvaise manière en piétinant de conserve et la démocratie et la République. Quelles urgences les poussent ainsi à porter des atteintes nouvelles à ce qui restait de démocratie, de souveraineté, de droit du peuple français à disposer de lui-même ? Manifestement, les forces capitalistes sont très inquiètes. Après les élections européennes de 2004 et le référendum qui les a confirmées en 2005, c’est la domination, le pouvoir, le système capitaliste qui sont en question. Les études d’opinion confirment : 61% des Français considèrent le capitalisme comme négatif, les jeunes davantage encore. Il convient en conséquence de museler, et museler de façon durable le peuple de France, l’empêcher à tout prix de continuer à donner le ton aux peuples d’Europe comme cela fut plusieurs fois le cas depuis la Révolution. Noyer la démocratie et la souveraineté dans un Etat supranational conçu à cette fin, n’est-ce pas le moyen permettant de présenter sous les couleurs avenantes de la paix et de la coopération la pire des forfaitures ?

Où va l’argent de la France ?

Les grandes sociétés capitalistes d’origine européenne n’ont que faire , à l’époque de la mondialisation , du seul marché européen qu’elles ont déjà conquis pour l’essentiel : elles se sont déjà toutes déployées dans le monde , notamment vers les marchés solvables où elles trouvent des débouchés réels à leurs produits . La France par exemple n’est-elle pas devenue en 2006 le plus important investisseur étranger aux Etats-Unis en ayant investi 38,6 milliards de dollars sur le territoire américain et ce devant les Pays-Bas, le Japon et l’Allemagne ? Déjà, en 1999, les flux français d’investissement à l’étranger avaient fortement augmenté sur les 3 années précédentes pour atteindre 101 milliards d’euros, ce qui correspondait à 7,5% du PIB .

En 1998, le stock des investissements français à l’étranger atteignait 240 milliards d’euros, soit 18% du PIB français, contre 12% en 1996. Cependant précise l’étude du Ministère, si l’on calcule la valeur de ces actifs à l’étranger en valeur de marché, et non plus en valeur comptable, on atteint 632 milliards d’euros, soit 48% du PIB. On mesure par là même combien la valeur créée par le travail des français permet l’internationalisation des firmes françaises et pas seulement leur européanisation, alors que, nous dit-on, l’argent manquerait en France non seulement pour réduire la pauvreté mais pour assurer à un bon niveau les moyens pour la santé, les transports, les retraites, le logement, l’école, l’Université, la Recherche.

Des firmes insatiables

Ces firmes veulent continuer à piller le peuple français et son territoire pour se permettre de nouveaux débouchés à leurs produits sur les marchés solvables du monde et pour, d’autre part, tenir leur rang sur les marchés financiers et la spéculation financière à l’échelle mondiale. Et elles sont insatiables , elles en veulent toujours plus, encore et encore davantage de part de PIB , tout doit être subordonné à cet objectif, y compris en compressant toujours plus les dépenses nationales nécessaires et utiles au détriment des besoins, y compris en augmentant le déficit du budget de l’Etat. Aussi, les gouvernements nationaux, aussi dévoués soient-ils à l’économie de marché et à ses exigences faramineuses, aussi distants sont-ils devenus au regard des exigences démocratiques, sont-ils jugés trop fragiles pour conditionner leurs peuples à ces exigences draconiennes sur la longue durée. Aussi sont-ils sommés de renoncer à leurs prérogatives nationales pour les déléguer toujours plus à ces instances supranationales moins sensibles, parce que plus éloignées, des pressions populaires. Et ils sont également mis en demeure de conditionner leurs peuples pour leur faire accepter l’inacceptable, tous les renoncements sociaux, politiques, démocratiques, et du doit à disposer librement d’eux-mêmes. Aussi les dirigeants socialistes et leurs porteurs d’eau sont-ils priés de faire le nécessaire pour expliquer au peuple que cet Etat pourrait un jour être autre chose, qu’il pourrait un jour être aussi investi par les peuples.

C’est oublier que là n’est pas l’objectif assigné à la supranationalité, tout au contraire. Verrions-nous les grandes firmes plaider ardemment pour cette supranationalité si elles y voyaient un quelconque danger pour leur domination, fut-il lointain ? Et Sarkozy ferait-il le forcing auquel il se livre sans que la chose ait été étroitement convenue avec la présidente du MEDEF ? Non, à l’évidence, les peuples n’ont aucun intérêt à entrer dans le jeu du grand capital, sinon à y perdre leur âme, à renoncer pour longtemps à toute libération des exploitations, des dominations, aliénations.

Contrebattre les exigences du capital internationalisé

Le terrain national doit demeurer le lieu essentiel des affrontements de classes, le lieu où il est d’abord possible de contrebattre les exigences du capital internationalisé, ce qui n’est exclusif d’aucunes formes de luttes et de solidarités internationales, c’est l’évidence même. Chaque peuple, selon sa culture et son identité, doit avancer à son pas, le temps n’est pas venu, et de longtemps sans doute, où tous décideront de marcher au même pas, sauf à y être contraints, mais l’expérience encore récente des pays de l’est, les déterminations qui s’affirment à l’ouest, montrent que les constructions superétatiques ne peuvent être durables que si elles correspondent à des volontés librement exprimées.

Aujourd’hui, tout au contraire, c’est à la limitation de cette libre expression que tous les efforts sont consacrés. Le principe de reconnaissance des réalités doit être rappelé car on dit qu’elles sont têtues, l’expérience historique le prouve. Il convient donc d’exiger que le Non déjà émis en mai 2005 soit respecté, et s’orienter vers l’élaboration d’une Europe des coopérations et des solidarités entre les peuples contre toute construction étatique, là est le seul réalisme.

L’Europe des coopérations et des solidarités

Aussi convient-il d’abroger et abolir dans les traités actuels tout ce qui empiète sur les souverainetés des peuples, en fait toutes les dispositions et prérogatives déjà mises en place au niveau européen, monnaie, BCE, Parlement, budget, défense, et les différentes politiques dites « communes » déjà mises en oeuvre pour les remplacer par des coopérations librement consenties, les pays décidant de coopérer en tel ou tel domaine finançant eux-mêmes leurs projets. Un fonds de solidarité pourrait être mis en oeuvre pour contrebattre les inégalités de développement. Une Assemblée générale des peuples prendrait les décisions nécessaires à la multiplication des coopérations les plus larges et les plus diversifiées, et des solidarités, un exécutif réduit étant chargé de mettre en oeuvre les décisions de l’Assemblée.

Ces coopérations et solidarités tendraient à s’étendre à l’ensemble des peuples du monde, les échanges étant facilités par la création d’une monnaie commune qui ne soit pas le dollar, et des monnaies nationales pour les besoins internes des peuples. Le bassin méditerranéen, berceau des cultures et des échanges devrait bénéficier de coopérations renforcées. La paix, le désarmenent, nucléaire au premier chef, le libre droit des peuples à disposer d’eux-mêmes seraient favorisés, contre les visées hégémoniques et impérialistes. Les politiques énergétiques et environnementales particulièrement sensibles doivent à l’évidence concerner toute la planète. Les coopérations avec une ONU rénovée, démocratisée, deviendraient primordiales pour étendre les échanges à toute l’humanité.

Il y a donc, à l’évidence, des alternatives européennes substituant les coopérations aux dominations et aux hégémonies, la paix et le désarmement contre les interventions impérialistes, des liens et des échanges vers une nouvelle civilisation, une nouvelle mondialisation. C’est ce chantier qu’il convient en conséquence d’ouvrir au plus tôt.


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