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DE LA COULEUR DE CEUX QU’ON PERSECUTE

Par Alain Foix
jeudi 24 avril 2008
par  Alain Foix
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« La faiblesse de beaucoup d’hommes est qu’ils ne savent pas devenir ni une pierre, ni un arbre » disait Césaire aujourd’hui arbre sous le marbre. Mais pierre insaisissable sur laquelle on tentera en vain d’écrire toute sorte d’épitaphe pour tenir par le mot celui qui renversait les mots. Mais arbre d’éternité repoussant sitôt abattu, broyant la pierre qu’il ne peut être dans ses racines puissantes. Si arbre il est, il est comme disait de lui-même Toussaint Louverture : celui de la liberté des noirs qui sitôt abattu, « repoussera par toutes ses racines qui sont aussi profondes que nombreuses ». Mais là encore, les mots ne peuvent pas enfermer les êtres. Le noir de Toussaint Louverture comme le nègre de Césaire ne sont pas des pierres. On ne peut les enfermer dans leur couleur, car ces mots là sont du mouvement, mouvement de liberté. On ne peut être nègre que si on ne l’est pas seulement, que si on est dans le mouvement qui vous sort de vous-même, de votre identité fermée. La négritude bien comprise est d’abord une libération de soi sans reniement de soi. Pour avoir été mal compris, ce mot fut transformé en pierre de Palestine dans une guerre inégale, lapidant finalement celui-là même qui le lançait à l’univers hostile pour crier son identité dans la douleur. La négritude comme liberté est l’expression exacte de la liberté des noirs de Toussaint Louverture, car pour celui-ci, la liberté générale et l’émancipation humaine furent la condition posée pour cette liberté singulière. Mais dialectiquement, la libération des noirs est le fer de lance historique d’une émancipation humaine non encore totalement advenue. Ainsi Michel Leiris comme Alfred Métraux ou encore Blaise Cendrars et Jean Rouch, pour ne citer qu’eux, peuvent s’affirmer nègres sans rougir, car ils peuvent dire à l’instar de Lamartine : « Je suis de la couleur de ceux qu’on persécute ». Césaire est bien vivant car ses racines repoussent. Mais tout rejet suppose d’autres formes et d’autres chemins de croissance, des ouvertures à l’avenir. Comme tout penseur et tout poète Césaire nous fait grandir si on questionne sans cesse son dire sans le prendre à son mot.

Alain Foix est écrivain et dramaturge. Son blog : http://alainfoix.wordpress.com


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