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GAUCHE : LES ENJEUX SONT CULTURELS

vendredi 30 mai 2008
par  Jean-Luc Gonneau
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La cacophonie à droite a beau s’amplifier, l’impopularité du président de la République s’installer dans la durée, les « réformes » s’empiler, rognant chaque fois un droit, une protection des plus faibles, « libérant » chaque fois les pouvoirs des réseaux financiers et économiques multinationaux, la gauche demeure atone. Tant le Parti Socialiste, dominant la gauche de façon écrasante au niveau électoral, que le Parti Communiste, qui demeure, et de loin, la seconde formation de la gauche en termes d’adhérents, et dont le poids culturel s’effrite mais demeure prégnant, pour de bonnes et de moins bonnes raisons, vont tenir congrès avant la fin de l’année. Et la Ligue Communiste Révolutionnaire, bien plus petite mais dotée d’un porte parole efficace, s’apprête à une sorte de ripolinage d’hiver. On ne doit pas, en général, s’illusionner sur les congrès, trop souvent davantage grand’ messes que porteurs de nouveaux souffles. On a trop entendu, dans le passé, qualifier d’« historiques » des congrès dont plus grand monde ne se souvient. Mais tout de même, il était loisible d’espérer, en ces temps de disette idéologique (non, idéologique n’est pas un gros mot, et d’abord, il y a dedans idée et logique, ce n’est pas mince) que les congrès à venir pourraient apporter des perspectives salivantes, des idées et des logiques, l’ébauche, au moins, d’une nouvelle utopie féconde. A ce jour, c’est plutôt mal barré.

Au Parti Socialiste, la guerre des chef-e-s a commencé, avec un complément chorégraphique constitué d’un ballet de sous-chefs soucieux avant tout soit d’exister, soit de ménager la place tactiquement délaissée par un éléphant habituel qui a jugé plus sage de « prendre du recul ». Les deux chef-e-s les plus en vue en ce moment rivalisent de créativité militante, osant des initiatives d’une hardiesse inconnue jusqu’alors : l’une pose des questions aux militants pour savoir ce qu’elle va dire (mais n’en tiendra probablement qu’un compte modéré), l’autre sort un livre dont la presse a déjà mis en exergue une phrase : « je suis libéral ET socialiste », ce en quoi il se distingue nettement, voyez-vous, de sa concurrente, dont on savait déjà qu’elle est libérale, et qui clame maintenant qu’elle ne l’est plus. Faut-il citer Manuel Valls dans une gazette qui est de gauche ? Lui veut carrément changer le nom de son parti : socialiste devient un gros mot. Ces « quadras » du PS, bientôt ou déjà quinquas, vite, vite, les gars, Alzheimer arrive, il a déjà peut-être frappé vu l’effroyable a-culture historique (et générale, peut-être) qu’ils trimballent, n’ont qu’un projet : la rupture, encore une, générationnelle, qui se traduit aussi par le très classique, à défaut de classieux « poussez-vous que je m’y mette ». Pour quoi faire ? Question triviale sans doute.

Pas de charivari médiatique, par contre concernant la préparation du congrès du PCF. Il faut dire qu’il n’est pas très tendance pour notre bonne presse : pas assez puissant pour faire peur à la droite, ni pour ramener les médias « de gauche » à autre chose qu’un démocratisme très tempéré. Bientôt, pour les Juilliard ou Joffrin, un gars comme Tony Blair aura presque un couteau entre les dents. Le PCF élabore des textes préparatoires, pas toujours sans intérêt, mais on sent bien que les choses sérieuses du congrès, à savoir le rôle que peut jouer le PCF dans la constitution d’une gauche de gauche crédible et porteuse d’un projet, n’ont pas commencé. Si ce parti en reste, pour l’essentiel, à sa production actuelle, un statu quo fatal n’est pas à exclure. Nous avons déjà dit qans ces colonnes, ce que nous pensions du « NPA » (nouveau parti anticapitaliste) que mitonnent Olivier Besancenot et ses amis. Rien que le nom (provisoire on l’espère) fait sourire. Le parti en question ne se nommera plus ni communiste, ni révolutionnaire ? Au moins la révolution peut évoquer une alternative. Mais anticapitaliste, hein, ça ne mange pas de pain, ça évite de se torturer le citron pour proposer autre chose. Ne soyons cependant pas cruels : il y a, et il y aura, au « NPA », des gens de qualité, que nous retrouverons forcément.

Ce qui précède, au cas où il serait nécessaire d’insister, montre au moins une chose : à gauche, les enjeux sont culturels. Pas au sens « beaux arts » du terme, bien entendu, mais au niveau d’une culture politique. Nous avons écrit voici quelques mois dans ces colonnes que « l’important, c’est le pognon », pas en tant que tel, mais selon la façon dont il est réparti. Dans les discours se réclamant de la gauche, le principe fait consensus. Le consensus est même plus large : Bayrou ne se fait guère prier pour l’admettre, et même notre ineffable « président du pouvoir d’achat » le concède. Mais au-delà des discours, il y a les valeurs sur lesquelles on s’appuie pour traiter de la répartition des richesses, et les instruments qui en découlent : au fond, est-ce l’intérêt général qui doit guider cette répartition ou bien le marché, même « régulé ». On n’a que trop vu comment les « régulations » socio-démocrates ou socio-libérales ne marchaient pas ou peu ou plus : accepter, comme trop de socialistes, les règles de la mondialisation libérale, c’est condamner la social-démocratie de papa, celle des scandinaves et de la défunte cogestion à l’allemande aux tiroirs de l’histoire. Penser, ou faire semblant de penser, que l’on peut atteindre une juste répartition des richesses sans faire référence aux mécanismes de classes et aux antagonismes qu’ils génèrent, sans envisager la primauté des pouvoirs publics sur les puissances économiques privées, sans réfléchir sur les droits et les pouvoirs des citoyens dans les entreprises, les services publics, la cité, voilà en effet ce qui constitue une culture de « libéralisme politique ». Et ce n’est pas grand-chose, et il ne paraît pas souhaitable que cette « culture » là devienne hégémonique à gauche.


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