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L’AVENIR DE L’ASSURANCE-MALADIE

vendredi 23 mai 2008
par  Elie Arié
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Si notre Assurance-Maladie est structurellement déficitaire, contrairement à celle de la plupart des autres pays (celle de l’Allemagne est excédentaire pour la troisième année consécutive…), alors que nous dépensons beaucoup plus que la plupart d’entre eux pour notre système de soins (11,5% du PIB), qu’elle ne prend en charge qu’environ 50% du total des dépenses réelles consacrées aux soins (beaucoup moins que la plupart des autres), avec des résultats moins bons, tant socialement (moindre prise en charge des dépenses, on l’a vu) qu’économiquement (déficit chronique) et médicalement (nos résultats sanitaires ne sont pas pour autant meilleurs qu’ailleurs),

C’est parce qu’elle s’est fixée, dès le départ, un objectif impossible à atteindre : financer socialement une distribution de soins régulée par la demande (chacun va consulter qui il veut, quand il veut) et l’offre (chacun prescrit ce qu’il veut, à qui il veut) totalement libres.

S’il existe un contrôle des prix (tarifs des consultations, prix des médicaments) d’ailleurs de plus en plus lâche, il n’existe aucun contrôle des volumes, d’où un déficit chronique : depuis sa création, notre Assurance-Maladie fait l’objet d’un plan de résorption des déficits en moyenne tous les 2,5 ans (le premier datant de… 1946).

Car aujourd’hui, les possibilités de la médecine curative, préventive et de dépistage sont pratiquement illimitées, et personne ne sait financer des prestations illimitées. Celles-ci sont, toujours et partout, limitées par les capacités de financement, et il existe, en gros, deux grands systèmes, le système libéral et le système socialisé (aucun pays développé n’ayant adopté l’un ou l’autre, à l’exception du Québec où il est totalement socialisé ; la plupart ont des systèmes mixtes, avec des proportions variables de libéralisme économique et de socialisation) :

Dans un système totalement libéral, chacun (assurés et professionnels de santé) fait ce qu’il veut ; mais les prestations sont limitées par les possibilités financières de chacun (qu’il s’agisse de paiements directs ou de souscription d’une assurance privée : ça revient au même), car personne ne peut consacrer 100% de ses revenus à se soigner ; le rationnement s’opère selon les revenus de chacun, et la distribution des soins est inégalitaire ;

Dans un système socialisé, que chacun finance en proportion de ses revenus, c’est l’Etat qui doit fixer la part du budget qui doit être consacré au système, car personne ne peut consacrer 100% de ses revenus à des prélèvements obligatoires destinés au système de soins ; les soins doivent être alors limités non pas par les revenus de chacun, mais par des critères médicaux d’utilité et d’efficacité médicales, les mêmes pour tous : la distribution des soins est alors égalitaire.

Le premier système privilégie la liberté, le second l’égalité. Mais aucun ne peut, comme nous prétendons le faire, socialiser des dépenses régulées par la loi de l’offre et de la demande : il n’y a alors plus aucun frein à la consommation, le déficit devient inéluctable, et, avec lui, la privatisation, déjà bien entamée. Faute d’accepter une discipline collective, nous nous acheminons vers un système à l’américaine : des assurances complémentaires de moins en moins complémentaires, de plus en plus inégalitaires, avec une Sécurité Sociale qui ne sera plus qu’un filet de couverture minimale pour les plus pauvres, et des « travailleurs pauvres » qui risquent d’être totalement exclus du marché de la santé (trop pauvres pour l’assurance privée, pas assez pauvres pour le système public).

Mais quand on observe l’évolution du système de soins régulé par la loi du marché, les choses n’en sont que plus inquiétantes. En effet, quelle est la situation des assurances maladie privées aux Etats-Unis ?

Celles-ci, ayant pour but de faire des bénéfices, ont « rationalisé » les pratiques médicales : les médecins n’y sont plus payés à l’acte, ils sont tenus d’appliquer les traitements médicaux décidés par les assureurs, les assurés doivent suivre des "parcours coordonnés de soins", c’est-à-dire qu’ils ne peuvent consulter un spécialiste que si le généraliste le demande (et, bien souvent, un généraliste que si une infirmière le juge utile) ; leur liberté de choix du médecin est limitée aux seuls médecins travaillant pour la compagnie chez laquelle ils sont assurés. Ainsi, ce sont les assureurs privés américains, et non l’État, qui ont mis fin aux dogmes archaïques du libéralisme médical français : liberté de choix, d’installation, de prescription et des honoraires.

Ils ont imposé une rationalisation des pratiques que l’État, en France, n’a jamais eu le courage d’imposer. Les critères ne sont évidemment pas ceux qui sont conformes à l’intérêt général, celui de la santé publique : ce sont des critères de rentabilité financière. Mais s’il s’avère que seuls les assureurs privés sont capables de rationaliser les pratiques médicales, ils l’emporteront inéluctablement sur les assureurs publics.

Ce ne serait là que la conséquence logique d’un demi-siècle de démissions de l’État en général, et de la gauche en particulier, face à tous les corporatismes du monde de la santé (qui ne sont pas que médicaux).

Ainsi, si, au départ, le système libéral privilégie la liberté, et le système socialisé l’égalité, à terme, le système libéral sacrifie la liberté au profit, sans pour autant instituer l’égalité : ainsi aurons-nous perdu, par démagogie et lâcheté, à la fois la liberté et l’égalité, ce qui n’est pas sans rappeler la phrase de Churchill à Chamberlain après Munich : "Vous avez accepté le déshonneur pour éviter la guerre ; vous avez le déshonneur, et vous aurez la guerre".

"Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas avoir nationalisé la médecine" (François Mitterrand, après son 2ème mandat).


Commentaires

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dimanche 8 juin 2008 à 23h58 - par  Muriel THORNER

Notre système ne marche pas si mal. Mais "l’état d’esprit" et les "mauvaises habitudes" des auteurs de la réforme (ou plan "Hôpital 2012") est inquiétant.

Comme dans beaucoup d’autres domaines, il est évident que le rôle de nos politiques s’est amoindri et que les décisions sont prises et réellement implémentées dans l’ombre des cabinets ministériels, par ceux qui ont financé l"accès" du Président de la république (personnage central dans notre Constitution) au pouvoir".
Donc avec l’arrivée de SARKOZY, ce sont les mêmes que sous CHIRAC qui gouvernent vraiment la FRANCE. Dans le domaine de la santé, ils ont donc la même logique d’assureur qui, (à la place d’une logique médicale, sociale, ou même économique), domine dans leur "réforme de l’offre et du financement des soins médicaux".
Concrètement, mon domaine de compétence est celui de "l’offre de soins" : je lutte pied à pied depuis 5 ans contre la fermeture des Hôpitaux de proximité, dont la rentabilité (c’est-à-dire le coût de fonctionnement, par rapport au service rendu) est la meilleure de l’hexagone.
Nénanmoins, ces hôpitaux sont fermés de façon doublement CRIMINELLE par les ARH crées en 1996. Criminelle dans leur moyen : ces fermetures sont liées au dépouillement progressif en matériel et en personnel de ces Hôpitaux, laissés néanmoins ouvert à moitié pendant 10 ans.
Criminelle dans l’objectif : ces fermetures aboutissent à majorer de façon signaificative le temps d’accès aux soins du tiers de la population française, vivant dans les villes de moins de 20 000 habitants.

Mon "arme" est individuelle : c’est le dépôt d’une plainte pénale, pour "mise en danger" des patients par dépouillement progressif d’un Hôpital accueillant les urgences et harcèlement de son personnel.
Mes adversaires sont au final, les entreprises privées qui mettent en place ce plan "Hôpital 2007, puis 2022), en particulier les assurances, et parmi elles : AXA.
Sans détailler les préripéties de cette plainte, j’ai en effet réussi à y "mettre en cause" un ancien directeur de cette entreprise, par ailleurs Conseiller d’Etat.
Au travers de ce dossier, il est intéressant de voir, comment une réforme totalement ANTI-consitutionnelle, ANTI-sociale, ANTI-médicale et ILLEGALE, comme le "plan Hôpital 2012" peut néanmoins continuer à être implémentée sans relâche, par la "marionnette présidentielle" d’un CHIRAC remplacé par SARKOZY, parce que tout a été fait pour tenter d’enterrer ma plainte, ou de m’y faire renoncer : la corruption dans l’administration de la santé, précède celle des politiques, elle-même appuyée sur celle de certains juges.
Ce dossier médical au départ, est devenu administratif, juridique puis enfin politique : il est très bien ficelé du double point de vue médical et juridique. C’est donc un mélange détonnant d’OUTREAU et du "sang contaminé", soigneusement NON médiatisé et actuellement ... NON jugé.

C’est néanmoins un dosier gagnant qui permettra d’infléchir la politique des ARH devenues ARS, en faveur du maintien et de l’équipement des structures médicales de proximité.
La lutte a été "dure" et n’est pas finie.
Mais le "déni de justice" n’existant pas dans une Démocratie, j’espère obtenir bientôt un jugement en faveur non seulement de l’Hôpital d’où j’ai rédigé cette plainte, mais un jugement qui fasse jurisprudence, et me rende apte à conseiller ceux qui de façon individuelle(indépendammment des partis politiques, des associations ou des syndicats), veulent se lancer dans la défense de leur emploi et de leurs valeurs.

Avec optimisme et très cordialement.

dimanche 8 juin 2008 à 13h40

Cet article est particulièrement interressant, avec une analyse rationnelle que l’on ne fait jamais en France.
Et la seule réponse nous rebalancer le vieux point de vue : y’a qu’a faire payer plus les riches/capitalistes/actionnaires/patrons (choisissez vous même ça marche à tous les coups).
Et en plus y’a un complot de l’état pour nous voler.

On a dit la gauche CACTUS ! pas la gauche BLETTE.

mardi 3 juin 2008 à 10h12

Cet article pose le principe que notre système d’assurance maladie serait l’un des plus mauvais en Europe. La situation de l’Angleterre, de l’Italie serait-elle vraiment meilleure, j’en doute réellement.

L’une des grandes différences réside dans son mode de financement appelé salaire différé ou socialisé. Dans la plupart des pays le financement trouve sa source dans la fiscalité majoritairement indirecte (TVA, taxes,..) et particulièrement injuste.
Le déficit de la Sécurité sociale est assez largement organisé par le pouvoir en place pour justifier son entreprise de destruction du système de santé (forfait hospitalier, déremboursement, franchises médicales,..).

Les politiques successives d’exonérations de cotisations sociales pour les entreprises creusent les déficits sociaux. Il est en outre inacceptable que les revenus financiers dans les montants ne cessent de croître et qui causent tant de dégâts économiques et sociaux ne soient pas mis à contribution pour financer notre système d’assurance maladie. Nous pourrions ainsi résorber les déficits actuels.

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