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TRIBUNE LIBRE : COMMUNISME ? IL FAUT PENSER NOUVEAU !

Par Michel Peyret
jeudi 22 mai 2008
par  Michel Peyret
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Aujourd’hui, nous sommes dans la société capitaliste et je milite pour changer de société, pour une société nouvelle, j’ai même parlé de nouvelle civilisation, que j’appelle, après d’autres, "communisme". Pour moi, le communisme, s’il fallait le résumer en quelques mots, ce serait : "A chacun selon ses besoins ». Je n’invente toujours rien. Mais, ça c’est fondamentalement nouveau, c’est, et certainement pour la première fois, l’humanisme.

Quand on voit l’état du monde, et ce qui se prépare si l’on laisse aller le capitalisme, il y a beaucoup à faire. Mais faire quoi ? Surtout si l’on ne veut pas faire dans le ravaudage. Peut-être et avant tout le pouvoir du peuple, le pouvoir au peuple. Tu as raison, cela n’apparaît pas nouveau, on en parle beaucoup, mais dis-moi : quand et où le peuple a eu véritablement le pouvoir ? A mon avis : jamais, nulle part. Si donc le concept n’est pas nouveau, ce qui serait nouveau c’est que cela devienne la réalité. Alors oui, il faut faire marcher sa tête. Le principal défaut du nouveau, c’est qu’il n’a jamais existé. Il faut donc l’inventer. Inventer ? Le peuple, inventer ? Le peuple souverain et inventeur ?

Mais peut-être pour trouver la solution faut-il poser les termes du problème. Et qui pose la question ? La question est peut-être cette question-là. En réalité, je pense que tout le monde, tout le monde qui souffre et aspire à autre chose, a sa petite idée. Même ceux qui disent : on a tout essayé, il n’y a plus rien à faire. C’est peut-être là qu’il faut montrer qu’il y a toujours quelque chose à faire, et surtout faire vivre l’espoir, donner une perspective. Chacun a sa petite idée, mais, ensemble, ne peut-on avoir de grandes idées, de grandes idées qui reprennent et généralisent toutes les petites idées, les rassemblent pour en faire un tout cohérent, une autre réalité, une autre société quoi !

Et s’il y a des révoltes, et même des révolutions, de vastes groupes de personnes qui se mettent en mouvement, c’est qu’ils partagent quelques idées qu’ils ont inventées. Spartacus, c’était quoi ? Un superman ? Sans doute a-t-il contribué à faire ce que nous appellerions des synthèses, la somme de toutes les idées de ses compagnons esclaves, la somme de toutes les colères, de toutes les révoltes contre le ou les responsables de leur situation d’esclaves. Et les serfs du Moyen Age ? N’ont-ils pas trouvé dans le château qu’ils assiègent le responsable de leur situation de serfs et de la misère associée à cette situation ? Et le peuple de Paris n’a-t-il pas su trouver le chemin de Versailles pour ramener avec lui "le boulanger, la boulangère et le petit mitron" dont ils devaient bien penser qu’ils étaient pour quelque chose dans leur situation ? Et ces responsables successifs, le maître des esclaves, le seigneur des serfs, le roi de France, ils avaient bien le pouvoir. Et de qui ou de quoi tenaient-ils ce pouvoir ? De leurs pairs et tout simplement de ce qu’ils étaient avant tout propriétaires, ou bien leur autorité provenait de l’ensemble des propriétaires. Et en tant que propriétaires, ils avaient le pouvoir et la richesse, l’un n’allant pas sans l’autre. Et il était facile de comprendre qu’ils avaient la richesse et le pouvoir parce que eux, les miséreux, ils n’avaient ni richesse ni pouvoir parce que l’autre leur prenait tout et qu’ils ne pouvaient y trouver à redire. Cependant, au sein de la société féodale, d’autres propriétaires sont apparus, leurs propriétés n’étaient plus ni terres ni châteaux mais des ateliers, puis des fabriques, puis des manufactures, puis des usines... Ils avaient déjà la propriété, ils tenaient leur richesse du travail de leurs ouvriers mais ils n’avaient pas encore le pouvoir et ils enrageaient de ne pas l’avoir parce que les vieilles lois et règlements, ceux des corporations par exemple, les empêchaient de développer pleinement leurs moyens de production dont ils auraient pu disposer. Alors, ils ont fait la révolution pour s’attribuer le pouvoir que les féodaux ne voulaient pas partager. Je veux dire par là que le capitalisme, des éléments de capitalisme, existaient avant que les capitalistes s’adjugent le pouvoir pour avoir la possibilité de pousser plus loin le capitalisme lui-même.

Ainsi, la Révolution n’a pas été le point de départ du capitalisme, mais le moyen nécessaire pour qu’il impose sa domination sur l’ensemble de la société et ne trouve plus d’entraves à son développement. Quelques décennies plus tard, Marx théorisait tout cela. Il montrait notamment, et entre autres, que ceux qui possédaient le capital n’étaient pas ceux qui créaient les richesses. Ceux qui créaient les richesses étaient ceux qui vendaient non point leur travail mais leur force de travail. Et cette force de travail que le capitaliste achetait avait cette caractéristique de créer une valeur supérieure à celle qui était nécessaire à sa reproduction. Cette valeur supérieure était, et est toujours, ce que Marx appelait la plus value, que l’on nomme aujourd’hui la valeur ajoutée avec quelque approximation. En achetant la force de travail, le capitaliste fait une bonne affaire : non seulement il achète et s’approprie le travail, mais en même temps il s’approprie aussi ce qu’il ne paie pas, cette plus-value que produit le travailleur, qui en est donc dépossédé. C’est pourquoi lorsque le capitaliste vend la marchandise qui a été fabriquée par le travailleur, il obtient une somme supérieure à l’investissement qu’il a dû mettre en oeuvre pour l’achat des machines et de la force de travail. Il s’approprie ainsi ce qui ne lui appartient pas, ce qu’il n’a pas payé, cette fameuse plus-value. C’est en ce sens que Proudhon dit : "La propriété c’est le vol !"

Marx montre aussi que pour en finir avec cette spoliation perpétuelle qui est la source, par son accumulation, de la formation et de l’accroissement du capital, il faut enlever la propriété aux capitalistes et la donner aux travailleurs, à la société. Ou plutôt ce sont les travailleurs qui doivent se réapproprier ce dont ils ont été spoliés. Et cela aussi c’est nouveau, cela n’a jamais été fait encore, qu’il s’agisse des nationalisations à la française (l’Etat-patron) ou des collectivisations à l’Est où c’est le Parti-Etat qui régentait tout. En parlant aujourd’hui d’ « appropriation sociale", il s’agit d’expliquer qu’effectivement cela n’a jamais été fait nulle part. Il ne s’agit plus de dépoussiérer mais bel et bien d’innover. Là encore ! Et c’est cette appropriation sociale qui permet pour la première fois le pouvoir du peuple, et c’est aussi une innovation en ce que, pour la première fois, l’ensemble des travailleurs peut disposer des richesses nouvelles qu’ils créent en mettant en oeuvre leur force de travail . Cette possibilité nouvelle est décisive en ce qu’elle leur permet de décider, ou non, de sortir de la marchandisation capitaliste, du marché capitaliste (et même du salariat capitaliste), ce que je dis par ailleurs.

C’est pourquoi ils peuvent décider ou non de créer des gratuités, ce qu’ils produisent leur appartient, dans une autre conception et selon d’autres valeurs que dans l’échange marchand. Dans cette conception, l’homme cesse d’être un loup pour l’homme et, au lieu de la concurrence effrénée, la vie peut s’organiser selon d’autres valeurs où certainement la dignité de chacun aura toute sa place. Et j’ai parlé plus haut d’humanisme parce que cette appropriation sociale, ce peut être la sortie des dominations, des exploitations, des aliénations, l’abolition de tout ce qui empêche les êtres humains d’être des êtres humains. J’y reviens : à chacun selon ses besoins pour le libre développement de tous. Et c’est possible aussi dès aujourd’hui parce qu’avec les moyens de productions dont nous disposons, avec la productivité qui est déjà la nôtre, il est possible de créer l’abondance des biens, des marchandises, des services qui seront nécessaires à l’ensemble de la société. Je n’ai pris là que quelques exemples restreints, il faudrait aborder d’autres sujets, je sais ne pas si je "pedasse" ou pas mais je n’ai pas l’impression d’enfoncer des portes ouvertes.


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