BOUM-BOUM SUR : ALAIN FINKIELKRAUT
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Voila une paye qu’on avait envie de se le farcir, celui-là. On se retenait, moitié par paresse, moitié parce qu’on se disait qu’il n’était guère utile de tirer sur des ambulances. Mais une ambulance qui bénéficie d’une émission de radio régulière, qui parsème avec assiduité la presse de ses écrits, ce n’est pas tout à fait une ambulance, non ?
Epinglons donc sur un des derniers articles du « philosophe » Finkielkraut, paru voici quelques temps dans Le Monde, suite à la palme d’or récoltée au Festival de Cannes par Entre les murs. François Bégaudeau, auteur du livre éponyme, scénariste du film, et acteur dedans, prof de français dans le civil, en prend pour plus que son grade. Motif : le Bégaudeau, il a pris la grosse tête (Finkielkraut, lui , jamais ?) et, surtout, il poursuivrait de sa vindicte les enseignants amoureux de « grands textes », ceux que Finkielkraut, mais pas seulement lui, il faut le reconnaître, classe comme « grands », du haut, sans doute de sa qualité de « philosophe » (c’est ainsi qu’il se sous-titre dans l’article en question, comme si un prof de philo, à partir du moment où il cause dans le poste, devenait automatiquement philosophe : quelle est l’œuvre « philosophique » de Finkielkraut ? Mais ne nous emballons pas, et prenons cette prétention avec philosophie).
Bien entendu, comme tous les polémistes à l’emporte pièce, Finkielkraut ne néglige aucune figure de rhétorique tels des amalgames douteux (Bégaudeau aurait ainsi « à ses pieds le président de la République, la ministre de la culture et celui de l’éducation nationale ». A notre connaissance, ces trois-là n’ont poussé que des cocoricos idiots, se félicitant que la palme d’or revienne à la France sans se risquer à apprécier le film), oppositions ridicules (si on aime Entre les murs, il serait interdit d’aimer aussi E la nave va et d’autres titres cités par Finkielkraut). D’autant plus ridicules que l’auteur avoue (naïvement) n’avoir pas vu le film, et ne pas s’il a lu le livre. Ce « philosophe » s’abreuve donc intellectuellement prioritairement auprès de la presse.
Dans sa conclusion, Finkielkraut dévoile le fond de sa pensée, que l’on ne connaît que trop : rien ne doit bouger, l’art n’a pas à être contestataire, lisons et relisons les « grands textes », hors cela, pas de salut. Rhétorique un brin sarkozyienne au demeurant : vous êtes bien d’accord avec moi : Proust est un grand écrivain, Mozart un grand musicien, Velasquez un grand peintre. Donc les autres, ceux d’aujourd’hui notamment, leur sont inférieurs, donc revenons aux maîtres, et, notamment toujours, à ceux que je vous désigne comme maîtres. Au moins Finkielkraut est-il cohérent : nous nous souvenons encore d’un de ses ouvrages où il vitupérait les musiques « inférieures », le jazz notamment. Que l’art puise venir du peuple lui est insupportable. Les grandes oeuvres, mon bonhomme, il y en a bien sur, mais plus on en cherche, plus on en trouve. La culture rassie a son vigilant gardien : il se nomme Alain Finkielkraut.
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